L’entreprise titanesque du nettoyage des océans et des rivières

Récupérer, recycler et valoriser le plastique. C’est le défi que tentent de relever des ONG, des associations et des start-up.
Giulietta Gamberini
(Crédits : DR)

Pourquoi ne pas tenter de nettoyer les océans de la pollution plastique ? À moins de 20 ans, le Néerlandais Boyat Slat se posait déjà la question. Quelques années plus tard, son ONG, The Ocean Cleanup, a mis au point deux prototypes : un bateau équipé d'une barrière pour bloquer l'avancée des déchets dans les cours d'eau, et un entonnoir flottant capable de collecter des ordures dans le « septième continent », le vortex de plastique du Pacifique Nord.

Il n'est pas le seul à avoir relevé le défi. L'engin flottant de 300 mètres de long, baptisé Holy Turtle (tortue sacrée), conçu par SodaStream, un fabricant de machines à soda, a nettoyé en 2018 une partie de la mer des Caraïbes. En France, la start-up H2OPE a mis au point des collecteurs artificiels, appelés River Whales (baleines des rivières), qui peuvent être disposés sur des points stratégiques des cours d'eau. Et l'école d'ingénieurs Estaca travaille sur le projet Green Turtle (tortue verte) : la fabrication d'un robot immergé et « bio-inspiré », pouvant avaler jusqu'à 50 litres de déchets à la surface comme sous l'eau.

La valorisation du plastique ainsi collecté fait, elle aussi, l'objet d'expérimentations. Des bouteilles de shampooing Head  &  Shoulders aux chaussures Adidas, en passant par les emballages d'ordinateurs portables Dell, des millions d'objets fabriqués à partir de « plastique des plages » ont été commercialisés.

Des résultats encore très modestes

 Une association française, Earthwake, mise sur sa transformation en carburant grâce à Chrysalis, un appareil mobile et peu coûteux. Et la fondation Race for Water a mis au point avec la société Etia une machine qui convertit ce plastique en énergie. L'expédition Plastic Odyssey, qui sillonnera pendant trois ans les mers du monde afin d'encourager les initiatives locales de tri et de recyclage, avancera grâce à un carburant fabriqué à base de déchets en plastique.

Pour l'instant, les résultats paraissent toutefois lilliputiens face à la mission, titanesque. 22.000 tonnes de plastiques sont déversées dans les mers chaque jour, selon la revue américaine Science. Or, la péniche de The Ocean Cleanup pourra en collecter 50 tonnes, et Chrysalis pourra en transformer 50kg... Sans compter que des sacs plastique ont été retrouvés jusqu'à 11.000 mètres de profondeur, au fond de la fosse des Mariannes, au nord-ouest de l'océan Pacifique. Et que les microplastiques, dont l'omniprésence est de plus en plus avérée, passent quasiment toujours entre les mailles du filet...

« Il ne faut pas croire que la solution serait d'éponger la fuite alors que le robinet n'est pas fermé. L'urgence est à terre, à la source de la pollution », reconnaît la fondation Tara Océan. Les initiatives de nettoyage des mers servent néanmoins à mieux comprendre les origines des plastiques et leurs effets sur la biodiversité marine, et ainsi à mieux orienter l'action des pouvoirs publics, souligne la fondation. Et en montrant au public l'ampleur des dégâts, elles ont énormément contribué au sursaut contre le plastique.

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 13/02/2020 à 8:56
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Vous imaginez tout ce que pourrait notre pays en la matière avec le premier espace maritime du monde ? En le couplant avec des éoliennes offshores et marée motrice ? La non ambition de nos dirigeants politique est à pleurer, tout pour le blé, rie...

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