Exposition : dans la peau d’un astronaute vers la Lune

À Toulouse, la Cité de l’espace fait vivre à ses visiteurs le frisson d’un voyage en fusée grâce une expérience immersive unique au monde.
LuneXplorer, le simulateur de décollage et d’alunissage
LuneXplorer, le simulateur de décollage et d’alunissage (Crédits : Rémi Benoit)

Le décompte final défile sur le tableau de bord. Dans moins d'une minute, le vaisseau spatial s'arrachera de la Terre à une vitesse de 5 000 km/h, plus rapide qu'une balle de fusil. Sur l'écran devant nous, les ingénieurs s'affairent depuis la salle de contrôle. Dans le hautparleur, une voix nous demande d'actionner des commandes pour de derniers réglages. Bientôt, la capsule est envahie par le vrombissement des moteurs de la fusée et nous sommes scotchés à notre siège.

Cette expérience immersive, littéralement à couper le souffle, ouvre ses portes le 14 novembre à la Cité de l'espace de Toulouse. Le musée, qui accueille autour de 400 000 visiteurs chaque année, espère franchir un nouveau cap avec l'arrivée de LuneXplorer. Il a fallu 16 millions d'euros d'investissement, apportés par Toulouse Métropole, l'Union européenne, la Région Occitanie et le musée lui-même, pour mener à bien cette grande première mondiale. « Le seul moyen pour les astronautes de se préparer aux fortes accélérations d'un départ dans l'espace repose sur des centrifugeuses réservées aux professionnels, commente Jean-François Clervoy. C'est la première fois qu'un musée permet au grand public de vivre la réelle expérience de l'hypergravité. » L'astronaute français nous livre un conseil avant d'embarquer : « Vous allez avoir l'impression d'être pressé contre votre siège comme dans un vrai décollage. Si vous bougez un peu la tête, vous sentirez l'effet perturbateur sur votre oreille interne, donc il vaut mieux en limiter le mouvement. »

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Avant d'entrer dans le vif du sujet, les astronautes d'un jour sont invités à franchir un hall de préparation où sont exposés une maquette de l'emblématique fusée Saturn V du programme Apollo ainsi que le vaisseau Orion dans lequel embarqueront les astronautes d'Artemis, le nouveau programme de vols habités vers la Lune de la Nasa. « Et comme dans le vaisseau Orion, quatre astronautes peuvent embarquer dans votre capsule », informe à présent l'astronaute de l'Agence spatiale européenne Samantha Cristoforetti dans une vidéo diffusée depuis la salle de briefing. Un à un, les dix équipages de la session prennent place à bord de leur capsule. Après que les ceintures ont été bien attachées, les portes se referment automatiquement. À la fin du décompte, le ciel apparaît à travers le hublot et les choses sérieuses commencent. L'accélération devient de plus en plus en plus importante jusqu'à atteindre une force de 2 g, soit l'équivalent de deux fois notre poids. Dans son autobiographie parue au mois d'octobre, l'astronaute Thomas Pesquet décrit bien la sensation d'écrasement ressentie lors de son premier voyage dans l'espace. Comme si « une vache s'était nonchalamment endormie sur vous », écrit celui qui a expérimenté une accélération de plus de 4 g. Lors de son entraînement, on lui inculque la « respiration d'homme », qui consiste à « emmagasiner le maximum d'air pour que la cage thoracique ne soit jamais vide, et [à] respirer par le ventre ». Difficile à mettre en pratique pour les néophytes.

C'est la première fois qu'un musée permet au grand public de vivre la réelle expérience de l'hypergravité

Jean-François Clervoy (astronaute)

Soudain, tout s'arrête. Les moteurs ont été coupés. « D'un seul coup, on se sent très léger », nous avait prévenus Jean-François Clervoy. Il faudrait en réalité plus de trois jours pour effectuer le trajet de la Terre à la Lune dans le vide spatial. Pour nous faire gagner du temps, notre équipage enchaîne directement avec son alunissage. Pour atterrir, il faut subir une forte décélération qui nous colle de nouveau à notre siège. Sur l'écran du tableau de bord, nous voyons un cratère dans lequel nous nous enfonçons. Nous sommes arrivés au pôle Sud de la Lune, un endroit propice à la construction de futurs habitats en raison de son ensoleillement permanent et de la présence de glace. Il est temps à présent de rejoindre la salle de débriefing. « Félicitations pour cet alunissage réussi », nous congratule Thomas Pesquet dans un nouveau message. À l'aide d'un QR code, les visiteurs peuvent consulter leurs données de vol : vitesse, altitude et performances de l'équipage. Au-delà du côté ludique, l'expérience est un outil de soft power pour transmettre au grand public la fièvre d'une nouvelle aventure lunaire.

LuneXplorer, à partir du 14 novembre à la Cité de l'espace à Toulouse.

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