Huit nouveaux otages libérés à Gaza, dont la franco-israélienne Mia Schem

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Raz ben ami retrouve sa famille a tel aviv apres avoir ete retenu en otage par le hamas a gaza[reuters.com]
(Crédits : Prime Minister's Office)

par Nidal al-Mughrabi, Mohammad Salem et Humeyra Pamuk

GAZA/TEL AVIV (Reuters) - Huit nouveaux otages, dont la franco-israélienne Mia Schem, ont été libérés jeudi par le Hamas au septième jour de la trêve dans la bande de Gaza, dont les négociateurs discutent toujours d'une prolongation supplémentaire de 24 heures.

La séquence de libérations du jour a débuté dans l'après-midi avec Mia Schem et une autre femme, et s'est poursuivie dans la soirée avec le transfert vers Israël de six autres otages, a annoncé l'armée israélienne.

Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, qui mène les efforts de médiation, a précisé que deux otages israélo-russes libérées mercredi avaient été ajoutées au total du jour pour atteindre le chiffre d'"environ 10 otages par jour", condition posée par Israël pour prolonger la trêve. Trente détenus palestiniens vont être remis en liberté en échange, a-t-il ajouté.

La chaîne qatarie Al Jazira a diffusé des images montrant des membres armés du Hamas remettre Mia Schem, 21 ans, et l'autre otage à des représentants de la Croix-Rouge dans la ville de Gaza.

Les deux femmes ont ensuite été conduites sur la base militaire israélienne de Hatzerim, où Mia Schem a retrouvé sa mère et son frère, selon des images diffusées par les services du Premier ministre israélien.

"C'est une grande joie que je partage avec sa famille et tous les Français", a réagi le président français Emmanuel Macron sur la plateforme X. "J'exprime aussi ma solidarité avec tous ceux qui restent otages du Hamas. La France agit avec ses partenaires pour obtenir leur libération dès que possible."

Mia Schem avait été enlevée comme de nombreux autres participants lors d'un festival de musique près de la bande de Gaza, pris pour cible par le Hamas lors de son attaque dans le sud d'Israël le 7 octobre. Durant sa captivité, elle était ensuite apparue dans une vidéo diffusée par le Hamas en train de se faire soigner un bras blessé.

"Je ne veux pas lui poser de questions parce que je ne sais pas ce qu'elle a enduré", a dit son père David, interrogé par la chaîne de télévision Channel 12 sur les mots qu'il prononcerait en la retrouvant.

Israël et le mouvement islamiste palestinien sont convenus jeudi matin de prolonger leur trêve pour une septième journée consécutive alors que des médiateurs du Qatar et de l'Egypte poursuivent leur intense activité diplomatique avec les Etats-Unis pour tenter de prolonger plus durablement la cessation des hostilités.

L'objectif de cette trêve est de permettre d'autres libérations d'otages et l'acheminement d'une aide humanitaire dans la bande de Gaza, dévastée par l'opération militaire israélienne menée en représailles à l'attaque du 7 octobre, qui a fait environ 1.200 morts dans le sud d'Israël.

ANTONY BLINKEN MAINTIENT LA PRESSION

Les libérations du jour ont eu lieu malgré une fusillade meurtrière à Jérusalem revendiquée par la branche armée du Hamas. Si elle ne semble pas avoir non plus fait dérailler les discussions sur une nouvelle prolongation de la trêve, cette attaque menée par deux frères membres du Hamas, qui ont tué trois personnes en ouvrant le feu sur un arrêt de bus, a été interprétée par Israël comme une preuve supplémentaire de la nécessité d'éradiquer le mouvement palestinien pour garantir sa sécurité.

Israël exige la libération d'au moins 10 otages par jour pour prolonger la trêve après environ sept semaines de bombardements intensifs et d'incursions terrestres dans la bande de Gaza, qui ont fait plus de 15.000 morts selon les autorités à Gaza contrôlées par le Hamas.

La dernière annonce de prolongation de la trêve n'est intervenue jeudi matin que quelques minutes avant l'heure à laquelle elle devait expirer, l'armée israélienne expliquant avoir reçu une liste d'otages amenés à être libérés dans la journée.

"Au vu des efforts déployés par les médiateurs pour poursuivre le processus de libération des otages et sous réserve des termes de l'accord, la pause opérationnelle se poursuivra", a dit l'armée.

Les tractations se poursuivaient jeudi soir pour tenter d'arracher 24 heures de trêve supplémentaires.

Sur les quelque 240 otages enlevés le 7 octobre dans le sud d'Israël, la trêve en vigueur depuis vendredi dernier a permis d'en libérer 97, dont 70 femmes et enfants israéliens, libérés chacun contre trois femmes ou adolescents palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, plus 27 étrangers relâchés dans le cadre d'accords parallèles avec leurs gouvernements respectifs.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qui se trouve en Israël pour sa troisième visite dans la région depuis le début du conflit, a jugé que la trêve "produit des résultats". "C'est important et nous espérons que cela va continuer", a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie américaine a aussi rencontré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Ramallah, en Cisjordanie. "Nous avons permis une augmentation significative de l'aide humanitaire à Gaza mais cela ne suffit toujours pas", a-t-il déclaré.

Il a aussi assuré que le gouvernement israélien s'était engagé à préserver au maximum la population civile si les combats reprennent dans la bande de Gaza.

Comme le nombre de femmes et d'enfants otages à Gaza s'amenuise, une prolongation de la trêve pourrait nécessiter d'en modifier les termes afin d'y inclure des hommes, y compris des soldats israéliens.

(Reportage Nidal al-Mughrabi au Caire, Mohammed Salem et Roleen Tafakji à Gaza, Humeyra Pamuk à Tel Aviv, Ari Rabinovitch et Emily Rose à Jérusalem et les rédactions de Reuters, rédigé par Peter Graff et Alexandra Hudson; version française Camille Raynaud, Bertrand Boucey et Tangi Salaün)