Les comédies sociales remplissent les salles obscures

Les films « Second Tour », « Une année difficile » et « Bernadette » tiennent le haut de l’affiche en cette fin 2023.
Albert Dupontel dans « Second Tour ».
Albert Dupontel dans « Second Tour ». (Crédits : JÉRÔME PRÉBOIS)

Rien tout en parlant de politique et sans oublier le fond social d'une histoire. Voilà une spécificité toute française que le public plébiscite encore : après six semaines à l'affiche, Bernadette, le film de Léa Domenach avec Catherine Deneuve en Bernadette Chirac, a atteint 790 000 entrées ; Second Tour, la comédie écologico-politique d'Albert Dupontel, est à 865 000 entrées après trois semaines d'exploitation et Une année difficile, du tandem Toledano-Nakache, affiche 900 000 entrées pour sa quatrième semaine.

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Deux à trois millions de spectateurs

Si Léa Domenach peut se réjouir de faire un bon score pour son premier opus, porté par la reine Catherine, les auteurs des deux autres films peuvent aussi être satisfaits, même si ces cinéastes sont habitués à bien mieux : les films d'Albert Dupontel tournent d'habitude autour de 2 millions d'entrées et ceux d'Éric Toledano et Olivier Nakache attirent 2 à 3 millions de spectateurs. Malgré tout, les comédies sociales restent une madeleine bien française, digne des paradoxes de notre caractère gaulois : « Ces films se positionnent à la frontière de différents styles, estime Frédéric Dabi, directeur de l'institut de sondage Ifop. C'est vrai qu'il y a toujours eu en France une concomitance entre une période de crise, d'angoisse sociale ou de fort pessimisme et une inclination naturelle des Français vers des comiques, des humoristes, qui se classent parmi leurs personnalités préférées. »

On peut ainsi rire avec Jonathan Cohen et Pio Marmaï tout en abordant le sujet du surendettement ou grincer des dents avec Cécile de France et Albert Dupontel dans une fable qui invite l'écologie dans les coulisses d'une élection présidentielle. On peut même (presque) croire au féminisme de Bernadette Chirac... « La défiance vis‑à‑vis du politique au niveau national n'empêche pas une passion française pour ce sujet ! précise l'analyste. La rencontre entre comédie et politique fonctionne, car on aime toujours le pouvoir, en témoignent les films comme L'Exercice de L'État ou La Syndicaliste, avec Isabelle Huppert, qui ont bien marché ces dernières années. » Le cinéma se fait ainsi le reflet de l'intérêt des Français pour la chose politique et surtout... pour ses coulisses. Pour preuve, les émissions de débats, d'information en continu ou les séries politiques qui cartonnent. « Chez Albert Dupontel, on se moque des élites ou du système judiciaire : on se moque des puissants, qui sont finalement ridicules », observe Frédéric Dabi. Un exercice vieux comme le monde qui provoque un rire salvateur.

RUÉE SUR L'ANIMATION

Les films jeune public ne sont pas les parents pauvres des entrées automnales. Hayao Miyazaki a eu beau faire attendre ses fans pendant dix ans avant de sortir Le Garçon et le Héron, ils ne lui en tiennent pas rigueur : 1 million d'entre eux se sont rués en salles en France en seulement deux semaines. C'est le plus gros démarrage pour l'immense cinéaste japonais et son film initiatique et poétique, qui sera son plus grand succès dans l'Hexagone (il devrait atteindre 1,6 million d'entrées). Dans un style radicalement différent, La Pat' Patrouille, avec sa brigade de chiots à toute épreuve, dépasse les 2,2 millions de spectateurs après un mois d'exploitation. Il devient la marque préférée des 3-6 ans devant Disney... Il faut dire que tous les ingrédients du succès ont été déployés : le héros est une héroïne, une petite chienne pilote d'avion à qui Marianne James a prêté sa voix. Le film profite de dix ans de succès télévisuel sur TF1 et est porté par les chansons intelligentes d'Aldebert, et, enfin, la mascotte en peluche a volé, pendant la Coupe du monde de rugby, avec... la Patrouille de France. C.L.

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Commentaire 1
à écrit le 19/11/2023 à 9:52
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Bravo à Dupontel qui a quand même l'intérêt de nous proposer un cinéma différent que l'ère du temps est en train de rejoindre et c'est là qu'on reconnait les bons, ceux qui anticipent, ceux qui pensent, ceux qui voient parce que ouvrant les yeux tout...

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