La présidentielle russe provoque l'exode de capitaux

Selon la banque de Russie, 35 milliards de dollars sont partis à l'étranger, le climat des affaires se détériorant.
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Les investisseurs étrangers retirent leurs actifs pour les placer sur d'autres marchés émergents tandis que les Russes fortunés cherchent des placements hors d'atteinte de l'influence du Kremlin, estiment les experts. Alexeï Oulioukaïev, premier vice-président de la Banque centrale de Russie, a calculé que 29,7 milliards de dollars avaient quitté le pays lors des quatre derniers mois, au rythme mensuel d'environ 7 milliards. Un « chiffre très important », a commenté mardi le patron de la Banque centrale Sergueï Ignatiev. Un phénomène qu'il explique par « le climat d'investissement défavorable en Russie, plutôt que par l'anticipation par les acteurs du marché financier d'une correction sur le marché pétrolier ».

Cet exode massif de capitaux a désagréablement surpris les autorités, mais également les experts. « En dépit d'un baril de pétrole en progression continuelle et d'une évidente reprise de la croissance [en Russie], l'existence même d'une fuite de capitaux surprend », remarque Chris Weafer, stratège chez la banque d'investissement russe UralSib. « Le fait qu'un exode soit observé sert à apporter la preuve aux investisseurs étrangers que les autochtones ne sont pas convaincus que les perspectives de croissance justifient le risque d'investir en Russie », explique-t-il. Dans le même temps, de janvier à avril, le Brésil a attiré 24,4 milliards de dollars, soit deux fois plus que l'année précédente, selon une note de EPFR Global.

Schisme Medvedev-Poutine

La période électorale crée toujours une anxiété chez les possédants, qu'ils soient oligarques, fonctionnaires fortunés et corrompus, ou petits patrons. L'habitude de Vladimir Poutine de ne dévoiler ses intentions qu'au dernier moment et la possibilité d'un schisme avec le président Dmitri Medvedev sont autant de raisons d'inquiétude pour ceux qui craignent une énième redistribution de la propriété au profit de la future administration. Les fortes inégalités sociales offrent un terrain propice aux mesures démagogiques et à la chasse à l'oligarque. Et la libération anticipée de Mikhaïl Khodorkovski - hypothèse agitée par les médias russes - ne suffirait pas à ramener la sérénité.

 

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