Les chars israéliens avancent au coeur de Rafah

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Un char israelien se place au coeur des debris, alors que les palestiniens fuient[reuters.com]
(Crédits : Ibraheem Abu Mustafa)

par Nidal al-Mughrabi

LE CAIRE (Reuters) - Les chars israéliens poursuivaient mercredi leur progression entamée la veille au coeur de Rafah, malgré l'arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) qui a ordonné la fin des opérations militaires dans la ville du sud de Gaza où de nombreux déplacés ont trouvé refuge.

Pour les Etats-Unis, cette offensive d'Israël ne représente cependant pas une "opération terrestre majeure" qui serait à même de convaincre Washington de changer sa politique à l'égard de son allié.

Selon Tzachi Hanegbi, qui préside le Conseil de sécurité nationale israélien, le conflit devrait se poursuivre pour sept mois encore et Israël n'est pas disposé à cesser ses opérations comme le réclame le Hamas en contrepartie de la libération des otages.

"Les combats à Rafah ne sont pas inutiles", a-t-il dit, réaffirmant que les opérations lancées par Israël dans l'enclave palestinienne visaient à éradiquer la présence du Hamas dans la bande de Gaza.

Selon les habitants de Rafah, les chars israéliens ont lancé des raids dans l'ouest, à Tel Al-Sultan, et dans le centre de la ville, à Yibna et près de Shaboura, avant de se replier sur des positions situées près de la frontière avec l'Égypte. Cette tactique contraste avec celles utilisées dans le reste de l'enclave.

Les branches armées du Hamas et du Djihad islamique ont affirmé qu'elles avaient affronté les troupes israéliennes avec des roquettes antichars et des tirs de mortier, ainsi qu'en faisant sauter des engins explosifs.

L'armée israélienne a fait état de trois soldats tués et trois autres grièvement blessés lors de combats dans le sud de la bande de Gaza mercredi, sans donner plus de détails. La radio israélienne Kan a rapporté qu'ils avaient été blessés par un engin explosif placé dans un bâtiment à Rafah.

Du côté des Palestiniens, plusieurs personnes ont été blessées mercredi matin par des tirs israéliens dans la zone est de Rafah, selon les autorités sanitaires locales, qui ont ajouté que des magasins fournissant de l'aide avaient été incendiés.

Certains habitants ont dit avoir vu ce qu'ils décrivent comme des véhicules blindés sans pilote ouvrir le feu avec des mitrailleuses dans certaines parties de la ville.

L'agence de presse pro-Hamas Shebab, ainsi que certains habitants et journalistes, ont signalé des coupures d'Internet et de réseaux mobiles dans certaines zones de l'est et de l'ouest, en raison des intenses bombardements aériens et terrestres israéliens. L'armée israélienne a déclaré qu'elle ne pouvait pas confirmer ces informations.

Dans le nord de la bande de Gaza, des chars ont bombardé plusieurs quartiers de la ville de Gaza et les forces armées ont pénétré plus profondément dans Jabalia, le plus grand des huit camps de réfugiés historiques de l'enclave.

DES HÔPITAUX CESSENT DE FONCTIONNER

Plusieurs hôpitaux situés dans des zones où l'armée opère ont cessé de fonctionner, a fait savoir le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne.

Plus d'un million de Palestiniens du territoire chassés par les combats plus au nord avaient trouvé refuge à Rafah avant le déclenchement des opérations militaires terrestres israéliennes début mai.

Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), un million de personnes ont désormais fui Rafah après avoir reçu d'Israël l'ordre d'évacuer la ville.

Le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a évacué les équipes médicales de son hôpital de campagne dans le secteur d'Al-Mawasi, désigné par Israël comme une zone d'évacuation.

Dans la ville voisine de Khan Younès, une frappe aérienne israélienne a tué trois personnes dans la nuit, dont Salama Baraka, un ancien officier supérieur de la police du Hamas, ont indiqué mercredi des médecins et des médias du Hamas.

Le Croissant-Rouge palestinien a également annoncé la mort d'un de ses employés, Issam Aqel, lors d'une frappe aérienne sur sa maison dans le camp de réfugiés de Boureij, dans le centre de la bande de Gaza. Ce décès porte à 30 le nombre de ses employés tués depuis le début de la guerre le 7 octobre, dont au moins 17 dans l'exercice de leurs fonctions.

L'armée israélienne a par ailleurs nié avoir frappé un camp situé dans une zone d'évacuation civile à l'ouest de Rafah, mardi, après que les autorités sanitaires de Gaza y ont fait état d'au moins 21 morts.

Le Hamas et les autorités sanitaires de Gaza ont rejeté ce démenti, accusant Israël de "massacre".

Près de huit mois après le début de la guerre, les deux parties sont toujours loin de parvenir à un accord de cessez-le-feu et d'échange d'otages.

Israël a transmis au Qatar sa dernière proposition de cessez-le-feu et d'échange d'otages, que le Qatar devait transmettre au Hamas mardi, a indiqué une personne au fait du dossier.

Le Hamas, qui a déclaré que les pourparlers étaient inutiles tant qu'Israël ne mettait pas fin à son offensive sur Rafah, n'a pas réagi dans l'immédiat.

Au total, plus de 36.000 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la santé de l'enclave, depuis la début de l'offensive israélienne à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre, qui a fait 1.200 morts et plus de 250 otages, selon les décomptes israéliens.

(Version française Kate Entringer)