Thaïlande : L'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra va être inculpé pour injure à la monarchie

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Thaksin shinawatra lors d'une interview pour reuters[reuters.com]
(Crédits : Edgar Su)

par Panu Wongcha-um et Panarat Thepgumpanat

BANGKOK (Reuters) - Le parquet national thaïlandais a annoncé mercredi qu'il allait inculper l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra pour des accusations d'injure à la monarchie, un revers pour le politicien vétéran dont des alliés se trouvent dans le gouvernement actuel.

Un porte-parole a déclaré que l'ex-dirigeant devra comparaître au tribunal le 18 juin.

Cette procédure judiciaire découle d'une plainte des partis monarchistes pro-armée, qui avaient chassé du pouvoir le gouvernement dirigé par Yingluck Shinawatra, la soeur de Thaksin Shinawatra. Elle concerne une interview donnée à un média étranger en 2015.

Thaksin Shinawatra, 74 ans, nie toute inconduite et a répété par le passé sa loyauté envers la monarchie, qu'il est interdit de critiquer en vertu de l'une des lois en la matière les plus strictes au monde.

Plus de 270 procédures judiciaires ont été engagées ces dernières années dans le cadre de cette loi, avec des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans d'emprisonnement pour chaque insulte visant la famille royale. L'inculpation de Thaksin Shinawatra, figure incontournable de l'histoire politique du pays, est la plus médiatique de toutes.

L'avocat de l'ancien Premier ministre a déclaré qu'il demanderait la libération sous caution de son client, indiquant qu'une défense approfondie a été préparée. Winyat Chartmontri a aussi mis en doute l'authenticité de la vidéo de l'entretien lors duquel l'insulte présumée aurait été prononcée.

Thaksin Shinawatra n'était pas présent à l'audience organisée mercredi, du fait d'une infection au COVID-19, a déclaré son avocat. "Thaksin Shinawatra est prêt à démontrer son innocence", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Le milliardaire a effectué en août dernier un retour au pays alors qu'il s'était exilé pendant 15 années afin d'échapper à la prison après une condamnation pour abus de pouvoir et corruption. Ce retour a coïncidé avec la nomination de Srettha Thavisin, proche de la famille Shinawatra, au poste de Premier ministre.

Placé alors en détention, Thaksin Shinawatra a vu sa peine être réduite en septembre dernier avant d'obtenir, en février, une remise en liberté conditionnelle.

(Panu Wongcha-um, Chayut Setboonsarng et Panarat Thepgumpanat; version française Jean Terzian)