Stoltenberg (Otan) juge qu'il est temps de reconsidérer l'usage des armes envoyées à l'Ukraine

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Le president de l'ukraine, volodimir zelensky, et le secretaire general de l'otan, jens stoltenberg, participent a une conference de presse a kyiv[reuters.com]
(Crédits : Thomas Peter)

PRAGUE (Reuters) -Le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan), Jens Stoltenberg, a estimé jeudi que "le temps [était] venu" pour les membres de l'alliance de reconsidérer certaines des restrictions à l'utilisation des armes livrées à l'Ukraine pour lutter contre la Russie.

"Les alliés livrent beaucoup de différents types de soutien militaire à l'Ukraine et certains d'entre eux ont imposé des restrictions à l'usage de ces armes", a dit Jens Stoltenberg dans un discours à Prague avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan.

"Mais je pense qu'à la lumière de la façon dont cette guerre évolue (...) le temps est venu de réfléchir à certaines de ces restrictions, pour permettre aux Ukrainiens de vraiment pouvoir se défendre", a-t-il ajouté.

Selon une source au sein de l'Otan, Jens Stoltenberg va demander aux ministres des Affaires étrangères de l'alliance, réunis pour deux jours à partir de jeudi soir à Prague, de s'engager à fournir un minimum de 40 milliards d'euros d'aide militaire par an à l'Ukraine.

Les pays occidentaux interdisent jusqu'à présent à l'Ukraine de frapper le territoire russe avec les armes qu'ils lui livrent mais cette question les divise de plus en plus.

Certains, dont la France, plaident pour un assouplissement de ces contraintes, réclamé avec insistance par Kyiv, afin de permettre à l'Ukraine de mieux se défendre. D'autres en revanche, comme l'Allemagne et l'Italie, y restent réticents, par crainte de fournir un argument à la Russie pour les entraîner dans le conflit.

Lors d'une conférence de presse mardi aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz au château de Meseberg, près de Berlin, Emmanuel Macron a déclaré que, la Russie ayant récemment "un peu adapté ses pratiques" en bombardant l'Ukraine, notamment la région de Kharkiv, depuis son propre territoire, "on doit permettre (aux Ukrainiens) de neutraliser les sites militaires d'où sont tirés les missiles (...) mais on ne doit pas permettre de toucher d'autres cibles en Russie".

"Comment on explique aux Ukrainiens qu'il va falloir protéger ces villes (...) si on leur dit vous n'avez pas le droit d'atteindre le point d'où sont tirés les missiles ?", a dit le président français. "En fait on leur dit 'on vous livre des armes mais vous ne pouvez pas vous défendre'."

Les Etats-Unis pour leur part n'autorisent officiellement pas l'Ukraine à frapper le territoire russe.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a néanmoins déclaré mercredi qu'ils allaient "ajuster et adapter" leur position sur ce point en fonction de l'évolution du conflit. Lors d'une visite à Kyiv le 15 mai, il a déclaré que les Etats-Unis n'encourageaient pas l'Ukraine à frapper en Russie mais que la décision en revenait aux responsables ukrainiens.

(Rédigé par Benoit Van Overstraeten et Tassilo Humel, Blandine Hénault et Bertrand Boucey pour la version française)