Nos critiques écrans de la semaine

« Franklin », de Kirk Ellis et Howard Korder, « Le mal n’existe pas », de Ryusuke Hamaguchi, « Madame Hofmann », de Sébastien Lifshitz, « Nous, les Leroy », de Florent Bernard : découvrez nos critiques écrans de la semaine.
Benjamin Franklin (Michael Douglas) et son petit-fils Temple (Noah Jupe) au château de Versailles.
Benjamin Franklin (Michael Douglas) et son petit-fils Temple (Noah Jupe) au château de Versailles. (Crédits : © LTD / Rémy Grandroques/Apple TV)

Le fabuleux destin de Benjamin Franklin (3⭐/4)

Décembre 1776. Un Américain de 70 ans débarque sur les côtes bretonnes pour une mission de la plus haute importance dans l'Hexagone. Son nom : Benjamin Franklin. LE Benjamin Franklin, celui que les découvertes dans le domaine de l'électricité ont rendu célèbre dans le monde entier. Mais cette fois-ci, il entend user d'un autre de ses talents - celui de négociateur - pour tenter de rallier la monarchie française à la cause de la révolution américaine. Un défi ambitieux pour cet homme certes brillant mais dépourvu de toute expérience diplomatique. Grâce à son ingéniosité et son flair, Benjamin Franklin parviendra à déjouer les pièges tendus par les espions et ennemis en tout genre. Et orchestrera l'alliance franco-américaine de 1778 et le traité de paix avec l'Angleterre en 1783, mettant fin à la guerre d'indépendance aux États-Unis. Cette épopée hors norme est au cœur de Franklin, série en huit épisodes disponible à partir du 12 avril sur la plateforme de streaming Apple TV+. Une fiction portée par Michael Douglas, majestueux dans le rôle-titre. « Benjamin Franklin est un personnage au destin incroyable, nous confie le comédien, également producteur exécutif de la série. Il a arrêté l'école à 10 ans, puis a eu mille vies : écrivain, éditeur, imprimeur, inventeur, etc. Il est devenu une véritable rock star. C'est la première fois que je tournais un film d'époque. Commencer en interprétant Benjamin Franklin à ce moment aussi crucial de sa vie était un immense défi pour moi. »

Il y a eu un travail de dingue sur les costumes, et notamment les perruques. On se croyait vraiment au XVIII e siècle

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Afin de se préparer au rôle, Michael Douglas s'est plongé dans de nombreuses lectures sur son parcours, à commencer par La Grande Improvisation - Benjamin Franklin, la France et la naissance des États-Unis, de Stacy Schiff. « C'est de ce livre que nous nous sommes inspirés pour raconter ses huit années françaises, poursuit l'acteur. J'ai également lu une biographie très instructive écrite par Walter Isaacson, qui m'a aidé à mieux cerner son caractère. J'avais besoin de comprendre vraiment ce personnage. Notamment sa relation avec son petit-fils Temple [joué par le comédien britannique Noah Jupe], qui l'a accompagné dans sa mission en France. Celui-ci s'est complètement fondu dans la cour du roi et est devenu proche de figures comme le marquis de La Fayette. » Pour porter à l'écran cet épisode de la vie de Benjamin Franklin, Michael Douglas et le réalisateur Tim Van Patten n'ont pas lésiné sur les moyens.

« Le tournage a duré sept mois, avec 80 acteurs et 5 000 figurants, glisse Michael Douglas. Il y a eu un travail de dingue sur les costumes, et notamment les perruques. On se croyait vraiment au XVIII e siècle. » Les lieux de tournage ont également été choisis avec minutie. « Il n'y a quasiment pas eu de scènes en studio. On a tourné en extérieur à Paris ainsi que dans une dizaine de châteaux situés en région parisienne dont celui de Versailles. Là-bas, on a joué dans des lieux chargés d'histoire comme la galerie des Glaces ou la chambre de Louis XVI. Nous tournions le lundi, jour de fermeture du château. J'en garde un souvenir incroyable. On a également tourné à Saint-Malo [Ille-et-Vilaine]. » Du côté du casting, plusieurs acteurs français de renom figurent au générique. Parmi eux : Thibault de Montalembert, qui revêt les habits du comte de Vergennes, ministre des Affaires étrangères de Louis XVI. Mais également Ludivine Sagnier dans le rôle d'Anne-Louise Brillon de Jouy, une compositrice qui fut proche de Benjamin Franklin, ou encore Jeanne Balibar. « J'ai pris beaucoup de plaisir à tourner cette série car j'ai un lien très fort avec la France, dévoile Michael Douglas. Cet amour pour votre pays, je le dois à mon père Kirk, qui parlait le français beaucoup mieux que moi. Il s'était marié avec une Belge qui s'était installée à Paris [Anne Buydens, avec qui Kirk Douglas partagea près de soixante-dix ans de vie commune]. Quant à moi, mon premier amour à l'âge de 16 ans a été une jeune femme franco-suisse. » Ce mercredi, c'est d'ailleurs en France, au festival Canneseries, qu'il viendra présenter cette fiction en avant-première mondiale, l'une des plus attendues de l'année. Avant de continuer à « profiter de la vie », comme il l'explique avec humour. « Je lis des scénarios mais je n'ai pas encore jeté mon dévolu sur un nouveau projet. Je joue au golf, je passe du temps avec ma femme, Catherine Zeta-Jones. C'est très agréable. » Le 25 septembre, il soufflera ses 80 bougies, sans crainte du temps qui passe. « Je fêterai mon anniversaire avec Catherine. Elle est née le même jour que moi, mais vingt-cinq ans plus tard ! [Rires.] » (Rémi Jacob)

Une fable de Hamaguchi (4⭐/4)

Avec Le mal n'existe pas, le nouveau film du cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi, impossible désormais d'ignorer ce que signifie le mot « glamping » : l'alliance du glamour et du camping. C'est du moins le principe que les concepteurs d'un projet touristique veulent faire avaler à la population d'un village nippon situé dans le merveilleux écrin d'une nature grandiose et protégée. Et c'est peu dire que les habitants n'en veulent pas, inquiets à juste titre pour la préservation de leur environnement naturel et de leur tranquillité quotidienne.

Le mal n'existe pas


Ryo Nishikawa

Le fascinant film de Hamaguchi, à qui l'on doit notamment le très talentueux Drive My Car (oscar du meilleur film étranger en 2022), pourrait n'être qu'une énième fable écolo pleine de bons sentiments. Mais le cinéaste japonais ne s'en tient pas là. Et d'abord parce qu'il prend son temps. Situé dans l'arrière-pays de Tokyo, loin de la folie urbaine, le film décrit longuement la vie de cette communauté rurale, avec en son centre un homme à tout faire que l'on consulte comme un sage dès lors qu'il s'agit de développer une expertise autorisée. Entre deux coupes de bois, deux services rendus aux uns et aux autres, il est l'indispensable petite voix qui dit non, capable d'entraîner tout le village dans son sillage. Jusqu'à l'époustouflante scène finale qui donne au récit toute sa puissance et sa portée. Entre-temps, Hamaguchi n'aura cessé de déployer les charmes d'un art cinématographique qui parle autant au cœur qu'à la raison. Un bijou, ni plus ni moins. (Aurélien Cabrol)

Le mal n'existe pas, de Ryusuke Hamaguchi, avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa. 1h46. Sortie mercredi.

Un ange est passé (3⭐/4)

Dans l'une de ses chansons, Barbara décrit les infirmières comme des « anges qui portent, accrochée sur leur cœur, la douceur de leur prénom ». Ce qualificatif sied à Sylvie Hofmann, l'infirmière en chef au centre du nouveau et bouleversant documentaire de Sébastien Lifshitz. La charismatique Mme Hofmann (elle donne ainsi son nom au film) s'apprête à prendre sa retraite après des années et des années de bons et loyaux services dans le même service oncologique. On la suit de près durant ces dernières semaines où se mêlent vie professionnelle et vie privée, pleurs et rires, souvenirs et conseils. Car cette « première de cordée » admirable s'interroge et nous interroge : de quoi sera fait l'avenir de cet hôpital public qui s'appauvrit de jour en jour et que ses jeunes infirmières délaissent par épuisement ? Le (presque) éternel et magnifique sourire de la lumineuse Mme Hofmann ne saurait masquer la réalité : plus qu'un départ à la retraite, c'est un véritable requiem que filme le cinéaste. Et il nous faut absolument l'entendre et le voir. (Aurélien Cabrol)

Madame Hofmann, de Sébastien Lifshitz. 1h44. Sortie mercredi.

Vive Leroy (3⭐/4)

L'histoire de Florent Bernard, un passionné de cinéma né en Bourgogne devenu scénariste (Vermines) avant de réaliser son premier film, est belle. Grand prix à l'Alpe-d'Huez, Nous, les Leroy dresse le portrait d'une famille que l'on connaît tous, et plus de près que de loin. Désarçonnante de drôlerie et de sensibilité, Charlotte Gainsbourg campe Sandrine, quadra qui se débat entre un couple qu'elle ne peut plus réparer et des enfants qu'elle ne veut pas blesser. Pour sauver son mariage, Christophe (génial et émouvant José Garcia) a une idée : un week-end sur la route des moments clés des Leroy, avec sa femme et ses ados (les révélations Lily Aubry et Hadrien Heaulmé). Portée par les parfaites apparitions de ses seconds rôles, son souci du dialogue, de l'image et du rythme, cette comédie intime - puisque puisant dans la vie de son auteur - touche en plein cœur. Posant des mots justes et sans jugement sur les non-dits en famille, le film redonne sens à celle-ci et nous fait dire qu'après tout on n'est jamais perdant quand on aime. (Mathilde Fontaine)

Nous, les Leroy, de Florent Bernard, avec Charlotte Gainsbourg, José Garcia, Lily Aubry et Hadrien Heaulmé. 1h43. Sortie mercredi.

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