Soudan : Plus de deux milliards d'euros d'aide pour le Soudan récoltés à la conférence de Paris

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La france accueille une conference humanitaire pour le soudan et les pays voisins[reuters.com]
(Crédits : Sarah Meyssonnier)

par Elizabeth Pineau et Nafisa Eltahir

PARIS (Reuters) - La communauté internationale s'est engagée lundi à verser plus de deux milliards d'euros pour apporter de l'aide humanitaire au Soudan, un an jour pour jour après le déclenchement d'un conflit dévastateur pour les habitants de ce pays du nord-est de l'Afrique.

Les promesses de dons ont été faites à Paris, lors d'une conférence internationale conclue par le président Emmanuel Macron.

"Au total, plus de deux milliards d'euros seront mobilisés en faveur des hommes et des femmes du Soudan", victimes d'un conflit "qui a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde", a déclaré le chef de l'Etat.

Dans le détail, l'Union européenne devrait débourser 350 millions d'euros, la France 110 millions d'euros et l'enveloppe américaine atteint 147 millions de dollars.

L'Allemagne a annoncé le versement de 244 millions d'euros par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

"Nous pouvons réussir ensemble à éviter une terrible famine, mais seulement si nous nous activons maintenant", a déclaré cette dernière à l'ouverture de la conférence aux côtés de son homologue français, Stéphane Séjourné, du chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, et du commissaire européen à la Gestion des crises, Janez Lenarčič.

"Vingt-sept millions de Soudanais, soit la moitié de la population, ont besoin d'aide humanitaire, près de 15 millions d'entre eux sont des enfants, 18 millions sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë", a détaillé Stéphane Séjourné.

LES BELLIGÉRANTS PAS INVITÉS

Les efforts diplomatiques n'ont jusqu'à présent pas réussi à mettre fin à la guerre civile au Soudan, qui oppose Khartoum aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF).

Des milliers de civils ont été tués, selon des bilans difficiles à établir, et les deux camps ont été accusés de crimes de guerre.

Le conflit a conduit des millions de personnes au bord de la famine, provoqué des déplacements massifs de population, déclenché des massacres ethniques et des violences sexuelles dans la région du Darfour, dans l'ouest du Soudan.

"Les crimes de guerre ne resteront pas impunis", a dit Emmanuel Macron, qui s'est aussi adressé aux puissances régionales qui financent les parties en conflit au Soudan.

"Les belligérants et leurs soutiens sont responsables de la poursuite des combats", a-t-il insisté.

Dans une déclaration commune, 14 pays et plusieurs organisations comme l'Union africaine, la Ligue arabe et l'Union européenne demandent "instamment à tous les acteurs étrangers de cesser d'apporter un soutien armé ou du matériel aux parties au conflit et de s'abstenir de toute action qui exacerberait les tensions et alimenterait le conflit".

"Nous appelons tous les acteurs régionaux et internationaux à soutenir sans réserve une initiative de paix consolidée en faveur du Soudan", peut-on lire également.

Les belligérants n'ont pas été conviés à la conférence de Paris, où des membres de la société civile soudanaise se sont réunis à l'Institut du monde arabe.

Vendredi, le ministère soudanais des Affaires étrangères, proche de l'armée, a protesté.

"Nous devons rappeler aux organisateurs que le système international de tutelle a été aboli depuis des décennies", a-t-il écrit dans un communiqué.

Samedi près d'El Fasher, au Darfour, des militants locaux ont rapporté que 40.000 personnes avaient été contraintes de fuir après une attaque de RSF et de milices alliées qui ont incendié des villages, tuant au moins 11 personnes.

Le lendemain, les mêmes sources ont fait état de combats et des frappes aériennes dans la ville, qui ont fait neuf morts et 60 blessés.

(Reportage Elizabeth Pineau, version française Augustin Turpin et Federica Mileo, édité par Blandine Hénault)