Cachemire : Islamabad réduit ses relations avec l'Inde

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Cachemire: islamabad reduit ses relations avec l'inde[reuters.com]
(Crédits : Danish Ismail)

ISLAMABAD (Reuters) - Le Pakistan a annoncé mercredi qu'il réduisait ses relations diplomatiques avec l'Inde et suspendait le commerce bilatéral en représailles à la décision de New Delhi de supprimer le statut d'autonomie de la partie indienne du Cachemire.

Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mahmood Qureshi, a précisé que l'ambassadeur indien en poste à Islamabad serait expulsé et que l'ambassadeur nouvellement nommé par le Pakistan ne prendrait pas ses fonctions à New Delhi.

La question du Cachemire, ajoute le gouvernement pakistanais, sera par ailleurs portée devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Les forces armées pakistanaises sont parallèlement appelées à la plus grande vigilance.

Aucune réaction à la riposte pakistanaise n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès du ministère indien des Affaires étrangères.

Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi a révoqué lundi l'article 370 de la Constitution qui octroyait depuis l'indépendance, en 1947, un statut spécial au Jammu-et-Cachemire, le seul Etat majoritairement musulman du pays.

New Delhi explique que ce particularisme a nui au développement économique du Cachemire, qu'il souhaite intégrer pleinement au reste du pays. Le statut d'autonomie, souligne le gouvernement indien, interdisait notamment à des individus extérieurs au territoire d'y acheter des terrains, d'y investir ou de s'y établir.

La décision s'est accompagnée d'une suspension des liaisons téléphoniques et de l'accès à la télévision et à internet, toujours en vigueur mercredi. Un black-out que New Delhi justifie par la nécessité d'éviter des troubles.

A Srinagar, la principale ville du territoire, les rues sont restées désertes pour la troisième journée consécutive, seules quelques pharmacies restant ouvertes au milieu de magasins aux rideaux tirés.

Des membres de la police fédérale indienne ont installé des barrages mobiles limitant la circulation.

Quelques incidents ont été signalés, notamment des jets de pierres en direction des forces de sécurité, qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes. "Ces protestations sont pour la plupart très localisées du fait de l'important déploiement de soldats", a déclaré sous couvert d'anonymat un agent de la police indienne.

Le gouverneur du Jammu-et-Cachemire, Satya Pal Malik, a demandé aux autorités centrales de faire en sorte que les habitants du territoire ne souffrent pas de pénuries et que leur sécurité soit garantie.

Le Sud-Cachemire, épicentre de l'insurrection islamiste ces derniers années, est totalement verrouillé, selon un fonctionnaire régional qui s'y est rendu. "L'autoroute était vide, à l'exception de quelques camions et de quelques cars transportant des ouvriers", a-t-il dit.

Le Cachemire est touché depuis la partition de 1947 par une vague de violences imputables notamment aux revendications territoriales du Pakistan et à l'insurrection de séparatistes musulmans, qui ont fait des dizaines de milliers de victimes.

Deux des trois guerres que se sont livrées les deux Etats voisins, qui appartiennent depuis vingt ans au club des puissances nucléaires, ont trouvé leur origine dans la question du Cachemire.

La Chine, autre Etat voisin, a également condamné la décision "inacceptable" de l'Inde.

La région himalayenne est divisée entre l'Inde, qui gouverne la vallée du Cachemire et la région située autour de la ville de Jammu, le Pakistan, qui contrôle un morceau du territoire à l'ouest, et la Chine, qui possède une partie à faible densité démographique au nord.

(Asif Shahzad avec Devjyot Ghoshal à Srinagar; Henri-Pierre André pour le service français)