En Espagne, le sport atténue les revers économiques

José Luis Rodriguez Zapatero compte sur ses sportifs pour « relever la confiance du pays ».

Une bonne nouvelle venue du front sportif pour faire oublier l'évolution préoccupante de la situation économique?! Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, l'espérait de toutes ses forces depuis la sélection de son pays en finale de la Coupe du monde de football. Comment, sinon, « élever l'auto-estime et la confiance du pays », alors que l'Espagne sera sans doute le seul pays développé à enregistrer en 2010 une contraction de son produit intérieur brut (PIB) pour la deuxième année consécutive?: ? 0,4 % après ? 3,6 % en 2009, selon le Fonds monétaire international. Alors que les footballeurs ou le tennisman Rafael Nadal ont enchaîné succès sur succès, l'économie du pays est au fond du trou.

L'Espagne compte 20 % de chômeurs. Et la donne pour 2011 n'est guère plus réjouissante, la croissance risquant de se limiter à 0,6 % du PIB, selon le FMI.

Le pays est en outre au bord de la crise politique. José Luis Zapatero est au plus bas dans les sondages. Pour le professeur en stratégie de l'école de commerce IESE, Kimio Kase, les exploits sportifs espagnols actuels sont le pendant des succès économiques de quelques grandes entreprises nationales comme Inditex (Zara) ou Telefónica. Il les interprète comme des réussites individuelles exceptionnelles portées par la phase de prospérité qu'a connue le pays ces trois dernières décennies et qui rompent avec « trois cents ans d'une Espagne en marge de l'histoire ». Pour d'autres commentateurs, ces exploits illustrent le fossé qui se creuse entre l'Espagne qui gagne et une classe poitique qui a plongé le pays dans le marasme économique.

Mais selon Alberto Penades, conseiller technique du Centre d'investigations sociologiques (CIS), les performances de La Roja en Afrique du Sud ne pourront entraîner qu'un « élan épisodique » pour le moral espagnol. « L'éventuel impact sur la consommation d'une victoire de La Roja serait éphémère et n'aurait aucun effet structurel à moyen terme. » Et de ruiner les espoirs que pourrait fonder Zapatero?: « Une victoire n'aurait aucun effet sur l'opinion publique. Simplement, ce genre d'événement aide à ce que les mauvaises nouvelles passent plus inaperçues. » Des mauvaises nouvelles qui vont nécessairement ressurgir lors du débat sur l'état de la nation, mercredi et jeudi au Parlement.

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