La Corée du Sud ne nous a pas envoyé que la K-pop pour faire danser nos ados, il y a aussi la « K-lit » : Le Grand Magasin des rêves, premier roman débordant d'inventivité et de fantaisie de l'écrivaine Lee Mi-ye, est un cas d'école. D'abord publié en ligne et ayant bénéficié d'un financement participatif, ce livre divertissant nous entraîne dans un supermarché qui vous propose de faire emplette d'un rêve comme on le ferait d'un roman. Ces Galeries Lafayette de nos nuits sont situées dans l'artère principale d'une ville accessible uniquement durant le sommeil. Dans les rues, les habitants voisinent avec des dormeurs en pyjama venus faire leurs achats. À ceux qui se couchent en tenue légère, des Noctylucas, créatures de fourrure mi-monstres, mi-doudous, prêtent robes de chambre et peignoirs. La clientèle est éclectique, de l'amoureux éconduit au lycéen endormi en cours en passant par les animaux ou les mourants souhaitant transmettre un message à leurs proches après leur décès. « Le sommeil et les rêves sont des virgules tracées par un dieu comme autant de pauses dans nos vies trépidantes », explique Penny, la nouvelle vendeuse, qui sera notre guide tout au long de la lecture.
Palpitation
Ancienne ingénieure de Samsung Electronics, Lee Mi-ye met en scène des technologies de pointe comme les balances à paupière pour prévoir l'afflux des clients. Le marché du rêve s'appuie sur le « Dream Pay System » : le dormeur paie en différé, en fonction de l'émotion qu'il ressent au réveil (palpitation, plaisir de la nouveauté, estime de soi...). Émotion qui arrive sous forme d'un liquide coloré s'échangeant à la banque selon son cours en Bourse. Le « Sentiment d'accomplissement » et la « Confiance » sont en hausse de 15 % tandis que l'« Impuissance » décroche ! Chaque année, les meilleurs auteurs sont couronnés à la faveur d'une cérémonie où sont décernés le grand prix, le prix du meilleur décor, celui du meilleur scénario, etc. Voilà posés les codes de l'univers fantastique d'une « Penny au supermarché des rêves » qui pourrait bien ringardiser un tantinet cette chère Alice au pays des merveilles.
Les « dark stores » sont bien des entrepôts, le Conseil d'Etat donne raison au gouvernement
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