L'accord sur le Brexit est le seul possible, selon Loiseau

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le rejet par le Parlement britannique de l'accord conclu avec Bruxelles sur le Brexit est une mauvaise nouvelle car c'est "un très bon accord" et même "le seul accord possible", a déclaré mercredi la ministre française chargée des Affaires européennes.

Interrogée par France Inter, Nathalie Loiseau est convenue que le vote massif de la Chambre des communes contre l'accord négocié par Theresa May ouvrait une période d'incertitude.

"C'est un très bon accord et c'est même le seul accord possible (...) Le fait qu'il soit rejeté est une mauvaise nouvelle", a-t-elle dit. "Qu'est-ce qu'il va se passer ? C'est aux Britanniques d'en décider, de dire ce qu'ils veulent."

"On voit bien que c'est une absence de majorité pour ce texte mais on ne sait pas pour quelle issue il y a une majorité" au Royaume Uni, a ajouté Nathalie Loiseau, pour qui il n'est pas question, en tout état de cause, de renégocier l'accord.

Elle a notamment estimé que si les Britanniques demandaient un report de l'entrée en vigueur de la sortie du Royaume Uni de l'UE, prévue le 29 mars, il faudrait se poser la question "pour quoi faire".

Si c'est notamment pour demander des concessions sur l'Irlande, "on a déjà dit que ce n'est pas possible", a-t-elle ainsi averti. De même, elle a jugé "très compliqué" de repousser l'entrée en vigueur du Brexit au-delà des élections européennes.

"Si on veut une séparation ordonnée et qui permette que dans l'avenir le Royaume reste proche de l'UE, c'est ce texte. Les autres options, c'est soit pas d'accord, soit pas de Brexit", a-t-elle souligné.

"Personne ne trouve qu'une absence d'accord est une bonne solution mais on se prépare, nous, Européens, notamment nous, Français, à une absence d'accord", a ajouté la ministre. "Et donc on sera prêt."

"SANG-FROID" ET "UNITÉ"

Parallèlement aux débats à Londres, les députés français ont adopté mercredi le projet de loi habilitant le gouvernement à prendre par ordonnances les mesures de préparation au Brexit censées faire face à toutes les éventualités.

Les modalités du texte voté en première lecture ont fait l'objet d'un accord entre l'Assemblée et le Sénat.

"Une chose est absolument certaine aujourd'hui : une sortie sans accord est moins improbable. La préparation à toutes les hypothèses, y compris celle-ci, est donc plus indispensable aujourd'hui", a dit Nathalie Loiseau devant les députés.

Le texte adopté à Paris vise notamment à protéger les Français ayant vécu au Royaume-Uni et revenant en France et les Britanniques se trouvant en France pour qu'ils ne se retrouvent pas brutalement en situation irrégulière.

Il précise les droits sociaux applicables pour chacun. La reconnaissance des diplômes et des qualifications professionnelles, la validation des droits au chômage et à la retraite sont notamment concernés.

Des mesures sont prévues pour les quelque 1.700 fonctionnaires britanniques - enseignants et praticiens hospitaliers pour la plupart - vivant en France, où la Fonction publique exige d'être ressortissant de l'Union européenne.

D'autres pays européens comme l'Allemagne ont eux aussi préparé des textes préparatoires au "Brexit".

"Ce qui s'est passé hier à Londres nous oblige à faire face avec sang-froid et dans l'unité à la situation qui est la nôtre. Sang-froid, unité, les qualités ordinairement reconnues aux Britanniques et aujourd'hui oubliées d'eux sont plus nécessaires que jamais", a déclaré au Palais-Bourbon le député MoDem Jean-Louis Bourlanges, chargé de la préparation du texte.

Une réunion rassemblant tous les ministres concernés par le sujet est prévue jeudi matin à Matignon.

(Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)