Disparition de Richard Serra, homme-monument de l’art

L'artiste américain, dont les sculptures en acier rouillé s'élèvent partout dans le monde, est décédé mardi 26 mars à l'âge de 85 ans.
En 2008, l’artiste américain, invité de « Monumenta » sous la nef du Grand Palais, érigeait une installation inédite, « Promenade ».
En 2008, l’artiste américain, invité de « Monumenta » sous la nef du Grand Palais, érigeait une installation inédite, « Promenade ». (Crédits : © LTD / Agathe Poupeney / Divergence)

Ses sculptures en acier rouillé, tout aussi monumentales que lui, se dressent vers le ciel partout dans le monde. On dit qu'elles sont si hautes qu'elles viennent titiller les pieds des dieux. Les œuvres sont puissantes par leurs formes gigantesques. Elles fascinent aussi parce qu'elles perturbent les lieux où elles sont érigées. En 1999 à Bilbao, ses œuvres, sortes d'immenses lamelles arrondies, de labyrinthes en acier semblaient posées là, comme tombées du ciel. Leur incongruité a dérangé, avant de séduire.

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À Paris en 2008, en plein cœur du Grand Palais, elles griffaient la verrière transparente du monument comme si elles voulaient atteindre l'au-delà. Dans le désert du Qatar, elles surgissent, rectangulaires, des dunes arrondies. Elles sont un choc visuel et sont d'immenses points d'interrogation. Que font-elles là ? Que racontent-elles ? Serra, disparu mardi à l'âge de 85 ans, n'expliquait pas. Elles sont là. Point.

Les sculptures de Serra aimantent le passant, l'impressionnent

Les sculptures de Serra aimantent le passant, l'impressionnent, l'hypnotisent d'abord, puis le déstabilisent. Après la sidération et l'émerveillement viennent vite la réflexion, le silence. La pureté, la simplicité apparente, la puissance des œuvres de Serra troublent au point que certains sont absorbés par leur force spirituelle et restent des heures devant elles. Dans tous les cas, les sculptures de Richard Serra sont davantage que des sculptures. « Quand on voit mes pièces, on ne retient pas un objet. On retient une expérience, un passage », disait-il en 2004.

Serra, né en 1938 dans les chantiers navals de San Francisco où travaillait son père, est un précurseur, un maître, un artiste. C'est là qu'il découvre la force, le pouvoir de l'acier. Le déclic fondamental eut lieu en France où il découvre le travail de Brancusi, né lui en 1876. Lui aussi est un maître, le maître né deux générations avant Serra. Brancusi s'intéresse aux formes, à leur pureté, à leur quintessence. Brancusi le premier minimaliste va mettre au monde le dernier minimaliste légendaire : Richard Serra.

Expo Brancusi : Centre Pompidou, Paris, jusqu'au 1er juillet.

Expo Richard Serra : Galerie Lelong, Paris, jusqu'au 30 avril.

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