Précarité, maltraitance en stage : pourquoi 20% des élèves infirmiers abandonnent leurs études, selon le ministre de la Santé

Alors que la France fait face, depuis de nombreux mois, à une pénurie de soignants, 20% des élèves en écoles d'infirmières « abandonnent leurs études », déplore François Braun. Pour expliquer ce renoncement, le ministre de la Santé pointe notamment leur « précarité » financière, et même la « maltraitance » subie durant les stages de formation.
Le renoncement des études concerne aussi les élèves en médecine, de l'ordre de 10% selon François Baun.
Le renoncement des études concerne aussi les élèves en médecine, de l'ordre de 10% selon François Baun. (Crédits : Reuters)

La fuite des blouses blanches débute dès l'école. Dans les instituts de formation aux soins infirmiers (Ifsi), qui intègrent chaque année plus de 30.000 nouveaux étudiants et étudiantes, « 20%, en gros, abandonnent leurs études » au cours de leur cursus de trois ans, a indiqué François Braun lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).

Ce phénomène « me préoccupe vraiment beaucoup », a ajouté le ministre de la Santé, précisant que « l'abandon des études » était aussi « de l'ordre de 10% en médecine ».

Chez les infirmiers, les défections massives s'expliquent d'abord par les « problèmes de précarité des étudiants », en particulier des « bourses versées en retard » par les régions, notamment en Île-de-France, a expliqué François Braun. « Quand il faut attendre la deuxième partie du mois la bourse qu'on doit avoir le premier jour, c'est compliqué », a-t-il insisté.

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Des stages de formation très éprouvants

Mais là n'est pas la seule cause selon le ministre. Le renoncement est aussi lié à « la maltraitance en stage », qui débute dès l'entrée en Ifsi. « Pour leur premier stage, en première année, ils vont se retrouver en Ehpad ou en gériatrie, c'est quasi systématique », a-t-il affirmé, mais « comme ils n'ont pas de compétences d'infirmières, on leur dit « On manque d'aides-soignants, donc tu vas faire les toilettes », et en plus ils se font engueuler ».

« Ce type de stage à très forte pression, il faut les mettre plutôt en fin d'études », estime François Braun. Selon lui, pour « le premier stage, on doit faire briller leurs yeux, ils doivent être en réa, aux urgences, dans des services très pointus. »

François Braun a par ailleurs défendu la suppression du concours d'entrée dans les Ifsi, qui sélectionnait « des jeunes préformatés pour rentrer dans le cadre ». La sélection via Parcoursup, décriée par les étudiants, permet au contraire d'attirer « des jeunes avec des parcours complètement différents », auxquels « il faut que le cadre de formation s'adapte ».

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(avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 09/11/2022 à 19:05
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Et ils feront quoi en réa ou aux urgences en première année ??? A part observer et ne rien comprendre... Ridicule au plus haut point. Le concours permettrait de retenir des personnes motivées et non preformatées. De mon temps, pendant la première an...

à écrit le 08/11/2022 à 22:21
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Aujourd'hui ,une femme de 77 ans est morte le 31 août au CHU de Dijon après avoir été admise pour une fracture du fémur. Ses enfants accusent l'hôpital de l'avoir laissée à jeun pendant plus de 4 jours. Les syndicats se montrent plus réservés.

à écrit le 08/11/2022 à 17:46
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François Braun. Selon lui, pour « le premier stage, on doit faire briller leurs yeux, ils doivent être en réa, aux urgences, dans des services très pointus. » C'est sur que faire la toilette à une personne âgée ne pouvant pas se mouvoir c'est lai...

le 08/11/2022 à 21:18
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toujours à se plaindre les blouses blanches, depuis leur covid, on connait le coup. A force de crier au loup ....

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