"Gilets jaunes" : Castaner exige l'"impunité zéro"

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gilets jaunes: castaner promet une impunite zero samedi[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur a exigé jeudi du nouveau préfet de police de Paris qu'il applique le principe de "l'impunité zéro" lors des prochaines manifestations de "Gilets jaunes", après les émeutes de samedi dernier qui ont coûté son poste à Michel Delpuech, le prédécesseur de Didier Lallement.

"Je vous demande de faire en sorte que la doctrine de maintien de l'ordre soit effectivement et résolument mise en oeuvre sans hésitation ni demi-mesure", a déclaré Christophe Castaner lors de la cérémonie d'installation du nouveau préfet.

"Notre réponse doit être la fermeté (...) encore renforcée", a-t-il ajouté. "Je vous demande une impunité zéro. La place des black blocs est en prison, pas sur les Champs-Elysées."

Le saccage des Champs-Elysées, samedi, par des centaines de casseurs, a conduit l'exécutif, sous la pression de l'opinion, de l'opposition et de commerçants exaspérés, à annoncer lundi une batterie de mesures et le remplacement de Michel Delpuech et de plusieurs de ses collaborateurs.

Christophe Castaner a notamment rappelé quelle devrait désormais être l'attitude des forces de l'ordre.

Lorsque la présence probable d'éléments appelant à la violence et déterminés à s'en prendre aux institutions, biens, personnes et forces de l'ordre, aura été établi, les rassemblements annoncés ou envisagés devront être interdits, notamment sur les Champs-Elysées, la place de l'Etoile ou celle de la Concorde, a-t-il ainsi dit.

"Dès qu'un rassemblement se fera dans les périmètres interdits, vous veillerez à le disperser immédiatement et vous procéderez à des interpellations", a ajouté le ministre. "Je vous demande d'agir vite pour ne pas laisser la moindre chance aux attroupements de se renforcer."

Il a également demandé au nouveau préfet de veiller à ce qu'il y ait une unité de commandement et à associer les responsables des forces mobiles à la préparation du maintien de l'ordre et aux retours d'expérience.

MODERNISER LA PRÉFECTURE

Policiers et gendarmes pourront s'appuyer sur les militaires du dispositif Sentinelle de lutte contre le terrorisme, mais ces militaires "ne doivent en aucun cas participer au maintien de l'ordre", a cependant averti Christophe Castaner.

Il a également demandé à Didier Lallement de réfléchir à une réforme de la préfecture de police de Paris.

"Je ne souhaite pas remettre en cause le principe d'une organisation spécifique pour l'agglomération parisienne (...) Nous ne cherchons pas à affaiblir la préfecture de police mais à toujours mieux l'intégrer, à la moderniser", a-t-il assuré.

Didier Lallement, 62 ans, aura sous ses ordres 45.800 femmes et hommes, dont 27.500 fonctionnaires de police.

Il a notamment été conseiller au cabinet du ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement sous un gouvernement de gauche à la fin des années 1990. Il sera plus tard à l'origine de la création du renseignement pénitentiaire et des unités d'intervention et de sécurité dans les prisons (Eris).

Il a réorganisé le ministère de l'Ecologie entre 2007 et 2010, quand Jean-Louis Borloo détenait ce portefeuille sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et a été secrétaire général du ministère de l'Intérieur quand le socialiste Manuel Valls était le locataire de la Place Beauvau, en 2012-2014.

Il était depuis décembre 2017 préfet de la région Nouvelle-Aquitaine et préfet de Gironde.

(Marine Pennetier et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)