Gaza : Douze Palestiniens tués par une frappe israélienne à Rafah

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Des palestiniens inspectent les degats apres le retrait des forces israeliennes d'une partie du camp de refugies de jabalia, dans le nord de la bande de gaza.[reuters.com]
(Crédits : Osama Abu Rabee)

par Dan Williams

JERUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a tué au moins 12 Palestiniens jeudi à l'aube dans un bombardement aérien sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tandis que des combats continuaient de faire rage en plusieurs autres secteurs de l'enclave palestinienne, ont déclaré des sources médicales gazaouies.

Israël a poursuivi son offensive sur Rafah après avoir revendiqué mercredi la prise de la zone tampon courant le long de la frontière voisine entre la bande de Gaza et l'Egypte, lui assurant le contrôle effectif de l'intégralité des limites terrestres de l'enclave palestinienne.

L'Etat hébreu affirme que la prise de contrôle de ce "corridor de Philadelphie" a coupé les voies permettant au Hamas palestinien, qu'il entend éradiquer après son attaque contre le territoire israélien le 7 octobre, d'acheminer clandestinement des armes à Gaza.

D'après des sources médicales de Gaza, 12 civils palestiniens ont été tués et un certain nombre d'autres ont été blessés dans une frappe aérienne israélienne alors qu'ils tentaient de récupérer le corps d'un civil décédé dans le centre de Rafah.

Un autre civil palestinien est mort dans un bombardement israélien sur le camp de réfugiés d'Al Chati à l'ouest de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, ont dit des médecins.

Israël a fait état d'affrontements dans le sud, le centre et le nord de la bande de Gaza mais ne s'est pas exprimé sur les victimes signalées côté palestinien à Rafah, où des centaines de milliers de civils déplacés par sept mois de guerre avaient trouvé refuge avant de devoir à nouveau fuir en prévision de l'assaut israélien sur la ville lancé début mai.

Le gouvernement israélien a déclaré jeudi que son armée avait tué environ 300 combattants palestiniens dans le cadre de cette opération contre Rafah.

Israël poursuit son offensive contre cette ville du sud de la bande de Gaza malgré l'ordre de la Cour internationale de justice (CIJ) d'y mettre fin. La CIJ a aussi ordonné la libération des otages enlevés le 7 octobre et toujours retenus par les groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza.

ISRAËL DIT QUE DES OTAGES SE TROUVENT À RAFAH

Plus de 36.000 Palestiniens ont été tués par l'offensive israélienne à Gaza, selon le bilan des autorités sanitaires liées au Hamas.

L'attaque du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre a fait 1.200 morts, outre les plus de 250 otages enlevés, selon les décomptes israéliens.

L'armée israélienne a déclaré que l'un de ses soldats avait été tué au combat dans le nord de l'enclave, portant le bilan de ses pertes à 292 morts depuis sa première incursion terrestre dans la bande de Gaza le 20 octobre.

Lors d'un entretien téléphonique au cours de la nuit de mercredi à jeudi, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a souligné auprès de son homologue américain, Lloyd Austin, l'importance de la poursuite de l'offensive sur Rafah "en raison d'informations concrètes sur la présence d'otages là-bas", ont rapporté ses services.

L'armée israélienne a aussi fait état de la découverte lors de ses dernières opérations dans le secteur de plusieurs tunnels utilisés par le Hamas pour déplacer ses combattants, acheminer des armes et en entreposer, sans préciser la destination ou l'origine de ces tunnels.

Un responsable israélien a déclaré le 15 mai qu'une cinquantaine de tunnels reliaient Rafah à la péninsule du Sinaï, en Egypte.

Cette dernière a démenti mercredi l'existence du moindre tunnel de ce type.

La conduite de la guerre à Gaza et ses conséquences suscitent de vives tensions au sein du gouvernement israélien.

Le parti centriste de Benny Gantz a ainsi proposé jeudi l'organisation d'un vote sur une dissolution de la Knesset. On ignore cependant si cette proposition, qui déclencherait des élections législatives anticipées, a des chances d'aboutir, le parti de Benny Gantz ne disposant pas de suffisamment de sièges pour faire tomber à lui seul le gouvernement.

Benny Gantz, qui a rejoint le cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu peu après le 7 octobre, a fixé ce mois-ci un ultimatum au Premier ministre en exigeant qu'il présente d'ici le 8 juin un plan pour l'après-guerre à Gaza. Il a menacé de démissionner en cas de refus.

Le Likoud de Benjamin Netanyahu a répliqué jeudi qu'Israël avait besoin d'unité et qu'une chute du gouvernement nuirait à l'effort de guerre.

(Avec la rédaction de Dubaï, Ari Rabinovitch et Ali Sawafta, rédigé par Timothy Heritage, version française Bertrand Boucey, édité par Kate Entringer)