Chronique de François Simon : Popeyes, ou l'art de vivre en communauté

CHRONIQUE CHAUD DEVANT - François Simon a testé la chaîne de fast-food Popeyes dans une « ambiance décontractée ».
Un restaurant de la chaîne de fast-food Popeyes.
Un restaurant de la chaîne de fast-food Popeyes. (Crédits : © Alain Apaydin/ABACAPRESS.COM)

Cela ne sert à rien de se lamenter, de pleurnicher sur la langue de bœuf qui se ravale, le pot-au-feu qui s'éteint, la gastronomie est devenue comme notre époque : hybride et maboule. Sacrilège maintenant banalisé, même la fast food fait partie des meubles ; pas la table de nuit, mais presque. On parle même de food porn pour ceux qui n'ont pas bien compris. Les nourritures deviennent transversales. On appelle cela une globalisation de l'esthétique. En croquant dans un hamburger, vous entrez dans une bulle culturelle et vous envoyez balader les référents de vos parents. C'est un peu la revenge food, celle d'une communauté qui se venge ainsi de l'ordre gastronomique établi. Pour être clair : « Je croque dedans et je vous emm... » Voilà pourquoi il y a du monde au tout nouveau Popeyes de la place de la République à Paris, ainsi qu'à ceux d'Agen, Brest et Lyon. Cette chaîne de restaurants veut donc ouvrir 300 adresses en France avec comme argument choc son poulet frit de Louisiane et ses frites « tellement douces, tellement spicy ». Voyons voir. Vers midi quinze, le restaurant est presque calme. Surprise, pas de musique, pas de cuisine en vue, seul un guichet façon boutique Orange et des écrans de commande. Atmosphère étrange style avion retardé en aéroport, et pour cause : chacun attend sa commande. En dix minutes, la voici. Ce qui va concurrencer Five Guys, Burger King, McDonald's, KFC a une bonne tête bien dorée dont la première attaque est un brin confuse : d'abord le petit pain brioché doux comme le sein maternel est quelque peu collant, chose que l'on rectifie avec la sauce moutardée un peu timide au demeurant. Les frites annoncées sont « tiédoches ».

De surcroît, dans la petite barquette elles ne remplissent pas l'habitacle, comme si quelqu'un nous en avait cravaté une pincée. Spicy certes, mais lointainement. On repassera pour le sundae que l'on dit généreux mais qui fait le job avec son côté vulgaire de « sursucré », le mauvais genre qui nous fait craquer comme le McFlurry de chez McDo.

Au final, cela reste joyeux car nous retrouvons une ambiance décontractée, fût-elle celle d'un déjeuner à moins de dix balles, où l'on rigole de l'anodin. Cela s'appelle une communauté.

popeyesfrance.fr

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Commentaire 1
à écrit le 03/12/2023 à 9:44
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En effet de plus en plus de restaurants proposent un burger à leur menu c'est incontournable. Ensuite autrefois le travail nous laissé deux heures pour manger au restaurant à un prix ridicule, de nos jours il faut manger en une demie heure en dépensa...

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