Sélestat, l’autre marché de Noël

La saison débute ce week-end en Alsace. Plutôt que de se retrouver au coude-à-coude à Strasbourg ou à Colmar, direction le berceau du sapin de Noël.
(Crédits : © Ville de Sélestat)

Le professeur Sappinus ne sort pas d'un dessin animé pour les fêtes de fin d'année. C'est ainsi qu'est officiellement surnommé le coordinateur des animations de la petite ville alsacienne de Sélestat, dans le Bas-Rhin, décorée de branchages et de lumières à partir de ce week-end. Et le sapin, il connaît bien. « J'ai à cœur de défendre cette tradition locale dont l'histoire continue de s'écrire », raconte-t-il, régulièrement invité dans les écoles et sur les plateaux télé pour évoquer le roi des forêts.

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Cette bourgade à colombages de 20 000 habitants conserve la plus ancienne mention écrite connue à ce jour au monde du sapin de Noël : une phrase rédigée en 1521 dans un registre de comptes local, « payer 4 shillings aux gardes forestiers pour surveiller les arbres à partir de la Saint-Thomas ». Cela signifie que les habitants avaient l'habitude de venir y couper leur conifère le 21 décembre, date du solstice d'hiver et jour le plus court de l'année. « Alors que ses congénères perdent leurs feuilles, lui conserve sa parure verte, symbole de l'éternel renouveau de la nature au cœur de l'hiver et donc de l'espoir », poursuit l'expert.

« Des festivités authentiques »

Précieusement conservé aux archives de la ville, le document est exposé durant la période des fêtes dans la Bibliothèque humaniste, inscrite au registre mémoire du monde de l'Unesco. C'est là la deuxième spécificité de Sélestat : un fonds unique de manuscrits médiévaux présenté dans une ancienne halle aux blés magnifiquement remodelée par Rudy Ricciotti, l'architecte du Mucem à Marseille. La majorité des ouvrages a été léguée par Beatus Rhenanus (1485-1547), un enfant du pays. Proche d'Érasme, cet intellectuel de la Renaissance avait fait ses études à l'école latine locale, très réputée dans la région rhénane du Saint Empire romain germanique.

Aujourd'hui, cette cité, à mi-distance de Strasbourg et de Colmar, est éclipsée (à tort) par ses voisins Ribeauvillé et Riquewihr, classés parmi les plus beaux villages de France. Son marché est réparti sur trois places entre lesquelles déambuler dans un centre historique récemment rénové. Et là, plus qu'une succession de chalets, c'est une expérience qui est mise en scène. Le made in China n'est pas vraiment présent sur les étals. Cette année, à l'occasion des 800 ans de la crèche de Noël, le professeur Sappinus a accepté la présence d'un stand de santons provençaux. Une figurine en coiffe alsacienne y incarne Sélestat, dans une tenue ornée de petits sapins... La Maison du pain, ouverte en 2001 par une corporation de boulangers, décline ce motif, en brioche feuilletée saupoudrée de cannelle. Plus de 30 sortes de bredele sont cuits dans son fournil. « Ici, les festivités sont à taille humaine, authentiques et facilement accessibles, et il fait bon se retrouver autour d'un vin chaud après le travail », confie la jeune boulangère, Anaïs, en sortant du four ces gâteaux traditionnels.

Les habitants mettent la main à la pâte et participent à un concours de tables de Noël, sortent les vieux jouets des placards pour une expo sur les souvenirs d'enfance, réunissent leurs collections de crèches du monde entier... Le berceau du sapin de Noël se la joue modeste, sans chercher à rivaliser avec le modèle taille XXL de la place Kléber à Strasbourg, la capitale alsacienne. De petits exemplaires sont suspendus entre les piliers de la jolie église Saint-Georges, dans une installation féerique. « Dans les maisons d'autrefois, ils étaient accrochés au plafond pour prendre moins de place et éviter que les sucreries soient mangées par les souris », explique le professeur Sappinus. Chaque conifère est décoré différemment, pour montrer l'évolution au fil des siècles : de petites pommes rouges, les Christkindel, récoltées en octobre et délicieuses à croquer dès décembre ; d'hosties, l'église s'en mêlant ; et enfin de guirlandes... Les boules de Noël tendance de la verrerie mosellane de Meisenthal sont assemblées pour former un spectaculaire lustre contemporain dans l'église Sainte-Foy. En forme de sapin, bien sûr.

5 SEMAINES DE FÊTES

JUSQU'AU 29 DÉCEMBRE

Accessible en TER direct depuis Strasbourg en vingt minutes, Sélestat ne se résume pas aux marchés de Noël : il y a aussi l'allumage de la bougie de l'Avent chaque week-end par le professeur Sappinus, des expositions, des concerts... Programme sur selestat.fr

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