La PMA divise LaRem, le gouvernement temporise

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(Crédits : Alessia Pierdomenico)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement a cherché mercredi à temporiser sur la possibilité d'étendre la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples lesbiens, sujet qui fait débat au groupe La République en marche (LaRem) de l'Assemblée.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a déclaré devant la presse après le conseil des ministres que le sujet serait abordé dans le cadre du projet de loi sur les questions de bioéthique "qui sera présenté en conseil des ministres avant la fin de l'année pour un examen au début du premier trimestre" 2019.

Mieux vaut selon lui "ne pas isoler" le thème de la PMA et ne pas confondre "vitesse et précipitation" dans l'attente des conclusions des états généraux de la bioéthique, mi-septembre.

Cette position va à l'encontre du souhait exprimé par le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, d'une proposition de loi (PPL) uniquement consacrée à la PMA appelée à être adoptée rapidement, "avant la fin de l'année".

Le député LaRem Guillaume Chiche a préparé un texte en ce sens, avec l'intention de le déposer avant la fin de cette semaine. Sa proposition de loi, que Reuters a pu consulter, prévoit le remboursement de la PMA par la Sécurité sociale et une reconnaissance automatique de la filiation des enfants nés d'une gestation pour autrui à l'étranger.

Une initiative désapprouvée par le président du groupe LaRem à l'Assemblée, Richard Ferrand, et qui a fait débat mardi lors de la réunion hebdomadaire du groupe majoritaire.

"PAS ENCORE MÛRS"

"En tant que porte-parole du groupe et à l'aune de ce que j'ai pu partager avec notre chef de groupe Richard Ferrand, nous ne sommes ni dans le bon timing ni dans la réflexion en terme de profondeur. Nous ne sommes pas encore mûrs sur ce sujet", a dit à Reuters la députée LaRem Olivia Grégoire.

Ce sujet de société suppose selon elle "de prendre le débat avec des propos réfléchis, nourris, fondés et éviter autant que faire se peut les approximations ou la spontanéité."

Matthieu Orphelin, favorable à la PPL, a minimisé l'ampleur des désaccords, estimant que l'important est que gouvernement et majorité "confirment qu'il y a un souhait commun de concrétiser rapidement l'engagement présidentiel" sur la PMA.

Emmanuel Macron s'est dit favorable à l'idée d'un élargissement de la PMA tout en prônant une "concertation apaisée" afin d'éviter les levées de boucliers qui avaient entouré le débat sur le mariage homosexuel, ou "mariage pour tous", sous la présidence de François Hollande en 2012 et 2013.

Le vice-président du parti Les Républicains (LR), Jean Leonetti, a dit pour sa part son opposition à la PMA, thème sur lequel "la société n'est pas apaisée" selon lui.

"Passer au-dessus de sa majorité et d'une partie de la population me paraît risqué", a-t-il considéré dans un entretien au journal L'Opinion.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, a mis en garde mercredi sur franceinfo contre toute "procédure accélérée" sur un sujet qui demande à être abordé en prenant "le temps, le sérieux" et "la distance nécessaires, dans le respect des personnes".

Dans un rapport rendu la semaine dernière, le Conseil d'Etat estime qu'il n'existe aucun obstacle juridique à l'ouverture de la PMA aux femmes célibataires et homosexuelles plutôt que d'être réservée aux seuls couples hétérosexuels infertiles.

Il ajoute que rien n'interdit non plus le maintien des règles actuelles, s'en remettant à "l'appréciation souveraine du législateur".

(Elizabeth Pineau avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)