Livre : « Qui après nous vivrez », hommage d'Hervé Le Corre aux « sœurs humaines »

Hervé Le Corre signe un très beau roman postapocalyptique dans lequel la lumière est à chercher du côté des femmes.
Anne-Laure Walter
Hervé Le Corre, auteur
Hervé Le Corre, auteur (Crédits : © ISABELLA DE MADDALENA/OPALE.PHOTO)

Qu'est-ce que vivre quand il ne reste presque rien de la civilisation ? Dans une très belle et très noire dystopie, Hervé Le Corre interroge les limites de notre humanité, « cette obstination à vivre, cette force animale qui fait qu'on se relève même éreinté, même en larmes, quand on voudrait rester couché avec les morts, cette persistance d'herbe folle germant après le feu ou brisant le macadam et les bétons pour la lumière ».

En 2051, il fait une chaleur étouffante, les pauvres sont parqués, les drones surveillent la ville et une pandémie décime la population. Deux jeunes parents couchent leur fille quand soudain le courant se coupe. Pour toujours. « Aujourd'hui, la nuit tombe sur le siècle », écrit Le Corre, qui tire les fils de nos maux actuels - dérèglement climatique, crise sanitaire, guerres et émeutes, montée des extrémismes. Ce récit postapocalyptique pourrait être celui de nos enfants et de leur descendance.

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Une jolie vaisselle et quelques bouteilles

Soixante-dix ans après le black-out, une mère et sa fille avec un père et son fils traversent un territoire dévasté. L'habile construction narrative alterne trois époques, racontées par quatre générations de mères et filles qui toutes ont dû fuir pour survivre.

« Tenir. Penser au lendemain en remettant le futur à plus tard », écrit Le Corre, qui parfois offre à ses protagonistes un répit, une maison figée dans le passé avec des chambres d'enfant décorées, du linge propre, une jolie vaisselle et quelques bouteilles. Des oasis où ces femmes s'autorisent à chanter la main posée sur l'épaule d'un guitariste, à danser, à peindre et à aimer.

Avec ce titre, Qui après nous vivrez, Le Corre conjugue au futur le vers de la Ballade des pendus : « Frères humains qui après nous vivez ». Il le transpose aussi au féminin pour cette épopée en hommage aux « sœurs humaines ». Car le peu de lumière vient des femmes. De ces guerrières qui chaque jour se relèvent, ont encore foi en la vie et transmettent leur humanité. À l'instar de Clara, la dernière descendante, qui reprend la route en tête du cortège, dans une nouvelle robe rouge, un fusil à la main.

Anne-Laure Walter

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