Classement sans suite pour Richard Ferrand

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Classement sans suite pour richard ferrand[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le parquet de Brest a annoncé vendredi le classement sans suite de l'enquête sur Richard Ferrand, chef de file des députés La République en marche (LREM), dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne qu'il a dirigées de 1998 à 2012.

Cette épilogue clôt des mois d'incertitude pour ce proche d'Emmanuel Macron, qui avait abandonné en juin un poste de ministre de la Cohésion des territoires avant de prendre à l'Assemblée nationale la présidence du groupe LREM issu des élections législatives.

"Aucune infraction au code de la mutualité n'a été établie", peut-on lire dans un communiqué du procureur de la République de Brest. En conséquence, cette affaire est classée sans suite par le parquet de Brest."

Dans un communiqué, Richard Ferrand évoque une "campagne de déstabilisation" à son encontre.

"Aujourd'hui, mon honneur est rétabli. Je voudrais que ce que j'ai subi interroge tous les auteurs de jugements à l'emporte-pièce qui ne mesurent pas les dégâts humains qu'ils créent", écrit-il.

Stanislas Guérini, porte-parole de LREM, s'est réjoui de la décision judiciaire pour les députés de la majorité.

"Le groupe a besoin d'avoir à sa tête un Richard Ferrand combatif, à l'offensive politiquement. Il va pouvoir être totalement libéré pour cela, et ça sera utile à la majorité", a-t-il dit à Reuters.

Le parquet de Brest avait ouvert le 1er juin une enquête préliminaire pour établir s'il y avait lieu de poursuivre Richard Ferrand pour avoir permis à la société immobilière de sa compagne, Sandrine Doucen, d'emporter en 2011 un marché immobilier lors de la location d'un local commercial par les Mutuelles de Bretagne.

Cela faisait notamment suite à des informations publiées par la presse. Deux associations de lutte contre la corruption, Anticor et Fricc, avaient pour leur part porté plainte pour abus de confiance et délit d'entrave au contrôle du commissaire aux comptes. Le parti Les Républicains avait pour sa part saisi le procureur de la République et le procureur national financier.

"LAVÉ DE TOUT SOUPÇON"

L'enquête a établi le caractère réel des prestations et activités du couple au profit des Mutuelles de Bretagne.

Concernant la société immobilière SACA, les investigations ont confirmé que le montant du loyer, ainsi que celui des investissements, ne dépassaient pas le prix du marché.

"Compte tenu des éléments précités, les infractions d'abus de confiance et d'escroquerie ne sont pas constituées, faute d'un préjudice avéré", précise le parquer dans son communiqué.

Le parquet dit qu'il aurait pu envisager l'ouverture d'une information pour prise illégale d'intérêt, mais souligne que la jurisprudence ne permet pas d'affirmer que les Mutuelles de Bretagne ont effectué une mission de service public au sens du droit pénal et que l'infraction éventuelle est prescrite.

L'avocat de Richard Ferrand, Philippe Bazire, s'est réjoui sur BFMTV de voir son client "lavé de tout soupçon".

"C'est un homme qui s'est investi très profondément dans la vie de son pays et il est normal qu'il puisse reprendre la vie politique qui était la sienne, dans les fonctions qui étaient les siennes, avant cet épisode malheureux", a-t-il dit, nourrissant l'idée d'un retour de Richard Ferrand au gouvernement.

Interrogé par Le Figaro sur cette éventualité, l'intéressé dit vouloir "être utile" et ne courir "après rien".

"À l'heure actuelle, j'ai le sentiment de servir à la fois mon pays et le projet porté par le président de la République. Je ne cours après rien. Je veux que le pays réussisse, c'est tout ce qui m'anime", dit Richard Ferrand.

Le voir "redevenir ministre, cela ne me choquerait pas", a dit sur BFMTV Arnaud Leroy, membre de la direction collégiale provisoire de LREM. "On a fait campagne sur cette volonté de faire de la politique proprement, donc nous sommes conformes."

(Emmanuel Jarry, Arthur Connan et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)