Le chef de l'armée israélienne promet une riposte à l'attaque iranienne

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Photo d'archives montrant des drapeaux de l'union europeenne a bruxelles[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

PARIS (Reuters) - Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, a promis lundi une riposte après l'attaque iranienne malgré les appels de la communauté internationale à éviter toute escalade dans le conflit avec Téhéran.

Le cabinet de guerre israélien s'est réuni à nouveau afin de discuter d'une éventuelle réponse, mais le résultat des discussions n'était pas encore connu.

"Le lancement d'un si grand nombre de missiles, de missiles de croisière et de drones sur le territoire israélien fera l'objet d'une riposte", a affirmé de son côté le chef d'état-major Herzi Halevi, depuis la base aérienne de Nevatim, dans le sud d'Israël, qui a été endommagée lors de l'attaque.

Plus tôt, la chaîne télévisée israélienne Canal 12 a rapporté qu'Israël souhaiterait s'engager dans une action coordonnée contre l'Iran avec les États-Unis, sans étayer ses sources.

Les Etats-Unis, premier allié d'Israël, ont averti dès dimanche qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles.

L'Iran a lancé samedi des centaines de drones et de missiles en direction d'Israël, la première attaque directe de son histoire contre le territoire israélien, en guise de riposte à la frappe contre le consulat iranien de Damas le 1er avril qui a coûté la vie à un haut commandant de la force d'élite Al Qods du corps des gardiens de la Révolution.

Israël a dit avoir détruit 99% des projectiles tirés - avec l'aide des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de la Jordanie - et ses partenaires ont salué une "victoire défensive" de l'Etat juif.

"Aujourd'hui, nous allons tout faire pour éviter l'embrasement, c'est-à-dire l'escalade, et donc essayer de convaincre Israël qu'il ne faut pas répondre en escaladant", a déclaré le président français Emmanuel Macron sur BFM TV/RMC.

Il s'agit plutôt, a-t-il ajouté, d'"isoler l'Iran, réussir à convaincre les pays de la région que l'Iran est un danger, accroître les sanctions, renforcer la pression sur les activités nucléaires et puis retrouver un chemin de paix dans la région".

"La situation est très instable aujourd'hui et donc il y a une très forte mobilisation diplomatique", a-t-il insisté.

Par ailleurs, l'ambassadeur d'Iran en France, Mohammad Amin-Nejad, a été convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères, où il lui a "été rappelé, avec la plus grande fermeté, la condamnation par la France de l'attaque déclenchée par la République islamique d'Iran", selon un communiqué du Quai d'Orsay.

"UNE RUPTURE PROFONDE"

"Pour la première fois, l'Iran a décidé d'envoyer des frappes depuis son sol sur le sol d'Israël. C'est un changement, une rupture profonde. Ce qui s'est ouvert est très dangereux en termes de réaction", a poursuivi Emmanuel Macron.

"Il faut éviter qu'à chaque étape, ce soit un seuil qui soit franchi", a ajouté le chef de l'Etat, qui estime que la France a un rôle à jouer comme "puissance d'équilibre" dans la région.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a dit lui aussi espérer lundi qu'Israël ne procède pas à des représailles contre l'Iran.

"Je pense qu'ils sont parfaitement fondés à penser qu'ils doivent réagir parce qu'ils ont été attaqués, mais nous les exhortons, en tant qu'amis, à penser avec la tête et le cœur, à être intelligents et résistants", a-t-il déclaré à la BBC.

En visite à Shanghaï, le chancelier allemand Olaf Scholz a averti l'Iran contre une nouvelle attaque contre Israël tout en estimant que le gouvernement israélien devait contribuer également à apaiser les tensions.

"Nous sommes au bord du précipice et nous devons nous en éloigner", a estimé pour sa part le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, à la radio espagnole Onda Cero.

Une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'UE est prévue mardi.

SANCTIONS ?

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a indiqué que le G7 travaillait sur un ensemble de sanctions coordonnées contre l'Iran.

"J'ai parlé à mes homologues du G7, nous sommes unis dans notre condamnation de cette attaque", a-t-il dit au Parlement britannique.

L'Italie, qui assure la présidence tournante du G7, s'est déclarée ouverte à de nouvelles sanctions.

Dans une interview accordée à Reuters, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a précisé que de nouvelles sanctions nécessiteraient le soutien de l'ensemble du G7. Il a laissé entendre que toute nouvelle mesure serait axée sur des individus plutôt que sur des nations entières.

La Russie, qui s'est gardée de critiquer ouvertement l'Iran, a exprimé lundi son inquiétude sur le risque d'escalade du conflit et a appelé à la retenue.

"La poursuite de l'escalade n'est dans l'intérêt de personne", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L'attaque de l'Iran sur Israël au cours du week-end n'a provoqué que des dégâts limités sur le sol israélien. Le seul blessé grave signalé est une enfant de sept ans, touchée par des éclats d'obus.

Sur les marchés financiers, la réaction était modérée en début de journée mais la Bourse de New York a terminé en forte baisse après les dernières informations sur une riposte d'Israël.

En France, les tensions internationales alimentent les inquiétudes sécuritaires à 100 jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé un renforcement de la sécurité des synagogues et des écoles confessionnelles juives à l'approche de la fête de Pessah et "compte tenu du contexte international".

(Reportage James MacKenzie et Maayan Lubell à Jerusalem, Parisa Hafezi à Dubaï, Jeff Mason et Daphne Psaledakis à Washington, Suleiman al-Khalidi à Amman et Nidal al-Mughrabi et Adam Makary au Caire ; rédigé par Blandine Hénault et Kate Entringer, édité par Jean-Stéphane Brosse)