Brexit : Macron parie sur une demande de négociation puis d'un délai

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Brexit: les britanniques premiers perdants d'un no deal selon macron[reuters.com]
(Crédits : Henry Nicholls)

GRAND-BOURGTHEROULDE, Eure (Reuters) - Emmanuel Macron a jugé mardi probable que les Britanniques demandent aux Européens d'améliorer en leur faveur l'accord de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, rejeté par la chambre des Communes, puis un délai pour la date de leur sortie.

Les Britanniques seraient les premiers perdants d'un départ sans accord ("no deal"), a estimé le président français, après la défaite retentissante infligée à la Première ministre Theresa May, qui plonge le pays dans l'incertitude.

"Première option : ils vont vers le 'no deal', donc ils disent 'il n'y a pas d'accord', ça fait peur à tout le monde, les premiers perdants de ça, ce sont les Britanniques", a dit Emmanuel Macron lors d'un débat avec 650 maires, à Grand-Bourgtheroulde (Eure).

Promettant que les intérêts de la pêche française seraient défendus dans le cadre des négociations pour la relation future, qu'il y ait accord de retrait ou pas, il a estimé que "la pression" était "plutôt chez eux".

"Deuxième option : ils nous disent 'on va essayer' - à mon avis, c'est ce qu'ils vont faire (...) - 'd'améliorer ce qu'on peut obtenir des Européens et on va revenir faire le vote'", a-t-il poursuivi. "Là, on regardera, peut-être qu'on peut améliorer un ou deux points, je ne crois pas tellement parce qu'on a été au bout de ce qu'on pouvait faire dans l'accord et on ne va pas, pour essayer de régler un problème de politique intérieure britannique, ne pas défendre les intérêts des Européens."

"On regardera mais moi je serai très vigilant à ça, je considère que c'est le mandat qui m'est donné et il a été très bien respecté par le président du Conseil européen, Donald Tusk, (...) et notre négociateur Michel Barnier", a insisté Emmanuel Macron.

"Il y a une troisième option qui est de nous dire - et à mon avis ils vont commencer par la deuxième et puis ça finira à la troisième (...) - 'au fond, on va prendre plus de temps' et donc ils vont demander d'avoir un plus grand délai pour renégocier quelque chose", a-t-il poursuivi. "Ils vont prendre plus de temps, peut-être qu'ils vont enjamber les élections européennes pour essayer de trouver quelque chose d'autre."

Le Royaume-Uni est censé sortir de l'Union européenne le 29 mars au soir. Les élections européennes auront lieu le 26 mai.

Obtenir un délai pour l'application de l'article 50, qui prévoit le départ du Royaume-Uni de l'Union, suppose d'obtenir l'accord de la totalité des Etats membres.

Ignorant les suppliques de Theresa May, qui avait répété qu'un tel vote aurait de grandes chances de se traduire par un abandon du Brexit ou par une sortie sans accord ("no deal") très préjudiciable pour l'économie britannique, les députés britanniques ont rejeté l'accord par 432 voix contre 202.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a estimé après le vote que le risque de Brexit désordonné s'était considérablement "accru".

Theresa May ne dispose désormais que de quelques jours pour élaborer un "plan B" qu'elle s'est engagée à venir présenter lundi devant le Parlement.

Compte tenu de l'ampleur du rejet mardi, il semble peu probable que le rapport de force puisse évoluer d'ici là, ce qui devrait la dissuader de soumettre une nouvelle fois le texte au vote, comme il en était question.

(Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey)