La politique de la BCE doit rester restrictive jusqu'en 2025, dit Lane (BCE)

reuters.com  |   |  523  mots
Philip lane, economiste en chef de la bce, lors d'une conference a l'universite de chypre a nicosie[reuters.com]
(Crédits : Yiannis Kourtoglou)

(Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) est prête à réduire ses taux d'intérêt le mois prochain, mais sa politique doit rester restrictive cette année car la croissance des salaires ne se normalisera pas avant 2026, a déclaré lundi Philip Lane, économiste en chef de la BCE, au Financial Times.

"Sauf surprise majeure, à l'heure actuelle, les éléments dont nous disposons nous permettent de lever le niveau de restriction le plus élevé", a déclaré l'économiste.

"Nous devons encore être restrictifs tout au long de l'année", a-t-il ajouté. "Mais au sein de la zone de restriction, nous pouvons assouplir quelque peu".

"Nous devons voir plus de progrès (sur l'inflation) avant de passer d'une phase restrictive à une réflexion sur la normalisation" de la politique monétaire, a ajouté Philip Lane.

Pour l'économiste, les responsables politiques de la BCE doivent maintenir les taux en territoire restrictif cette année afin de s'assurer que l'inflation continue à ralentir et ne reste pas au-dessus de l'objectif de la banque, ce qui "serait très problématique et probablement assez difficile à résoudre".

Par ailleurs, l'accélération des salaires au premier trimestre a bien été anticipée et un ralentissement est en cours, a précisé Philip Lane.

"La décélération des salaires ne signifie pas nécessairement qu'ils redeviendront immédiatement stables", a déclaré Philip Lane. "Cette année, l'ajustement est clairement très progressif".

La croissance des salaires devrait "visiblement" décélérer l'année prochaine et les responsables politiques pourront alors débattre de la normalisation de leur politique.

S'exprimant par la suite lors d'une conférence à Dublin, devant l'Institute of International and European Affairs, Philip Lane a réaffirmé que la BCE réduirait ses taux directeurs à un rythme plus ou moins rapide en fonction de la vigueur de l'inflation sous-jacente et de la demande.

"Le rythme ultérieur des réductions de taux sera plus lent en cas de surprise à la hausse de l'inflation sous-jacente et du niveau de la demande", a-t-il dit.

"Le rythme (de la réduction des taux) sera plus rapide en cas de surprise à la baisse (de l'inflation)", a-t-il poursuivi.

La BCE s'est pratiquement engagée à baisser ses taux le 6 juin, et le débat porte désormais sur la suite de la trajectoire de politique monétaire, les marchés ne pariant plus que sur une baisse des taux après juin en 2024.

Philip Lane a souligné qu'une probable baisse des coûts d'emprunt de la BCE ne signifierait pas que l'inflation est vaincue.

"La discussion sur une baisse des taux la semaine prochaine n'est pas une déclaration de victoire", a-t-il dit.

"Il y a encore beaucoup de pression sur les coûts dans l'économie européenne, nous pouvons peut-être supprimer le niveau le plus élevé de restriction mais (...) nous sommes toujours au milieu du gué".

(Reportage Jahnavi Nidumolu à Bangalore, rédigé par Balazs Koranyi, avec la contribution de Conor Humphries à Dublin et Francesco Canepa; version française Corentin Chappron et Claude Chendjou, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)