Israël : Pas de "chèque en blanc" à l'armée pour Gaza, dit la banque centrale

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Le gouverneur de la banque d'israel, amir yaron, lors de la conference de recherche annuelle du fonds monetaire international a washington[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

par Steven Scheer

RISHON LEZION, Israël (Reuters) - Le gouverneur de la banque centrale d'Israël, Amir Yaron, a déclaré jeudi soutenir la création d'une commission chargée d'examiner le budget de la Défense du pays, jugeant que la guerre actuelle dans la bande de Gaza ne justifiait pas un "chèque en blanc" à l'armée.

Amir Yaron défend une telle initiative depuis janvier, lorsque les députés de la Knesset ont adopté un budget rectificatif débloquant des dizaines de milliards de shekels pour financer l'effort de guerre à Gaza et sur le front libanais à la suite de l'attaque du Hamas palestinien dans le sud d'Israël le 7 octobre.

Le gouverneur de la Banque d'Israël a aussi incité à plusieurs reprises le gouvernement à procéder à des ajustements budgétaires pour éviter une envolée du déficit liée aux dépenses militaires.

"Une économie prospère requiert la sécurité et la sécurité requiert une économie prospère. C'est pourquoi la guerre ne devrait pas s'accompagner d'un chèque en blanc pour des dépenses militaires permanentes et des équilibres adéquats doivent être trouvés", a dit Amir Yaron lors d'une conférence au College of Management Academic Studies.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirme que le budget de la Défense en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) a baissé ces dernières années en Israël et il a annoncé que cette trajectoire allait être redressée par le biais de 20 milliards de shekels (5 milliards d'euros) par an de dépenses supplémentaires.

Alors que le déficit budgétaire s'est établi à 7% du PIB en avril, soit au-dessus de l'objectif de 6,6% pour l'ensemble de l'année, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, souhaitait la désignation d'un comité chargé de superviser les dépenses militaires, ce à quoi s'opposait son homologue de la Défense, Yoav Gallant.

Les deux hommes sont finalement parvenus à un accord sur la formation d'une telle commission, a dit Bezalel Smotrich.

Ces divisions ont accentué les tensions déjà vives au sein du cabinet de Benjamin Netanyahu au sujet de la conduite de la guerre à Gaza.

Amir Yaron a déclaré que cette commission aurait dû être créée dès le début de l'année au regard du coût de la guerre estimé à 250 milliards de shekels entre 2023 et 2025.

"C'est assurément un fardeau budgétaire. En outre, le futur budget de la Défense devrait augmenter de manière constante, avec un impact macroéconomique", a-t-il dit. "La commission devrait examiner ces procédures avec une perspective globale pluriannuelle, avec une nécessité continue pour le système de défense d'améliorer son efficacité."

(Reportage Steven Scheer, avec Maayan Lubell, version française Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)