Environnement : opération rivières propres

Les ramassages citoyens ne concernent pas que le littoral… Fleuves, lacs et rivières sont aussi l’objet de collectes de détritus.
Des collègiens de Périgueux (Dordogne) en pleine battue de rivière.
Des collègiens de Périgueux (Dordogne) en pleine battue de rivière. (Crédits : © ROMAIN LONGIERAS/HANS LUCAS)

C'est dingue, tout ce que l'on peut accumuler sur si peu de mètres carrés ! » s'exclame Nolwenn, 41 ans, au retour d'une collecte avec sa classe de CM2 au bord de la Creuse, sur la commune du Blanc (Indre). Habituée des opérations de nettoyage sur la plage du Havre (Seine-Maritime), sa ville d'origine, l'institutrice a retrouvé en rivière les mêmes détritus que sur son littoral : paquets de chips, emballages de sandwich, cartons à pizza, canettes de soda et bouteilles de bière, mégots de cigarette... Munis de gants et de sacs poubelles, ses élèves ont arpenté les berges de la rivière à l'appel du Syndicat mixte de collecte et traitement des ordures ménagères (Symctom).« Malheureusement, la pêche a été bonne, rapporte Damien Deschamps, son responsable prévention.

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Avec l'aide des pêcheurs du coin qui nous ont suivis en barque, on a ramassé 2 tonnes de déchets en cinq jours. » Le syndicat organise aussi cinq fois par an des « balades écocitoyennes » avec des ânes bâtés pour renforcer le côté ludique de ces expéditions. « On démarre avec des moues, mais on termine toujours avec des sourires », relève l'encadrant. « Les enfants étaient scandalisés par ce qu'ils voyaient, souligne de son côté leur professeure. Finalement, l'objectif est plus de susciter, à travers eux, une prise de conscience chez les adultes. »

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 80 % des déchets retrouvés en mer viennent des terres, 60 % du plastique issu des emballages en France se retrouve dans les cours d'eau et dans la nature. Chaque année, 10 à 12 millions de tonnes de déchets sont déversés dans les océans, « soit 206 kilos par seconde ! » alerte Camille Fraysse de la fondation Surfrider, qui organise depuis vingt-neuf ans des collectes sur le littoral et dans les terres à travers son programme Initiatives Océanes. « La santé des océans, c'est la santé des fleuves », martèle de son côté l'académicien Erik Orsenna, qui a cofondé l'association Initiatives pour l'avenir des grands fleuves (IAGF). Avec la fondation Tara Océan, ils ont établi en 2020 une charte intitulée « Fleuve sans plastique » visant à réduire la pollution plastique des cours d'eau à l'échelle locale. Au total, 150 maires se sont engagés à mettre en œuvre ses 15 mesures, comme améliorer leur système de tri ou mieux maîtriser la filière eau.

Chaque année, 10 à 12 millions de tonnes de déchets sont déversés dans les océans, soit 206 kilos par seconde

En plus des conséquences désastreuses de la présence des microplastiques dans la chaîne alimentaire ou de la pollution chimique engendrée par une pile jetée sur le bas-côté (9 mètres cubes de terre polluée), ce sont les dépôts sauvages qui inquiètent les participants aux battues citoyennes. Mobilier de jardin, jouets d'enfant et pneus de voiture sont régulièrement retrouvés sur les abords des cours d'eau ou au fond de leur lit. « On voit régulièrement des pêcheurs à l'aimant remonter des trottinettes électriques et des vélos du fond du canal », observe Cédric Vergez, président de l'association Kanalien, qui réunit chaque mois depuis le début de l'année une trentaine de bénévoles sur les canaux de l'Ourcq et de Saint-Martin, à Paris. Depuis la sortie scolaire sur la Creuse, les déchèteries du Blanc acceptent quant à elles de reprendre les pneus usagés, ce qui n'était pas le cas avant.

Au-delà du ramassage traditionnel, la start-up H2ope, implantée dans le Bas-Rhin, a mis au point en 2019 avec un industriel français la River Whale, un collecteur flottant inspiré de la baleine et de ses fanons. Cette cuve en plastique polyéthylène capte les déchets flottants et semi-immergés sur une largeur de 2 à 5,50 mètres et jusqu'à 70 centimètres de profondeur. Le dispositif est déployé aux endroits où les objets sont susceptibles de s'accumuler. Ils sont ensuite triés et recyclés. Si ces robots - qui n'ont pas encore été mis en œuvre en France mais seulement testés en Allemagne - ont l'avantage de fonctionner en continu, « il faut mettre des moyens humains pour les suivre, ne serait-ce que pour s'assurer qu'ils ne deviennent pas des pièges pour les espèces autochtones comme les tortues et les amphibiens », nuance Damien Deschamps du Symctom.

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Commentaire 1
à écrit le 26/11/2023 à 11:20
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Donc pendant que les privés se font du fric sur la pollution de nos rivières, industries classiques et également touristique, quand je vois cette autoroute à canoés qu'est devenue la Dordogne l'été je pleure, canoés en plastique que l'on traine sur l...

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