Attractivité : la France fait la course en tête en Europe loin devant l'Allemagne et le Royaume-Uni

Le nombre d'investissements étrangers a légèrement augmenté en 2022 (1.259 ; +3% par rapport à 2023) après un fort rebond en 2021 (1.222) d'après le dernier baromètre EY. En revanche, le nombre d'emplois créés a dégringolé de 15% passant de 44.751 à 38.102.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

L'attractivité de la France semble résister aux vents contraires. Malgré les longues années de pandémie et la guerre en Ukraine, l'économie tricolore a tiré son épingle du jeu en 2022. Les confinements à répétition et le choc du conflit sur les prix n'ont pas dissuadé les entreprises étrangères de venir investir dans l'Hexagone.

Lire aussiAprès la crise sociale, Macron s'empare de la réindustrialisation pour reprendre la main

Selon le dernier baromètre EY dévoilé ce mercredi 10 mai, la France fait la course en tête en Europe avec 1.259 projets recensés en 2022. « Malgré ce contexte européen atone et difficile, la France maintient sa première place », confirme à La Tribune Marc Lhermitte, consultant au cabinet d'audit. Le nombre de projets a même augmenté de 3% par rapport à 2021 (1.222) et se situe à un sommet sur la dernière décennie.

La France fait la course en tête, l'Allemagne et le Royaume-Uni en repli

L'Hexagone conserve cette première place pour la quatrième année consécutive. « La France dans un système mondial complexe s'en sort mieux que les autres » face aux crises de l'inflation et de l'énergie, souligne Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, l'agence en charge de l'image de l'Hexagone à l'étranger et ancien député La République en Marche lors du premier quinquennat Macron.

Car en Europe, la situation est plus sombre. Les projets d'investissements ont stagné sur l'ensemble du Vieux continent entre 2021 et 2022 (+1%). Surtout, ils sont loin d'avoir retrouvé leur niveau d'avant crise sanitaire. La dégradation des perspectives économiques par le Fonds monétaire international (FMI) et plusieurs instituts de conjoncture dernièrement ne laissent pas présager d'amélioration sur les décisions d'investir des entreprises étrangères.

Lire aussiEn zone euro, la chute de la productivité devient un phénomène de plus en plus préoccupant

Certains voisins européens de la France sont, en effet, en perte de vitesse. C'est par exemple le cas du Royaume-Uni (-6% entre 2021 et 2022) qui a recensé 929 projets l'année dernière. Le Brexit continue de peser sur les stratégies des entreprises sans compter la crise politique qui a fait trembler le pays à l'automne 2022 après la démission hâtive de l'ex-Première ministre Liz Truss. Le Royaume-Uni paie les conséquences du Brexit, dont l'effet sur les industries exportatrices est indéniable indique le cabinet.

En Allemagne, le nombre de projets est également en repli (-1%) entre 2021 et 2022 (832). « L'Allemagne n'est pas vraiment intéressée par les investissements étrangers avec un plein emploi et des chaînes de production très organisées dans l'industrie », indique Marc LhermitteÀ cela s'ajoute la forte dépendance de l'économie allemande au gaz et pétrole russe qui a renchéri les coûts de l'énergie en 2022.

Du côté de l'Espagne, les projets d'investissement sont également en diminution (-10%). En revanche, l'Italie tire son épingle du jeu avec une hausse spectaculaire de 17%.

Le nombre d'emplois par projet continue de chuter

Malgré ces résultats favorables à l'Hexagone, certains chiffres viennent assombrir ce tableau. Le nombre d'emplois au global a chuté de 15% entre 2021 et 2022, passant de 44.751 à 38.102. C'est un niveau qui reste supérieur à celui de la période 2010-2016, mais il s'agit d'une chute importante d'une année sur l'autre. « On peut se féliciter du nombre de projets en France. En revanche, ce sont des petits projets et surtout des extensions. C'est un problème important. Il y a 33 emplois générés en France en moyenne contre 58 en Allemagne », explique Marc Lhermitte. « Comment l'Allemagne arrive à fixer plus de projets importants ? Elle a un avantage concurrentiel en matière de droit du travail collectif et de temps des procédures », ajoute l'expert. Parmi les autres grandes puissances du Vieux continent, l'Italie (148) et l'Espagne (326) sont largement devant la France.

Lire aussiPlein emploi, salaires, industrie verte... Borne détaille son copieux programme de réformes

Les dirigeants inquiets pour les trois prochaines années

Interrogés sur les perspectives à trois ans, les dirigeants se montrent de plus en plus inquiets. Après avoir atteint un pic d'optimisme en 2021 (74%), la part des dirigeants estimant que l'attractivité va s'améliorer dans les trois prochaines années ne cesse de chuter pour s'établir à 53% en 2022. « C'est une chute importante sur la confiance à trois ans. Cela restitue le contexte compliqué en Europe et en France », indique Marc Lhermitte. Les auditeurs évoquent la hausse du coût de l'énergie et des matières premières, la baisse de la consommation et la remontée des taux d'intérêt pesant sur le moral des patrons.

À cela s'ajoutent les mouvements sociaux liés à la réforme des retraites. L'enquête auprès des dirigeants s'est déroulée du 15 février au 15 mars en pleine contestation. « Les tensions politiques et sociales ont pu conduire les dirigeants internationaux à s'interroger sur la capacité du gouvernement à poursuivre les réformes permettant d'améliorer la compétitivité, réduire la dette et le déficit commercial, soutenir l'investissement "made in France" », souligne le cabinet d'audit. Pour tenter de tourner la page de la réforme houleuse des retraites, Emmanuel Macron doit entamer une séquence consacrée à la réindustrialisation. Entre la grande réception organisée à l'Élysée ce jeudi et le sommet Choose France lundi prochain, le chef de l'Etat veut redorer l'image de l'Hexagone à l'étranger.

Lire aussiClimat social, blocage politique : l'attractivité française fragilisée

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 11/05/2023 à 10:01
Signaler
Avec 8 millards de déficit pour le commerce extérieur en avril il y a du boulot.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.