Borrell dénonce des intimidations contre la CPI, vise Israël et des pays de l'UE

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Le haut representant de l'ue pour les affaires etrangeres et la politique de securite , josep borrell, participe a une conference de presse a paris[reuters.com]
(Crédits : Sarah Meyssonnier)

MADRID (Reuters) - Le Haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a dénoncé vendredi des tentatives d'intimidation de la part d'Israël et de pays européens contre la Cour pénale internationale depuis ses réquisitions contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense.

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé lundi la délivrance de mandats d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas, Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif.

Le ministre israélien de la Défense a dénoncé un "parallèle (...) ignoble" entre l'Etat d'Israël et le mouvement palestinien, qui s'affrontent depuis le 7 octobre dernier dans une guerre meurtrière dans la bande de Gaza. Benjamin Netanyahu a fait part de son "dégoût" face à "une distorsion complète de la réalité".

Le Hamas a également rejeté les allégations de la juridiction.

Dans son dépôt de requêtes, qui seront examinées par trois juges, Karim Khan déclare avoir "de bonnes raisons de penser", compte tenu "des preuves recueillies et examinées" par la CPI que la responsabilité pénale de Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, à l'instar des trois dirigeants du Hamas.

"Le procureur n'a rien fait d'autre que de formuler une accusation sur laquelle la cour va se prononcer", a déclaré Josep Borrell sur la chaîne de télévision espagnole TVE.

Depuis les réquisitions controversées de la CPI, des divisions sont apparues au sein de l'Union européenne.

Le Haut représentant de l'UE a dit respecter le mandat de la Cour, ajoutant que tous les Etats ayant ratifié ses statuts étaient tenus d'exécuter ses décisions.

Si l'Allemagne a dit respecter l'indépendance de la CPI, elle a toutefois déploré "l'impression erronée d'une équivalence" entre Israël et le Hamas.

Même tonalité en Italie, où l'on juge "inacceptable" ces doubles réquisitions. La République tchèque s'est émue d'une décision "consternante". La Hongrie a rejeté pour sa part une "décision politique" de la part de la CPI.

"Je demande à chacun, à commencer par le gouvernement israélien et certains gouvernements européens, de ne pas intimider les juges", a souligné Josep Borrell.

"Ne les menacez pas, n'essayez pas d'influencer leur décision, parfois avec des menaces ou des récusations très sévères", a-t-il ajouté.

Le diplomate européen s'est inscrit en faux contre les critiques qui accusent la CPI d'avoir renforcé le Hamas par ses décisions.

"C'est le contraire, car la communauté palestinienne est divisée entre une Autorité que nous reconnaissons, que nous finançons, avec laquelle nous collaborons (...) et une organisation terroriste que nous considérons comme telle", a-t-il dit.

(Reportage Inti Landauro; rédigé par Emma Pinedo; version française Sophie Louet, édité par)