Assurance chômage : la réforme vise à « ramener les gens vers l'emploi », défend Catherine Vautrin

La ministre du Travail Catherine Vautrin a assuré jeudi sur franceinfo que la réforme de l'assurance chômage annoncée mercredi par le Premier ministre Gabriel Attal visait à « ramener les gens vers l'emploi » avec un effort d'accompagnement et de formation.
La ministre du Travail, Catherine Vautrin. (photo d'illustration)
La ministre du Travail, Catherine Vautrin. (photo d'illustration) (Crédits : © Vincent Boisot pour La Tribune Dimanche)

La réforme de l'assurance chômage annoncée par Gabriel Attal vise à « ramener les gens vers l'emploi », selon Catherine Vautrin. Pour rappel, la ministre du Travail a été chargée par le Premier ministre, invité du 20h de TF1 mercredi soir, « de préparer de nouvelles négociations » sur l'assurance chômage en vue d'une réforme d'ici l'automne.

« Le Premier ministre a ouvert des pistes parce que notre priorité, c'est le dialogue social », a affirmé ce jeudi matin la ministre, qui a assuré que « nous faisons cette réforme pour ramener les gens vers l'emploi ». Il faut pour cela « essayer d'accompagner au plus vite », car « plus vous restez longtemps au chômage, moins vous avez de chances de retrouver un boulot », a-t-elle fait valoir.

Interrogée sur l'excédent de l'assurance chômage, Catherine Vautrin a assuré que « la trajectoire est à 11 milliards en 2027 » et rappelé que ce régime « permet de financer la formation ».

« C'est un investissement social que d'accompagner celles et ceux qui sont dans une situation de chômage parce que c'est leur permettre de rebondir. »

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Revenant sur les « pistes » évoquées par Gabriel Attal, Catherine Vautrin a expliqué que « ce sur quoi on peut travailler, c'est, d'une part, les conditions d'affiliation ». En clair, « combien de temps faut-il travailler sur une période donnée pour bénéficier du chômage ? ». Aujourd'hui, « en deux ans, il faut avoir travaillé six mois. Ça se discute », a-t-elle lancé.

Un autre sujet serait « la durée d'indemnisation », aujourd'hui de 18 mois en règle générale, a-t-elle assuré, en rappelant que le Premier ministre ne privilégiait pas la piste du montant de l'indemnisation. Les annonces du chef du gouvernement constituent « une position de négociation », a-t-elle martelé.

Trois pistes pour réformer l'assurance chômage

Mercredi soir, Gabriel Attal a annoncé avoir demandé à sa ministre du Travail « de préparer de nouvelles négociations, qu'on puisse relancer une discussion avec les partenaires sociaux autour d'une vraie réforme, plus globale de l'assurance chômage ».

« Une des pistes, c'est de réduire cette durée d'indemnisation de plusieurs mois », mais « je ne pense pas qu'il faille que ça aille en dessous de douze mois », a déclaré Gabriel Attal au micro de TF1.

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Le chef du gouvernement a évoqué les deux autres « pistes » pour réformer l'assurance chômage : à savoir toucher au temps minimal qu'il faut avoir travaillé pour bénéficier du chômage - aujourd'hui six mois lors des deux dernières années - et le « niveau d'indemnisation du chômage ». Cette dernière « piste » a « moins (sa) préférence » mais « on va laisser les partenaires sociaux travailler ».

« Je veux que nous ayons les paramètres de cette réforme à l'été pour qu'elle puisse entrer en vigueur d'ici à l'automne, comme je m'y suis engagé », a-t-il ajouté.

« Mon objectif, ce n'est pas de m'en prendre à tel individu ou aux chômeurs, c'est de faire bouger un système pour inciter davantage à la reprise d'emploi », a encore estimé le Premier ministre.

Les syndicats vent debout contre une nouvelle réforme

La CGT a qualifié d'« inacceptable » l'annonce d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage. « C'est inacceptable dans la méthode et dans le fond, la seule chose annoncée par Gabriel Attal ce soir, c'est encore taper sur les précaires ou les chômeurs », a déclaré à l'AFP Denis Gravouil, négociateur pour la CGT dans les négociations sur l'assurance chômage.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon prévient pour sa part : « Attention, le régime d'assurance chômage ne peut pas être une variable d'ajustement budgétaire de l'Etat ! ».

« Une nouvelle réforme est annoncée, cela ne nous empêchera pas de terminer la négociation en cours et de respecter nos engagements, la CFDT continuera de pousser des revendications pour que les efforts soient équitablement répartis », a ajouté la leader du premier syndicat français.

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François Hommeril, président de la CFE-CGC, considère que l'annonce de Gabriel Attal est « la caractérisation de ce qu'est un discours populiste, c'est-à-dire méconnaître les faits, braver la réalité sans aucun état d'âme ». « Je suis médusé par le ton, par le cynisme absolu de ce discours qui méconnaît ce que c'est la situation d'un chômeur : on va lui imposer des mesures de rétorsion comme s'il était responsable en partie ou en totalité de sa situation. C'est faux. »

Le leader de la CFTC, Cyril Chabanier, s'est lui dit « très inquiet ». « Rendre plus difficile l'accès au chômage ou baisser l'indemnisation, c'est quelque chose qui ne fonctionne pas, ça n'a jamais fonctionné ». Michel Beaugas (FO) a, de son côté, dénoncé « une belle fable » du Premier ministre « selon laquelle c'est l'assurance chômage qui empêche les employeurs d'embaucher ».

Les économistes sont sceptiques

Les économistes interrogés par La Tribune sont également perplexes à l'idée d'un nouveau tour de vis de l'assurance chômage. Et pour cause, aucune étude n'a encore permis de démontrer l'efficacité des réformes controversées de 2019 et de 2023, menées en ce sens par le gouvernement. Bertrand Martinot, économiste à l'Institut Montaigne et spécialiste de la question du chômage, estime notamment qu'«en période de hausse du chômage et de croissance nulle, diminuer les durées d'indemnisation n'aura aucun impact sur le retour à l'emploi ».

Interrogé sur la perspective d'une nouvelle réforme, Clément Carbonnier s'attend lui à « des effets négatifs sur les conditions de vie et les salaires des chômeurs et des non-chômeurs ». « Plus on serre la vis sur les règles du chômage, plus on met de pression sur les salaires de tous les travailleurs », explique-t-il, ces réformes ayant pour conséquence de « diminuer le pouvoir de négociation des travailleurs ».

(Avec AFP)

Commentaires 16
à écrit le 29/03/2024 à 7:44
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LOOL ! Faudrait changer de disque au moins ! ^^ Nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 28/03/2024 à 20:34
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Ils vont réussir à installer l’idée que c’est une réforme sociale pour le bien des chômeurs. Et tout le pognon va servir à boucher le trou de la sécu générée par les pensions retraites augmentées 2 ans de suite de 5,5% pour 30 milliards d’euros. Ils ...

à écrit le 28/03/2024 à 20:23
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Sans déc' 43 ans de cotisation pour 18 mois d'indemnisation c'est déjà une très grosse arnaque mais le cousin du Shérif de Nottingham résidant au palais de l'Elysée estime que son régime ne prend pas assez aux travailleurs... pauvres (cf. explosio...

à écrit le 28/03/2024 à 19:16
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Je n'ai jamais connu le chômage mais j'en ras le bol de ce haro sur les chômeurs. Penser que salarié licencié chef de famille avec crédit immobilier voiture ne ensemble qu'à rester bien au chaud au chômage. Vaut il mieux perdre sa maison parfois des ...

à écrit le 28/03/2024 à 14:27
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Ramener les chômeurs vers l'emploi quand il n'y a pas d'emploi n'est pas une solution, çà ne sert qu'à ne plus indemniser le chômage.

le 28/03/2024 à 14:39
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Oui, il s'agit de faire des économies sur le dos des chômeurs pour maintenir les pensions et les niches fiscales de l'électorat retraité que Macron a piqué aux LR en réprimant violemment les Gilets Jaunes (qui étaient pourtant dss petits joueurs comp...

le 28/03/2024 à 16:44
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il y a bcp d'offres non pouvues. Donc il y a de l'emploi. Les gens choisissent le chomage plutot que des boulots qu'ils jugent pas assez bien pour eux.

le 28/03/2024 à 18:16
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@bof on voit que vous n'avez jamais du travailler dans la sous-traitance, vous.

le 28/03/2024 à 18:44
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...et surtout quand il s'agit de la sous-traitance de services public après des appels d'offre !!! Il serait temps d'ouvrir les yeux Mme La Ministre

à écrit le 28/03/2024 à 13:10
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Ils ne peuvent pas venir devant les Français et leur dire tout simplement: " désolé mais nos mauvaises décisions qui ont amené la France à la faillite ne nous permettent plus de vous assurer le niveau de vie que vous avez. Désormais comptez sur une b...

le 28/03/2024 à 14:47
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Oui, le positionnement en gamme de l'industrie française obligeait à dévaluer régulièrement le Franc, c'est pour ça que les libéraux-rentiers voulaient la démanteler...

à écrit le 28/03/2024 à 12:20
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Une ministre du Travail qui ignore que l'IA, la robotique et la numérisation des pans entiers de l'économie vont détruire plus d'emplois que d'en créer. Que la destruction-créatrice Shumpétérienne est un mythe avec la troisième révolution industriell...

à écrit le 28/03/2024 à 12:03
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J'ajouterais que quand des entreprises privées ne sont jamais aussi rentables que quand elles sont fermées pour cause de confinement et les salariés, on peut se demander s'il ne faudrait pas instaurer un permis à être patron pour dégager les viandard...

à écrit le 28/03/2024 à 11:53
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Pour ma part, je trouve inacceptable la réduction de la durée d'indemnisation du chômage si on ne donne pas préalablement un grand coup de torchon dans le secteur privé... Je peux en parler car publier de fausse offres d'emploi et dire qu'on peine à ...

à écrit le 28/03/2024 à 11:28
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Ne nous y trompons pas ! Tout est fait pour la baisse des salaires et pensions en augmentant la concurrence entre les individues ! Management par le chaos !

le 28/03/2024 à 14:41
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Oui baisser les salaires et les futures pensions pour maintenir les pensions et les niches fiscales des retraités actuels, tel est le fonds de commerce de la droite et de la gauche caviar...

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