Un rebond est possible, mais son ampleur sera limitée

Après un millésime 2010 volatil, l'année qui s'ouvre devrait consacrer la remontée très progressive des taux des obligations d'État des grands pays..
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Sur les marchés de dette souveraine, l'année 2010 n'a pas été de tout repos. Nourrie par la crise des finances publiques européennes et les incertitudes économiques, la volatilité des cours a mis à rude épreuve les stratégistes chargés d'anticiper l'évolution des taux. Bénéficiant des tensions sur les titres grecs puis irlandais, qui ont fait bondir dans leur sillage les taux portugais, espagnols et même italiens, les obligations des pays européens les mieux notés, France et Allemagne en tête, ont vu leurs taux baisser à des plus-bas historiques à la fin de l'été.

Dopés par la reprise espérée de « l'assouplissement quantitatif » de la Fed et les salves de statistiques américaines mitigées, les taux à 10 ans des titres américains se sont, eux, approchés des plus-bas historiques enregistrés en décembre 2008, et des records ont été enregistrés sur les échéances plus courtes. Mais ce mouvement s'est inversé au dernier trimestre, et, bien que toujours très bas, les taux d'intérêts ont, de part et d'autre de l'Atlantique, renoué avec leur position de mai dernier.« La volatilité reste très élevée sur les marchés obligataires, ce qui est normal compte tenu de l'incertitude sur l'évolution des taux d'intérêts en 2011 », souligne Éric Bourguignon, directeur taux et crédit de Swiss Life AM.

Côté européen, les turbulences sur les dettes périphériques pourraient s'amplifier au fur et à mesure des opérations. « Les émissions de dette sont traditionnellement importantes en début d'année et leurs résultats seront particulièrement scrutés par les investisseurs, notamment pour les placements espagnols », estime Sébastien Barbe, responsable obligataire chez Rothschild & Cie Gestion. Des tensions pourraient même apparaître sur les pays les mieux notés. « Leur rôle de valeur refuge a tendance à s'émousser au fur et à mesure que les aides aux pays périphériques viennent alourdir leur endettement », note Éric Bourguignon. Même les États-Unis pourraient faire face à un mouvement de défiance. « L'ampleur des réductions d'impôts [...], en creusant un peu plus le déficit, pourrait détériorer leur qualité de crédit », s'inquiète Jim Leaviss, responsable obligataire chez M&G.

S'il semble acquis que les taux des pays les mieux notés devraient poursuivre leur remontée étant donné leur bas niveau, l'ampleur du rebond est soumise à de nombreuses incertitudes, que ce soit sur l'étendue du durcissement monétaire à l'oeuvre dans les pays émergents, la santé de l'économie américaine ou les décisions politiques qui seront prises en Europe. Seule certitude : les banques centrales des pays développés devraient rester très accommodantes, ce qui tempèrera toute hausse des taux.

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