Les bonnes affaires de Tony Parker

L’ex-star de la NBA est l’exemple d’une reconversion réussie. Portrait d’un businessman à succès qui rejoint le jury de « Qui veut être mon associé ? » sur M6.
Tony Parker, sur le plateau de « Qui veut être mon associé ? », l’émission de M6.
Tony Parker, sur le plateau de « Qui veut être mon associé ? », l’émission de M6. (Crédits : © PIERRE OLIVIER/M6)

La scène remonte à 2006 et nous est contée par le légendaire Magic Johnson. À l'époque, l'ancien meneur des Lakers de Los Angeles est à la « retraite » depuis une dizaine d'années. Mais notre homme n'est pas du genre à se la couler douce, bien au contraire ! Son nouveau terrain de jeu : les affaires, où il affiche une insolente réussite. Immobilier, salles de cinéma ou encore restauration - il possède une centaine de franchises Starbucks -, tout ce qu'il touche se transforme en dollars. Un matin, une étoile montante du basketball franchit la porte de son vaste bureau. « C'était Tony Parker, il avait seulement 24 ans, se remémore Magic Johnson. Il souhaitait me rencontrer pour avoir des conseils et évoquer l'après-basket. J'ai tout de suite senti qu'il réussirait dans le monde des affaires une fois sa carrière terminée. » Tony Parker se souvient lui aussi de ce rendez-vous comme si c'était hier. « Très jeune, j'ai pris conscience que mon activité sportive ne serait pas éternelle et qu'il fallait préparer l'avenir, rembobine l'ancien numéro 9 des Spurs de San Antonio, milk-shake à la main dans le salon d'un hôtel particulier parisien. 60 % des joueurs de NBA ont perdu tout leur argent cinq ans après la retraite. En parallèle de mes entraînements, j'ai donc commencé à me former, à étudier la finance et à solliciter des rendez-vous avec des personnalités comme Magic Johnson, qui est pour moi un exemple de reconversion. Il m'a dit ce jour-là : "C'est maintenant qu'il faut créer ton réseau, car on t'oubliera quand tu seras à la retraite." » Dix-sept ans plus tard, Tony Parker a suivi ces conseils à la lettre et marche sur les traces de son idole. À la tête d'Infinity Nine Group - un nom en guise de clin d'œil au numéro qu'il arborait sur son maillot -, il emploie en France 300 personnes dans une dizaine de filiales structurées autour de trois piliers : le sport, l'art de vivre et l'éducation. « Je suis incroyablement fier de sa réussite, l'adoube Magic Johnson. Il la doit à sa compétitivité et à sa ténacité, deux qualités dont il faisait déjà preuve sur les parquets. »

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Le profil de ce serial entrepreneur a d'ailleurs tapé dans l'œil des producteurs de Qui veut être mon associé ?, émission à succès diffusée sur M6. Il a été recruté pour la quatrième saison, qui débutera mercredi à 21 h 10. Les téléspectateurs y verront Tony Parker jouer les business angels face à des entrepreneurs venus « pitcher » leur projet. « Lors du tournage, j'ai été impressionné par sa maturité », confie Éric Larchevêque, présent depuis la première saison. Autre pilier du programme, le fondateur de Meetic, Marc Simoncini, insiste quant à lui sur le « flair » de son nouveau cojuré.

C'est en 2014, cinq ans avant de raccrocher les baskets, que TP - comme on le surnomme - est entré dans la partie entrepreneuriale. Par la voie la plus naturelle : celle du sport. Cette année-là, il rachète l'Asvel Lyon-Villeurbanne, une équipe qui figure parmi les meilleures de l'Hexagone et dont il devient président. « Posséder un club était un rêve de gosse pour lui, confie son ami d'enfance et associé Gaëtan Müller. Mais quand on était ados, on s'imaginait jouer dans un petit gymnase et pas comme aujourd'hui à la LDLC Arena, qui contient 12 000 places ! C'est dingue. » Rien ne semble désormais pouvoir arrêter les quadragénaires, qui envisagent même de racheter à l'Olympique lyonnais cette salle flambant neuve dont le coût de construction s'est élevé à 141 millions d'euros.

Posséder un club était un rêve de gosse pour lui

Gaëtan Müller, associé et ami d'enfance

Des choix guidés par la passion

En 2019, les deux compères lancent également la Tony Parker Academy, un campus qui héberge de jeunes espoirs du sport. « L'objectif principal est de leur offrir un emploi, insiste Tony Parker. Notre slogan, c'est "Come to our academy and get a job". Car on sait bien que 95 % des jeunes qui arrivent chez nous ne deviendront pas des sportifs professionnels. » Plus de 150 jeunes fréquentent chaque année cet établissement qui propose même un cursus en partenariat avec la prestigieuse université Paris-Dauphine. En 2025, une autre académie à la sauce Parker verra le jour à Saint-Ouen, en région parisienne. « Elle jouera un rôle d'incubateur pour les start-up locales. Le but sera notamment d'aider les jeunes des quartiers défavorisés, ça me tient vraiment à cœur ! J'aimerais reproduire à ma petite échelle ce que fait Xavier Niel avec Station F [le plus grand campus de start-up au monde, situé à Paris]. » Il y a un an, Tony Parker s'est d'ailleurs rendu sur place pour échanger avec le patron-fondateur de Free. Pour là encore recueillir de précieux conseils ! (« Je suis une éponge », nous répétera-t-il à trois reprises au cours de l'entretien). Cette rencontre, Xavier Niel s'en souvient parfaitement. « On a parlé de son intérêt pour les entrepreneurs, nous glisse l'homme d'affaires. Entrepreneurs qui l'ont légitimement accueilli comme une star ! »

Discuter business avec Tony Parker, c'est également comprendre très rapidement que la « passion » guide la plupart de ses choix. Comme lorsqu'il rachète en 2021 le haras de Quétiéville, un domaine de 85 hectares situé à une trentaine de minutes de Deauville. « J'ai toujours adoré les chevaux et j'ai voulu lancer une activité d'élevage dans ce lieu magnifique », explique celui qui avait déjà craqué pour un ranch à l'époque où il habitait au Texas. En parallèle, il monte une écurie de chevaux de course et les premiers résultats ne se font pas attendre. En 2022, son pur-sang fétiche, Mangoustine, remporte même à l'hippodrome de Longchamp un Groupe 1, « l'équivalent de la NBA », savoure fièrement Tony Parker. Autre dada : le vin. L'ancien sportif multiplie les investissements dans ce secteur et s'est associé pour cela avec l'homme d'affaires Michel Reybier, qui figure chaque année dans le top 100 des plus grandes fortunes de France selon le magazine Capital. Tous deux sont propriétaires du Château La Mascaronne dans le Var, du Château Noël Saint-Laurent dans le Vaucluse, où est produit un côtes-du-rhône très apprécié des puristes, mais également de la maison de champagne Jeeper, dans la Marne.

Changement d'ambiance 600 kilomètres plus au sud, à Villard-de-Lans, en Isère, où ce touche-à-tout s'est offert en 2019... une station de ski ! Plus exactement la société qui gère sa vingtaine de remontées mécaniques. « Une activité très rentable », assure Tony Parker. Sur place, son dernier projet en date est la construction d'un grand complexe immobilier, dans lequel il va investir la bagatelle de 96 millions d'euros. Non sans être accusé par certains militants écologistes locaux d'abîmer cet écrin de nature niché au cœur du Vercors. « C'est faux, notre projet est respectueux de l'environnement local », répond Tony Parker, (légèrement) agacé pour la première fois depuis le début de l'interview. D'ailleurs, l'heure tourne, son milk-shake est terminé et il nous faudrait encore de longues heures pour explorer l'ensemble de ses activités : des investissements immobiliers aux États-Unis, un yacht qu'il loue à partir de 120 000 euros la semaine, une société de production audiovisuelle - avec un biopic sur sa vie en préparation - ou encore une participation dans Smart Good Things, une entreprise qui prône l'économie bienveillante.

Mais avant de se quitter, une question nous taraude : gagne-t-il autant d'argent qu'au cours de ses années NBA les plus fastes, lorsque ses revenus annuels étaient estimés à 15 millions de dollars ? « Non, mais c'est mon but ! En attendant, je gagne tout de même très bien ma vie », répond-il sans s'épancher davantage. Outre-Atlantique, la fortune de son « modèle » Magic Johnson vient pour sa part de dépasser le cap du milliard de dollars, selon un récent classement publié par le magazine Forbes. Un objectif assurément à portée d'investissements pour TP.

Tony Parker en 5 dates

1982

Naissance à Bruges (Belgique)

1999

Premier contrat professionnel avec le club Paris Basket Racing

2001-2018

Il joue pour les Spurs de San Antonio en NBA et devient le premier Français champion de NBA

2013

Champion d'Europe avec l'équipe de France

2019

Met un terme à sa carrière sportive

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