Etats-Unis : Donald Trump dénonce une "escroquerie" après l'ouverture de son procès

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Photo d'illustration de stormy daniels et de donald trump[reuters.com]
(Crédits : Reuters File Photo)

NEW YORK (Reuters) - Donald Trump a comparé son procès au pénal qui s'est ouvert lundi dans l'affaire des pots-de-vin versés à l'ancienne star du X Stormy Daniels à une escroquerie, tandis que plus de la moitié des jurés potentiels ont déjà été écartés.

"Il semble que le juge ne va pas me permettre d'échapper à cette escroquerie, c'est une escroquerie ce procès", a déclaré Donald Trump dans un couloir du tribunal à la fin de la journée.

Au premier jour de ce procès pénal historique, le premier à impliquer un ancien président américain, le juge Juan Merchan a demandé à une centaine de jurés potentiels de mettre de côté tout préjugé ou opinion personnelle concernant l'accusé ou l'affaire.

Au moins 50 d'entre eux ont été écartés après avoir déclaré qu'ils ne pourraient pas être impartiaux dans le jugement. D'autres, excusés, ont déclaré qu'ils ne pouvaient pas y participer pour d'autres raisons.

La sélection des 12 jurés et 6 suppléants composants le jury populaire devrait durer une semaine.

Donald Trump est arrivé lundi au tribunal de Manhattan dénonçant de nouveau "une persécution politique" avant d'entrer dans la salle d'audience et de s'asseoir à la table de la défense, entouré de ses avocats et vêtu de son costume bleu et de sa cravate rouge caractéristiques.

Le candidat à la présidence a plaidé non coupable de 34 chefs d'accusation pour avoir falsifié des documents afin de dissimuler le paiement de 130.000 dollars (122.031,35 euros) versé par son ancien avocat Michael Cohen pour faire taire l'ancienne actrice de films pornographiques Stormy Daniels au sujet d'une relation sexuelle qu'elle affirme avoir eue dix ans plus tôt avec Donald Trump - relation que ce dernier nie.

L'homme d'affaire doit assister à l'intégralité du procès, qui devrait durer jusqu'en mai, a décidé le juge, qui a rejeté sa demande d'être excusé lors d'une audience la semaine prochaine. La Cour suprême des États-Unis à Washington doit en effet statuer sur sa demande visant à éviter un procès sur sa tentative d'annulation des résultats de la présidentielle de 2020.

Le procès doit reprendre mardi à 9h30 (13h30 GMT).

AMENDE

A l'ouverture du procès, les procureurs de New York ont demandé au juge d'infliger à l'ex-président, le premier à être jugé au pénal aux Etats-Unis, une amende et de lui rappeler qu'il pourrait aller en prison pour avoir violé une obligation de silence ("gag order") en faisant des déclarations sur des témoins potentiels.

Les procureurs ont demandé au juge Juan Merchan de lui infliger une amende de 1.000 dollars pour chacun des trois messages publiés ce mois-ci sur les réseaux sociaux au sujet de Stormy Daniels et de son ancien avocat, Michael Cohen.

"L'accusé a démontré sa volonté de faire fi de l'ordonnance. Il a attaqué des témoins dans cette affaire, et par le passé, il a attaqué des grands jurés dans cette affaire", a déclaré le procureur Christopher Conroy.

Il est interdit à l'ex-président de faire des déclarations publiques sur les témoins concernant leur témoignage potentiel, ainsi que sur les procureurs, le personnel du tribunal et les membres de leur famille si ces déclarations sont destinées à interférer avec l'affaire.

L'avocat de Donald Trump, Todd Blanche, a rétorqué que son client n'avait pas violé l'obligation de silence car il répondait aux déclarations publiques des témoins.

"Les deux témoins eux-mêmes ont parlé de leur témoignage dans cette affaire, de la réélection en cours du président Trump et, d'une manière générale, ont constamment dénigré le président Trump", a déclaré Todd Blanche.

Le juge Juan Merchan a fixé au 24 avril l'audience sur la demande des procureurs et a donné aux avocats de Donald Trump jusqu'à vendredi pour soumettre une réponse écrite.

PERSÉCUTION

Le candidat républicain âgé de 77 ans fait par ailleurs face à trois autres affaires pénales, portant sur ses efforts pour renverser le résultat de l'élection présidentielle face à Joe Biden en 2020 et sur sa gestion de documents gouvernementaux sensibles après avoir quitté ses fonctions en 2021.

Il a dénoncé toutes les affaires pénales dont il fait l'objet comme étant destinées à lui nuire sur le plan politique, tout en avertissant qu'il chercherait à retourner le département de la Justice contre ses adversaires politiques, y compris Joe Biden, s'il revenait à la Maison blanche.

Une condamnation n'empêcherait pas Donald Trump de se présenter à la présidence ou de devenir président.

Selon un sondage Reuters/Ipsos publié la semaine dernière, près de deux électeurs sur trois considèrent que les accusations portées dans cette affaire sont au moins assez graves. Un républicain sur quatre et la moitié des indépendants ont déclaré qu'ils ne voteront pas pour Donald Trump s'il était reconnu coupable d'un crime.

Stormy Daniels et Michael Cohen font partie des témoins attendus à la barre. Donald Trump a déclaré qu'il prévoyait de témoigner pour sa propre défense, un choix risqué qui l'exposerait à un contre-interrogatoire musclé de la part des procureurs.

VOIR AUSSI : ENCADRE-Les différentes procédures judiciaires visant Donald Trump

(Reportage Luc Cohen et Jack Queen à New York, avec Doina Chiacu à Washington ; rédigé par Andy Sullivan ; version française Alban Kacher, Augustin Turpin et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)