Chronique de François Simon : Les Arlots, cuisine au clairon

CHRONIQUE CHAUD DEVANT - François Simon a testé le restaurant Les Arlots à Paris, une basserie chaleureuse et intimiste proposant des plats classiques gastronomiques."
(Crédits : © Les Arlots)

Les Parisiens devraient être fiers d'avoir ce genre de petit bistrot. Il est perché dans une rue montante. Sa devanture ne dit rien qui vaille. À la limite, on irait à côté (même maison), là où il y a plus de lumière et de monde. Pourtant, dans ce tout petit restaurant où les tables se serrent, ou l'on rentre le ventre pour gagner sa chaise, se déroule une cuisine impeccable, exemplaire. Pourquoi ? Alors que bien souvent les tables multiplient les arabesques, les couleurs, les épices par peur de déplaire, ici, on a décidé de monter au front la fleur au fusil. L'accueil, le service juvénile est dans cette candeur adorable des débuts, un naturel communicatif. Ici, la carte des vins est étalée sur les étagères du mur avec force arguments par Tristan Renoux. Et dans l'assiette ? Une sorte d'ode à la cuisine robuste mais tellement claire dans ses contours, comme un dessin au fusain, à l'instar de cet onglet maturé. Sa sauce à base de vin rouge, d'échalotes, de jus de porc est un modèle du genre. Elle est profonde, brillante, subtile, faisant même converser les tables entre elles sur des commentaires emballés.

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Le reste est du même métal, notamment un parmentier de joue de bœuf épatant de douceur. Il est accompagné d'une vraie salade de cresson apportant le contrepoint d'une mâche vive, drue (nous sommes en hiver) et d'attaque. Là où souvent les restaurants bâclent cet exercice simplet, le chef met tout son cœur, cisèle les échalotes, ajuste l'assaisonnement et sert un véritable bonheur de poche. Pourquoi, alors, ce genre d'adresse fait-il régulièrement le plein ? Sans doute parce qu'il y a là un chant venu de loin et sortant clair, déluré, distinct, émis par le chef Thomas Brachet. La cuisine est souvent un chant a cappella, dépouillé de tout, émis presque torse nu. Et pas toujours en lavallière, avec grand orchestre et cymbales. Les tablées sont gagnées par cette générosité bonhomme, rayonnent d'entre-soi, sortent parfois taper une clope, reviennent histoire de vérifier que tout est si bien sur le carrelage en cassons.

Les Arlots

136, rue du Faubourg-Poissonnière (Paris 10e). Tél. : 01 42 82 92 01. Comptez environ 45 euros.

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