PODCAST Croissance : le dragon chinois ne crache plus le feu

HISTOIRES ECONOMIQUES. La traditionnelle session annuelle du Parlement chinois s'est ouverte ce matin. Le régime en a profité pour annoncer officiellement l'objectif de croissance pour cette année : 5%. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter présenté par Mathilde Munos.
Philippe Mabille
(Crédits : POOL)


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5% de croissance... c'est l'objectif que le Premier ministre Li Qiang a annoncé devant les 3 000 délégués de l'Assemblée du Peuple... Un peu plus que le FMI qui prévoit seulement 4,6%. C'est quand même une assez mauvaise nouvelle pour la Chine qui nous a habitués à une croissance plus forte. En Inde, la croissance caracole à plus de 7% par an. En fait, les ressorts économiques de la croissance chinoise se sont émoussés depuis la sortie laborieuse de la crise sanitaire.

La deuxième économie mondiale vit un peu à rebours du reste du monde

Alors que nous venons de connaître une poussée d'inflation, en Chine, la déflation menace. En janvier, l'indice des prix à la consommation a encore baissé de 0,8%. La cause de cette situation, c'est la faiblesse de la demande, qui conduit les entreprises à baisser leurs prix pour écouler leurs stocks. L'activité manufacturière était d'ailleurs aussi en baisse en février.

Officiellement, les dirigeants chinois ne s'inquiètent pas

Le président Xi Jinping, focalisé sur les questions de sécurité, ne semble pas décidé à faire une politique de relance. Dans le passé, à chaque coup de froid conjoncturel, le gouvernement chinois n'hésitait pas à baisser les taux d'intérêt et à multiplier les grands travaux d'infrastructures plus ou moins inutiles. Cette stratégie a provoqué une très grave crise immobilière avec la faillite de plusieurs géants comme Evergrande et la santé du système bancaire chinois inquiète.
En réalité, la Chine est en train de changer de modèle de croissance. Avec la baisse de la population et avec la hausse des salaires, le pays n'est plus le dragon d'autrefois. Et si on y ajoute l'impact de la hausse des droits de douanes américains, qui renchérit le prix de ses produits à l'exportation aux Etats-Unis, elle a perdu une partie de son attractivité.

La Chine n'est plus l'usine du monde

Elle l'est de moins en moins. En se normalisant, la Chine est devenue chère. Elle n'attire plus les capitaux : les investissements directs étrangers se sont effondrés passant de 2% à 0,2% du PIB en deux ans.  Pour contourner les droits de douane américains, la Chine délocalise ses usines ailleurs en Asie, au Vietnam, au Laos et au Cambodge. Résultat, le chômage des jeunes, surtout des diplômés, explose, ce qui aggrave la crise de confiance et la baisse de la consommation.

Le seul élément de soutien, mais de taille, à l'économie chinoise est la guerre en Ukraine. Avec les sanctions contre Poutine, la Chine est devenue le principal client du pétrole et du gaz russes, qui est vendu en dessous du prix de marché. Tant que cela durera, la Chine bénéficiera d'un avantage sur l'Occident avec une énergie abondante et peu chère.

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Philippe Mabille
Commentaire 1
à écrit le 06/03/2024 à 12:21
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"La Chine n'est plus l'usine du monde Elle l'est de moins en moins." Heu... faudrait savoir ! ^^ Non elle l'est toujours car elle l'était de façon totalement démesurée. Maintenant je trouve ce pays bien calme, il y a de fortes chances qu'ils aient an...

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