Allemagne : Merkel sous pression pour présenter un plan de sortie de crise sanitaire

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(Crédits : Michael Kappeler)

par Joseph Nasr

BERLIN (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel faisait face lundi à des critiques croissantes qui lui reprochaient de ne pas avoir présenté de plan visant à enrayer la flambée des infections au coronavirus dans le pays et pour avoir imputé aux dirigeants des Länder la gestion de plus en plus chaotique de la crise sanitaire.

Le temps presse en Allemagne pour enrayer la tendance épidémique, préviennent les principaux experts sanitaires du pays, qui craignent que le nombre de nouveaux cas quotidiens de contamination grimpe de 20.000 actuellement à 100.000.

Alors qu'une troisième vague de l'épidémie frappe désormais la République fédérale, Angela Merkel a proposé dimanche lors d'un entretien télévisé la possibilité de modifier un texte de loi encadrant la santé publique afin de contraindre les 16 Länder, qui disposent d'autonomie en matière de santé et de sécurité, à mettre en place certaines mesures.

Mais la chancelière n'a pas été en mesure de donner davantage d'indications, s'attirant les critiques de l'opposition et de la presse qui l'ont décrite comme "perdue" et n'ayant "toujours aucun plan".

Angela Merkel, dont le parti, la CDU, est en net recul dans les sondages en amont des élections législatives de septembre, a déploré dans un entretien à la chaîne ARD que certains ministres-présidents des Etats allemands n'interrompent pas le déconfinement progressif entamé ce mois-ci, faisant référence au "frein de secours" convenu lors d'une réunion.

"OCCASION MANQUÉE"

Dans ce qui symbolise le plus clairement le déclin de son autorité à six mois de la fin de son quatrième et ultime mandat, Angela Merkel a reproché au chef de file de son parti, la CDU, de n'avoir pas respecté l'accord conclu au début du mois en ne réinstaurant pas les mesures de confinement en Rhénanie du Nord-Westphalie.

Le ministre-président de ce Länder, Armin Laschet, un potentiel candidat à la succession d'Angela Merkel, a répondu que la Rhénanie du Nord-Westphalie avait imposé le "frein de secours" en demandant aux habitants de présenter un test négatif pour se rendre dans certains commerces.

"Je suis ouvert à toute proposition du gouvernement fédéral sur ce que nous pouvons mieux faire", a-t-il dit, suggérant par ailleurs que les réunions entre les dirigeants des Länder et la chancelière ne soient plus virtuelles afin de favoriser les résultats.

La plupart des dirigeants régionaux ont rejeté le projet d'Angela Merkel de fermer les écoles et les crèches en cas de flambée des contaminations, et nombreux sont ceux ayant choisis de garder ouverts de nombreux commerces en dépit d'un taux d'incidence sur sept jours - le nombre de cas pour 100.000 habitants - supérieur à 100.

Si l'Allemagne n'a jamais adopté des mesures de confinement aussi strictes qu'en France ou au Royaume-Uni par exemple, les économistes qui ont appelé par le passé à des restrictions moins dures et s'en prennent désormais aux hésitations d'Angela Merkel.

"Dans une situation comme celle-ci, vous ne pouvez pas dire 'attendons 10 jours de plus'", a déclaré le président de l'institut économique Ifo, Clemens Fuest, exhortant Angela Merkel à convenir avec les Länder d'un confinement strict de deux semaines autour de Pâques ou de risquer de nuire davantage à la première économie d'Europe.

"Pâques est une occasion de faire quelque chose. De laisser passer ça est incompréhensible", a-t-il ajouté à la radio MDR.

(version française Jean Terzian)