Le « BlaBlaCar » des petits producteurs

Les professionnels de la vente directe ont désormais leur propre réseau social. Il s’appelle La Charrette et il est né en Haute-Savoie le 5 octobre.
(Crédits : StockMediaSeller)

Son café à peine avalé, Étienne Pillet saute dans sa camionnette. Avant d'approvisionner le magasin de producteurs Terre Ferme, à 25 kilomètres de là, ce brasseur de La Roche-sur-Foron (Haute-Savoie) doit passer chez l'artisan confiturier Prom'nades gourmandes. Ce détour de dix minutes n'est pas « grand-chose » pour le directeur de La Rochoise mais rend service à Christelle Froidevaux, qui n'a que trois cartons de confitures à livrer au même endroit.

Les deux artisans ont l'habitude de travailler ensemble. Ils se sont connus il y a quatre ans par le biais de La Charrette, une structure collaborative qui offre des solutions de colivrai-son pour les producteurs locaux. Y sont référencés 8 000 producteurs colivreurs, 2 000 acheteurs professionnels (magasins, restaurants...), 5 000 transporteurs et 200 collectivités. Pensée comme une sorte de BlaBlaCar mettant en lien les professionnels de l'alimentation locale, elle vise à solutionner une problématique logistique rencontrée par tous les professionnels du circuit court.

« Avec la multiplication des points de distribution, les producteurs consacrent la moitié de leur temps aux transports », détaille Laura Giacherio, cofondatrice de cette entreprise solidaire (lire le portrait ci-dessous).

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Le réseau connaît un tel succès que La Charrette monte fin 2021 la première bourse du fret local. Elle permet à Étienne Pillet d'acheminer ses fûts consignés de Lyon « 20% moins cher que le transporteur de [son] fournisseur ». Mais très vite, Laura et Marie Giacherio se heurtent à ses limites. « Il n'existe pas deux demandes semblables en circuit court », indique Laura. Les entrepreneuses décident alors de penser « un site de rencontre des professionnels du local ». C'est comme ça que, le 5 octobre, est née la plateforme de logistique en circuit court. Imaginé comme « une sorte de LinkedIn », c'est le premier réseau social de ce type pour la France, la Belgique et bientôt le Québec. Les utilisateurs peuvent indiquer leurs besoins, chercher sur la carte interactive un acteur dans un rayon de 30 kilomètres, déposer une demande de colivraison, etc. L'adhésion annuelle s'élève à 250 euros, mais notre brasseur n'a pas hésité à s'en acquitter car « tout ce qui est gain de temps et d'argent, [il] pren[d] ». Surtout quand le prix de l'essence atteint des sommets.

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