Nos critiques cinéma de la semaine

« Hors-Saison », de Stéphane Brizé, « Laissez-moi », de Maxime Rappaz, « Une famille », de Christine Angot, « Bis repetita », d'Émilie Noblet : découvrez nos critiques des sorties cinéma de la semaine.
Pierre-Antoine Dubey et Jeanne Balibar dans Laissez-moi
Pierre-Antoine Dubey et Jeanne Balibar dans Laissez-moi (Crédits : © LTD / GoldenEgg/Paraíso/Fox the Fox Productions)

JOIES ET DÉSILLUSIONS (3⭐/4)

Rien de plus mélancolique qu'un centre de thalassothérapie de l'ouest de la France, hors vacances et sous la pluie. C'est ici que Mathieu, acteur célèbre marié à une journaliste aussi connue que lui, vient amarrer sa cinquantaine et tenter de soigner son spleen, essayer d'oublier sa carrière qui stagne, lorsqu'il revoit son ancien amour. Professeure de piano, Alice a appris à se satisfaire de ses choix de vie, doux et sécurisants. Leur rencontre résonnera comme un bilan, un retour sur les joies et les désillusions de chacun... Stéphane Brizé filme à nouveau les bouleversements amoureux et existentiels, après un triptyque consacré à des sujets sociaux et engagés, avec Vincent Lindon en porte-drapeau (La loi du marché [2015], En guerre [2018], Un autre monde [2021]). Il revient ici au drame d'auteur, comme Mademoiselle Chambon ou Une vie, en dévoilant avec une belle sensibilité les désenchantements de deux anciens amoureux à l'heure du vertige, alors qu'ils font les comptes des orientations prises au moment de leur séparation. Un film tout en intériorité où, dans la solitude d'une station désertée et accompagnée de la parfaite musique de Vincent Delerm, les personnages se retrouvent face à eux-mêmes. (Charlotte Langrand)

Hors-Saison, de Stéphane Brizé, avec Guillaume Canet, Alba Rohrwacher, Sharif Andoura. 1h46. Sortie mercredi.

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HISTOIRE D'UNE LIBÉRATION (3⭐/4)

Claudine a deux vies. Une à hauteur d'humain, dans la vallée où elle est couturière et s'occupe seule de son fils, adulte handicapé et fan de Lady Di ; une autre haut perchée, dans un hôtel des montagnes abruptes du Valais, en Suisse, où elle se rend chaque mardi pour s'octroyer une parenthèse rien qu'à elle en côtoyant des hommes de passage. Si elle est une mère dévouée qui met sa vie personnelle en suspens depuis des années, elle renoue avec son désir de femme, ses exigences amoureuses et sa personnalité décalée quand elle se hisse vers les sommets. Cette vie parallèle lui permet de mieux supporter la première, ce carcan ouaté et quotidien fait de petites tendresses filiales et de grands renoncements. Jusqu'au jour où l'un de ses amants, moins furtif que les autres, fait vaciller son monde, laissant apercevoir la possibilité d'une renaissance amoureuse... Claudine et son fils vont devoir évoluer, s'émanciper, grandir. Après deux courts-métrages, le réalisateur Maxime Rappaz signe un premier long-métrage nuancé et sensible, un portrait de femme empêchée, mais en voie d'émancipation, évitant le pathos sacrificiel souvent lié au sujet du handicap. Porté par des paysages vertigineux propres au romanesque et une Jeanne Balibar au sommet de sa finesse, de son élégance et de son originalité, le film accompagne sans jugement le mystère de cette femme, la mélancolie de son regard et les tourments de son désir. Avec, au bout, la vie qui frappe de nouveau à sa porte. Le premier jour du reste de sa vie. (Charlotte Langrand)

Laissez-moi, de Maxime Rappaz, avec Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher,
Pierre-Antoine Dubey. 1h33. Sortie mercredi.

LA CAMÉRA APRÈS LA PLUME (3⭐/4)

C'est l'histoire d'une autrice qui décide de faire un film documentaire comme jusque-là elle avait écrit des autofictions. Elle, c'est Christine Angot qui, de livre en livre depuis des années, revient sur les viols que lui a fait subir son père depuis ses 13 ans. Avec Une famille, elle aborde ce même sujet, mais cette fois caméra au poing. Résolue, déterminée, intransigeante, elle va à la rencontre de celles et ceux qui furent les témoins silencieux de cet inceste. Jusqu'à forcer la porte de la deuxième épouse d'un père toxique au dernier degré. Jusqu'à pousser dans ses retranchements cette femme bourgeoise qui vit entourée d'œuvres d'art et qui au fond ne semble pas comprendre la démarche de Christine Angot à son égard. Elle ira ensuite interroger sa mère puis son ex-mari et père de sa fille, lequel la comprend d'autant plus qu'il fut le témoin sans réaction du viol ultime. Viendront ensuite son compagnon et sa fille. Pourquoi? Tout simplement parce que l'autrice Angot croit aux mots qui, s'ils ne peuvent en aucun cas tout réparer, doivent cependant être prononcés. C'est bien le sens des dialogues qui constituent l'essence de ce film, comme autant de rencontres pour tenter de conjurer un peu l'irréparable. Soit le chemin de vie de cette femme blessée à jamais, qui rappelle aussi à travers ce film qu'elle a dû subir au cours de sa carrière l'ironie moqueuse d'un Thierry Ardisson sur un plateau de télévision avant que ne vienne enfin et comme une
réparation la reconnaissance de la critique pour couronner le succès public. (Aurélien Cabrol)

Une famille, de Christine Angot. 1h21. Sortie mercredi.

LATIN LOVERS (3,5⭐/4)

Redonner vie à une langue morte, c'est le noble pari qu'a décidé de relever Émilie Noblet dans son premier long-métrage. Celle à qui l'on doit la très réussie série Parlement signe ici une comédie bourrée de charme, Coup de cœur du jury à l'Alpe-d'Huez. Dans Bis repetita, Delphine est une prof de latin pro de la magouille.

Son coup de maître ? Distribuer des 19/20 à ses élèves s'ils lui fichent la paix. Une machination bien huilée, qui déraille lorsque ces excellents résultats propulsent la
classe au championnat du monde de latin, à Naples. Alliant romance, humour justement dosé et personnages habilement croqués, cette pépite du genre séduit par la qualité de son écriture et de son interprétation. Louise Bourgoin réaffirme la pluralité de son jeu en injectant douceur et drôlerie à Delphine, quand Xavier Lacaille emporte tout sur son passage grâce à son irrésistible folie. Une des plus belles surprises de ce printemps, prête à cueillir tous les publics. Carpe diem ! (Mathilde Fontaine)

Bis repetita, d'Émilie Noblet, avec Louise Bourgoin, Xavier Lacaille, Noémie Lvovsky. 1h31. Sortie mercredi.

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