AstraZeneca suspend les essais cliniques de son vaccin contre le COVID-19

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Astrazeneca suspend l'essai clinique de son vaccin contre le covid-19[reuters.com]
(Crédits : Brendan Mcdermid)

par Deena Beasley

LOS ANGELES (Reuters) - AstraZeneca a décidé de suspendre tous les essais cliniques dans le monde de son vaccin expérimental contre le nouveau coronavirus, y compris ceux à un stade avancé, en raison d'une maladie inexpliquée contractée par un participant intégré à une étude en Grande-Bretagne.

Ce vaccin expérimental, développé en collaboration avec des chercheurs de l'Université d'Oxford, est considéré par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme probablement le premier vaccin candidat au monde et le plus avancé en matière de développement.

Sa suspension douche les espoirs d'une mise rapide sur le marché d'un vaccin contre le COVID-19 alors que les Etats-Unis espéraient, selon des informations de presse, qu'une autorisation en accéléré lui serait accordée avant l'élection présidentielle du 3 novembre.

"Notre processus de vérification standard a été déclenché et nous avons volontairement suspendu les vaccinations pour permettre à un comité indépendant de procéder à l'examen des données de sécurité", a déclaré la porte-parole du groupe pharmaceutique britannique, Michele Meixell.

Selon AstraZeneca, il s'agit d'une action de routine qui est enclenchée dès lors qu'une maladie potentiellement inexpliquée survient au cours d'un essai.

Les essais du vaccin d'AstraZeneca, baptisé AZD1222, se déroulent dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, où l'affection a été signalée.

Aucun détail n'a été communiqué sur sa nature ni le moment où elle est survenue. Selon le site d'information spécialisé Stat News, le premier à rapporter l'information, le patient devrait se rétablir.

D'après un article du New York Times, citant une source proche de la situation, un participant basé au Royaume-Uni a été diagnostiqué atteint d'une myélite transverse, un syndrome inflammatoire affectant la moelle épinière et généralement déclenché par des infections virales.

On ignore si cette maladie est directement liée au vaccin d'AstraZeneca, précise le New York Times. Le laboratoire britannique n'a souhaité faire aucun commentaire sur le sujet.

Le secrétaire britannique à la Santé, Matt Hancock, a déclaré mercredi que la décision d'AstraZeneca constituait un défi mais qu'elle n'entraînerait pas forcément un retard dans le processus du développement d'un vaccin.

L'OMS de son coté a estimé que la sécurité du vaccin était prioritaire sur tout le reste.

"Ce n'est pas parce que nous parlons d'une course (...) qu'il faut commencer à faire des compromis ou à réduire les coûts sur ce qui doit normalement être contrôlé", a déclaré le Dr Soumya Swaminathan, scientifique au sein de l'OMS, lors d'un événement sur les réseaux sociaux.

"La procédure doit encore respecter les normes. Pour les médicaments et les vaccins administrés aux patients, on doit d'abord et avant tout tester leur sécurité", a-t-elle dit.

"L'OMS continue de recommander un respect strict des protocoles de tests en vigueur dans tous les essais cliniques de vaccins afin de garantir la sécurité des participants", a en outre souligné l'organisation dans un courriel adressé à Reuters.

BAISSE DE L'ACTION EN BOURSE

A la Bourse de Londres, l'action AstraZeneca reculait de 1,14% à la mi-journée. Parmi ses concurrents, Sanofi s'adjugeait 1,73% à Paris et l'américain Moderna bondissait de plus de 4% dans les transactions hors séance à New York.

Selon Stat News, les laboratoires dans le monde menant des essais cliniques sur un vaccin contre le COVID-19 cherchent désormais à s'assurer à leur tour que leurs participants n'ont pas contracté la maladie inexpliquée annoncée par AstraZeneca.

A Washington, le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses, a évoqué une décision regrettable mais pas inhabituelle. "Espérons qu'ils régleront cela et pourront aller au bout de l'essai", a-t-il ajouté sur CBS.

Neuf grands laboratoires américains et européens, développant des vaccins contre le coronavirus, se sont engagés mardi à respecter les normes scientifiques en vigueur en matière de sécurité et d'efficacité malgré l'urgence de la pandémie.

(avec Peter Henderson à San Francisco, Rocky Swift à Tokyo, Sangmi Cha à Séoul et Miyoung Kim à Singapour, John Miller à Zurich et Stephanie Nebehay à Genève; version française Camille Raynaud et Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)