L'Otan dit "travailler" à l'envoi de missiles antiaériens à l'Ukraine

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(Crédits : Johanna Geron)

par Angelo Amante et Crispian Balmer

CAPRI, Italie (Reuters) - L'Otan travaille à l'envoi de systèmes anti-aériens supplémentaires à l'Ukraine, a déclaré jeudi le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg en réponse aux appels à l'aide de Kyiv face aux raids des forces russes.

A Bruxelles, à l'issue du Conseil européen, le chancelier allemand Olaf Scholz a dit espérer que les membres de l'Otan fourniraient prochainement six systèmes de défense aérienne Patriot à l'Ukraine.

"Nous avons compilé des données sur les différents systèmes de défense aérienne dont nous disposons à l'Otan en nous concentrant sur les systèmes Patriot. Et nous travaillons avec les Alliés pour nous assurer qu'ils redéploieront certains systèmes vers l'Ukraine", a dit Jens Stoltenberg en marge d'une réunion à Capri des ministres des Affaires étrangères du G7.

"Nous travaillons sur la possibilité de batteries supplémentaires de Patriot à l'Ukraine. Nous sommes en contact avec certains pays spécifiques", a ajouté le secrétaire général de l'Otan, qualifiant de "cruciale" cette arme de défense anti-aérienne utilisée par l'armée américaine et plusieurs pays alliés en Europe.

L'Allemagne a annoncé samedi qu'elle allait livrer à Kyiv un système de défense antiaérienne Patriot supplémentaire.

"Nous espérons en trouver six de plus dans le cadre de l'Otan. J'ai saisi l'occasion ici pour plaider en ce sens lors de nombreuses discussions", a dit Olaf Scholz à Bruxelles.

Jens Stoltenberg a déclaré que d'autres systèmes de défense pourraient être fournis à l'Ukraine. Il a cité notamment le système de missiles sol-air NASAMS.

"Des retards dans la livraison de ces équipements signifient que d'autres missiles russes vont toucher leurs cibles en Ukraine. Des retards dans la livraison de munitions signifient que la Russie va pouvoir avancer davantage sur la ligne de front", a-t-il souligné.

EMPÊCHER LA DESTRUCTION DES INFRASTRUCTURES

Un Conseil Otan-Ukraine se tiendra vendredi. Le président ukrainien Volodimir Zelensky devrait y participer par visioconférence.

L'Ukraine, pilonnée sans relâche depuis des semaines par la Russie, est confrontée à une pénurie critique de munitions et notamment de missiles antiaériens en raison du blocage de l'aide des Etats-Unis par les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, et de l'incapacité de l'UE à tenir ses engagements en la matière.

S'exprimant devant les chefs de la diplomatie du G7, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitro Kouleba a feint de s'étonner de la capacité des Occidentaux à protéger Israël, lors de l'attaque iranienne du 13 avril.

"La stratégie de nos partenaires en Israël semble être d'empêcher des dommages et des morts (...). Ces derniers mois, la stratégie de nos partenaires en Ukraine semble être de nous aider à réparer les dommages. Notre tâche aujourd'hui est de trouver un moyen par lequel nos partenaires concevront un mécanisme qui nous permettra d'éviter la mort et la destruction en Ukraine", a-t-il dit.

"Il est impossible de construire le système (de défense) israélien parce que c'est le fruit de décennies d'investissements et d'efforts et parce qu'aussi, nous tous nous pouvons mobiliser ce que nous avons de disponible ou ce que nous pouvons produire. C'est pourquoi nous sommes en train de continuer à mobiliser, chacun selon nos compétences, nos disponibilités, nos capacités, de manière complémentaire", a déclaré à ce propos le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a insisté sur la nécessité pour les pays de l'UE d'empêcher la destruction des infrastructures énergétiques ukrainiennes. "Parce que sinon, le système d'électricité de l'Ukraine sera détruit. Et aucun pays ne peut combattre sans électricité dans les maisons, dans les usines, sur internet, partout", a-t-il dit à la presse.

Jens Stoltenberg s'est quant à lui félicité de voir des signes encourageants au Congrès américain sur le possible déblocage d'une aide à l'Ukraine de 60 milliards de dollars. Un vote est programmé samedi à la Chambre des représentants.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé jeudi que cette aide s'inscrivait dans la "politique coloniale des Etats-Unis" et ne changerait guère la donne sur le champ de bataille, "loin d'être favorable à la partie ukrainienne".

(avec Nette Nöstlinger à Bruxelles, Jean-Stéphane Brosse pour la version française)