
Emmanuel Macron veut tourner la page de la réforme décriée des retraites. Après de longs mois de mobilisations et de grèves, le chef de l'Etat s'apprête à recevoir une centaine d'invités au palais de l'Elysée ce jeudi 11 mai sur le thème « Accélérer notre réindustrialisation ». Sont attendus des chefs d'entreprise, des parlementaires, des élus de collectivités et des associations. Le président devrait également être épaulé par plusieurs ministres dont Bruno Le Maire (Economie), Roland Lescure (Industrie), Christophe Béchu (Ecologie), Agnès Pannier-Runacher (Energie), Marc Fesneau (Agriculture). L'entourage du président a déclaré qu'il y aura des annonces sur le projet de loi industrie verte qui doit être présenté en conseil des ministres la semaine prochaine.
Il doit enfin prononcer un discours en fin d'après-midi sous les dorures de l'Elysée avant de se rendre à Dunkerque vendredi dans le Nord. Lundi prochain, Emmanuel Macron s'apprête à dérouler le tapis rouge à 200 grands patrons étrangers dans l'enceinte prestigieuse du château de Versailles dans le cadre du Sommet Choose France.
Un mois après la promulgation de la loi sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron entend reprendre en main l'agenda des réformes au pas de charge en misant sur l'économie. Mais la défiance dans la population est loin d'être retombée. L'indicateur synthétique de la confiance des ménages de l'Insee est au plus bas à 81, soit un niveau inédit depuis 2013 à l'exception de l'été 2022 où il était à 80 et bien inférieur à sa moyenne de long terme (100 entre 1987 et 2022). Et les derniers indicateurs économiques sont loin d'être au vert. L'inflation continue de plomber la demande des ménages et la croissance du produit intérieur brut est atone.
Macron veut miser sur son bilan...
Un an jour pour jour après sa réélection au scrutin présidentiel, Emmanuel veut miser sur son bilan. « La politique du président a contribué à faire revenir la compétitivité de la France dans la moyenne européenne », assure l'entourage du chef de l'Etat. Depuis son arrivée à la tête de l'Etat, l'ancien ministre de l'Economie sous François Hollande a mis l'accent sur la politique de l'offre.
Entre la baisse de l'impôt sur les sociétés (de 33% à 25%), la transmission du CICE en baisse pérenne de cotisation, la suppression de l'impôt sur la fortune (IFI), la mise en place d'une flat tax, Emmanuel Macron a largement baissé la fiscalité sur les entreprises et les ménages les plus aisés lors de son premier mandat. Et il compte bien poursuivre sa politique macroéconomique.
Lors d'une réunion téléphonique avec les journalistes, ses conseillers ont mis l'accent sur la fin de la CVAE, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Cette suppression doit se dérouler sur deux ans pour un total de 9 milliards d'euros. « C'est une mesure d'attractivité qui nous rapproche de la moyenne européenne des impôts de production », indique l'Elysée.
...et l'attractivité de la France
Le chef de l'Etat veut également redorer l'image de la France chez ses voisins après la séquence houleuse des retraites. A l'étranger, la presse a fait part « des impasses » du gouvernement après l'utilisation du 49-3. Dans ce contexte médiatique brûlant, Emmanuel Macron « a fait du renforcement de l'attractivité une priorité forte » avancent les conseillers du président. « L'objectif est de catalyser les investissements étrangers et de nouveaux investisseurs », poursuivent-ils. Pour cette nouvelle édition de Choose France prévue lundi prochain, « on devrait atteindre un nouveau record » en matière d'investissements. L'année dernière, 10,8 milliards d'euros d'investissements avaient été annoncés sur deux éditions.
Chaque année, les dirigeants étrangers annoncent une pluie d'investissements sur le territoire français. Quant à savoir si ces annonces se concrétisent bien sur le terrain, l'Elysée assure que « le suivi est assuré par l'agence Business France » en charge notamment de l'image de la France à l'étranger. « Certains projets peuvent être revus mais la plupart des annonces sont suivies d'effets », assurent les proches du chef de l'Etat. Et « la réindustrialisation est bien repartie » selon l'Elysée.
D'après un bilan communiqué aux journalistes, la France a enregistré un solde positif « de 300 usines supplémentaires en 2017 et 2022 contre 600 disparitions nettes entre 2008 et 2016 ». Malgré cette hausse, les difficultés sont loin d'avoir disparu. Dans le Nord, les fermetures consécutives de l'usine Buitoni et d'une unité de production du géant du sucre Tereos risquent de porter un coup dur à tous ces efforts dans une région qui porte encore les séquelles d'une désindustrialisation massive.