
La fête sera belle, pas de problème. Sera-t-elle sécurisée comme il se doit ? Le doute s'instille. Si 80 % des Français interrogés par Ipsos pour La Tribune Dimanche ont confiance dans les organisateurs et les pouvoirs publics pour assurer une cérémonie à la hauteur de l'événement, seuls 68 % les estiment capables d'assurer la sécurité du public et des athlètes pendant cette grande parade sur la Seine.
Depuis son lancement, l'initiative - sortir la cérémonie du stade pour la première fois -
suscite de vives réserves. Le pays étant placé en alerte urgence attentat depuis le meurtre d'un professeur à Arras il y a neuf jours, dans un contexte international enflammé par l'attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre, l'inquiétude est la norme. De la même manière, les JO d'Athènes en 2004 s'étaient organisés avec la menace post-11-Septembre au-dessus de la tête et l'Euro 2016 en France en plein cœur de la vague d'attentats.
Au fond, la défiance sécuritaire n'est pas massive (seuls 10 % ne font pas du tout confiance). Si elle l'est, c'est plutôt du côté des sympathisants de l'extrême droite (Rassemblement national, Reconquête). « C'est une confiance avec réserve, soupèse Mathieu Gallard, directeur d'étude chez Ipsos. Quand on voit que la sécurité est un gage primordial de la réussite des Jeux, ça signifie qu'on attend de voir. S'il y a le moindre problème, ça risque d'être très mal perçu. » Des Jeux réussis seraient en effet des Jeux sûrs pour plus de la moitié des Français, un critère qui arrive bien devant l'héritage (31 %) et le coût (26 %).
Autre enseignement du sondage : une lutte des classes se joue en arrière-plan de Paris 2024. Les JO intéressent 72 % des foyers aux revenus aisés, beaucoup moins les autres. Jusqu'à n'intéresser que la moitié des foyers aux revenus modestes. « Ça va à l'encontre de l'idée d'une fête populaire toisée par les élites », note Mathieu Gallard. Constat valable en province comme à Paris. Les prix des places, qui ont fait polémique, ont sans doute donné une désagréable impression d'exclusion des réjouissances faute de moyens. Si des offres à 24 euros ont été commercialisées par les organisateurs, des prix exorbitants ont également été constatés. En pleine crise du pouvoir d'achat, la priorité est de remplir le chariot, pas de se saigner pour voir un deuxième tour de poules de beach-volley.
Les classes populaires se montrent aussi beaucoup plus sceptiques sur les bénéfices à long terme, que cela concerne la pratique du sport ou les infrastructures publiques. Un sujet rassemble par-delà le clivage social : 59 % des sondés estiment que les Jeux auront un impact négatif sur les finances publiques. En résumé, l'opération sera globalement positive pour l'économie mais les hausses d'impôts pressenties vont crisper. Pour rappel, de 6,9 milliards d'euros en phase de candidature, les coûts ont été portés à 8,8 milliards après la révision budgétaire de décembre dernier.
Dans l'ensemble, 61 % des personnes interrogées se déclarent intéressées par ces Jeux. L'engagement est particulièrement marqué chez les jeunes (66 %). L'indice que le pari des nouvelles disciplines fonctionne. Parmi les billets partis très vite, il y avait ceux de l'escalade, du breaking, du skate...
DÉFILÉ SUR LA SEINE
Le nombre de spectateurs présents à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet n'est pas encore arrêté. Paris 2024 annonce 600 000 places (100 000 payantes, 500 000 gratuites), mais ce chiffre est au centre de nombreuses discussions. Décision attendue avant la fin de l'année. La sécurité des Jeux a été discutée lors d'un comité interministériel vendredi à Matignon.
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