L'assaillant de Paris avait prêté allégeance à Daech, selon le procureur

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La police francaise securise l'acces au pont bir-hakeim apres une attaque a paris[reuters.com]
(Crédits : Stephanie Lecocq)

PARIS (Reuters) -Condamné par le passé et atteint de troubles psychiatriques, l'auteur présumé de l'attaque qui a fait un mort samedi soir à Paris avait prêté allégeance à l'Etat islamique dans une vidéo, a déclaré dimanche le procureur de la République antiterroriste.

Converti à l'islam, l'homme de 26 ans né à Neuilly (Hauts-de-Seine) en 1997 était "versé dans l'idéologie djihadiste", a dit Jean-François Ricard devant la presse au lendemain de l'attaque qui a aussi fait deux blessés de nationalité française et britannique dans le quartier proche de la Tour Eiffel.

Condamné à cinq ans de prison en 2016 pour "association de malfaiteurs en vue de préparer un acte terroriste", libéré en 2020, le suspect présentait des "troubles psychiatriques" et il avait fait l'objet d'un suivi médical.

Fin octobre, "la mère de l'agresseur avait signalé son inquiétude concernant son fils, qui s'était replié sur lui-même", a encore rapporté le procureur.

Une enquête a été ouverte des chefs "d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation de crimes d'atteintes aux personnes", a-t-il également précisé.

Les investigations ont été confiées à la police judiciaire de Paris et la Direction générale de la Sécurité intérieure.

Dans une vidéo enregistrée avant de passer à l'acte, l'assaillant s'exprime en langue arabe ; il prête allégeance à l'Etat islamique et apporte "son soutien aux islamistes agissant dans différentes zones", notamment en Afrique, en Irak, au Yémen et au Pakistan, a dit le procureur.

Sur son compte X (ex-Twitter), l'assaillant avait posté "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza ou, plus généralement, la Palestine", a-t-il poursuivi.

RÉUNION À MATIGNON

Outre l'assaillant, trois personnes "appartenant à la famille ou à l'entourage de l'auteur" étaient toujours en garde à vue dimanche soir, a aussi précisé Jean-François Ricard.

Une réunion interministérielle autour de la Première ministre, Elisabeth Borne, s'est tenue dimanche soir à Paris pour "faire un point de situation complet sur les dispositifs de sécurité en place, le parcours de prise en charge des individus les plus dangereux et les suites de cette attaque mortelle", a fait savoir Matignon.

Âgée de 23 ans, la victime avait la double nationalité allemande et philippine, a fait savoir Jean-François Ricard.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s'est dit "choqué" par l'attentat. "Il apparaît à nouveau clairement pourquoi nous nous opposons résolument à la haine et à la terreur", a-t-il ajouté sur X (ex-Twitter).

Les deux blessés ont été soignés et ont pu rentrer chez aux, a dit le procureur.

L'attaque a eu lieu dans l'Ouest parisien, non loin de la Seine, vers 21 heures 30, et l'homme a été interpellé au moyen d'un pistolet paralysant taser, a dit le procureur antiterroriste, confirmant le récit du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur les lieux samedi.

L'assaillant a crié "Allah Akbar" au moment des faits, a aussi confirmé le procureur.

UNE OMBRE SUR LES JEUX OLYMPIQUES

L'attaque en plein Paris, dans un site très touristique, survient à moins de huit mois des Jeux olympiques et jette une ombre sur les conditions de sécurité pouvant être garanties pendant l'évènement prévu du 26 juillet au 11 août.

Paris prévoit d'organiser la cérémonie d'ouverture sur la Seine avec potentiellement pas moins de 600.000 spectateurs.

Les Jeux ont été préparés avec un "très haut niveau" de menace terroriste, a dit sur BFM TV le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, précisant que 35.000 policiers et militaires étaient mobilisés, et 45.000 pour la seule cérémonie d'ouverture.

Il a précisé que "plus de 40 attentats" avaient été déjoués en France depuis 2017 grâce au travail des services de renseignements, notamment. "On a essayé de limiter au maximum les trous dans la raquette", a dit Laurent Nunez.

Didier Fleury, un entrepreneur de 63 ans habitant près du lieu de l'attaque, ne cache pas son fatalisme. "Si on regarde un peu l'actualité en ce moment, ce n'est pas si surprenant que ça (...) et après, comme ce sont des actes isolés, c'est très compliqué à prévenir. On en aura sûrement encore, les fêtes approchent. Malheureusement j'ai peur que ce ne soit pas le dernier", a-t-il dit à Reuters.

Les réactions politiques ont été nombreuses.

Yaël Braun-Pivet, présidente (Renaissance) de l'Assemblée nationale, a appelé sur X à l'union "pour lutter contre ceux qui attaquent nos valeurs."

A gauche, Clémentine Autain, députée de La France insoumise, a fait part de son "horreur" et de son "empathie totale pour les proches de la victime assassinée et des blessés", tandis qu'à l'extrême droite, le président du Rassemblement national Jordan Bardella s'est demandé comment "un homme fiché, déjà condamné pour avoir planifié un attentat, cas psychiatrique notoire, dans le contexte actuel, (avait) pu se promener librement et armé un samedi soir dans les rues de Paris."

Depuis Doha, le président Emmanuel Macron a adressé ses condoléances à la famille et aux proches de la victime décédée et demandé que "justice soit rendue au nom du peuple Français".

(Reportage Elizabeth Pineau, Gilles Guillaume, Dominique Vidalon et Richard Lough, avec Manuel Ausloos à Paris et Michael Holden à Londres)