Borne III : Macron veut-il amorcer le tournant de la rigueur ?

Le président de la République a déroulé sa feuille de route devant le gouvernement Borne III en mettant l'accent sur « l'indépendance » du pays. Il a insisté sur les quatre grands chantiers des années à venir (réindustrialisation, planification, services publics et ordre républicain) mais aussi les dossiers d'urgence (soutiens aux maires, sécheresse, canicule). Le chef de l'Etat veut également « un cadre exigeant » pour les finances publiques à la rentrée. Emmanuel Macron a fortement insisté sur l'autorité et l'exemplarité nécessaire des ministres.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron lors de son intervention avant le conseil des ministres ce vendredi 21 juillet.
Emmanuel Macron lors de son intervention avant le conseil des ministres ce vendredi 21 juillet. (Crédits : Reuters)

Les vacances promettent d'être studieuses pour le gouvernement. Au lendemain de l'annonce au compte-goutte de la nouvelle équipe ministérielle, Emmanuel Macron a fixé le cap pour les prochaines années en amont du conseil des ministres. « J'ai choisi la continuité et l'efficacité pour les temps qui s'ouvrent devant nous », a-t-il déclaré dans un discours long de 25 minutes. En envoyant le communiqué tard dans la soirée de jeudi, l'Elysée n'a pas provoqué de surprise. Après de longs atermoiements et de nombreux couacs dans la communication, le chef de l'Etat a finalement conservé une grande partie de ses ministres.

Certains poids lourds du gouvernement sont toujours à leurs postes. Gérald Darmanin a conservé l'Intérieur. Bruno Le Maire reste à l'Economie, Eric Dupont Moretti à la Justice, et Sébastien Lecornu à la Défense. Les deux grandes surprises concernent le ministère de l'Education nationale avec l'arrivée de Gabriel Attal auparavant au Budget et celui de la Santé désormais piloté par l'ex-directeur de cabinet d'Elisabeth Borne, Aurélien Rousseau. A Bercy, l'arrivée du député de Gironde et chantre de « la startup nation » Thomas Cazenave aux manettes des comptes publics ne devrait pas provoquer de grand chamboulement dans la politique budgétaire entamée depuis 2017.

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Réindustrialisation et planification écologique

Dans son intervention très solennelle, le chef de l'Etat a rappelé sans vraiment de surprise les grands chantiers prioritaires de la réindustrialisation et de la planification écologique. Pendant son allocution, le chef de l'Etat est revenu sur les trois textes présentés par l'exécutif « pour déployer plus vite les énergies renouvelables, les nouveaux réacteurs nucléaires, et verdir plus rapidement le système productif ». Initialement prévue à la mi-juillet, la présentation « dans sa complétude » de la planification écologique « qui touchera tous les secteurs devrait avoir lieu à la rentrée », a précisé le chef de l'Etat.

Face à l'urgence de reconstruire après les émeutes, le gouvernement a complètement chamboulé son agenda des « 100 jours ». La mort du jeune Nahel tué par un policier à bout portant pour un refus d'obtempérer lors d'un contrôle routier a mis le feux aux poudres dans les quartiers populaires.

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« Un cadre exigeant »pour les finances publiques

Sur le front budgétaire, le chef de l'Etat a souhaité « un cadre exigeant » pour les finances publiques. « Nous allons pleinement définir la stratégie de finances publiques qui nous permet d'être fort. Elle doit donner le chemin de baisse de la dette, de diminution des impôts et de réduction des déficits », a-t-il complété. Au ministère de l'Economie, le nouveau ministre des Comptes publics Thomas Cazenave sera rapidement plongé dans les volumineux rapports budgétaires.

Il doit rendre les derniers arbitrages budgétaires avant la présentation du projet de loi de finances traditionnellement prévue à l'automne. Lors de la passation de pouvoir vendredi matin, ce fidèle macroniste a fait du redressement des comptes publics de la France et du financement de la transition écologique ses priorités. « Il n'y a ni modèle social pérenne, ni souveraineté, ni justice si nous ne parvenons pas à réduire notre déficit et à faire refluer progressivement la dette », a-t-il déclaré.

Afin de financer les montagnes d'investissements de la transition écologique, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a écarté tout recours à l'endettement ou la taxation des plus hauts revenus. Le nouveau comptable de l'exécutif va devoir raboter certaines niches fiscales favorisant l'énergie fossile pour tenter de récupérer des subsides et les flécher vers les investissements de la transition.

Un nouveau conseil de la refondation à l'automne

Sur le plan méthodologique, Emmanuel Macron a annoncé qu'il voulait relancer un conseil national de la refondation à l'automne malgré les critiques. « Il faut être à la tâche et au service d'un projet collectif pour les Français a-t-il averti devant ses ministres. « J'attends de vous de l'efficacité. Les décisions n'arrivent pas suffisamment vite. Nous devons redoubler d'énergie pour que l'efficacité soit là  », a-t-il poursuivi.

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Encore sans majorité absolue au Parlement, le gouvernement va encore « devoir bâtir des majorités sur les textes ». Mais cette stratégie a montré ses limites cette année, notamment sur des réformes controversées comme les retraites. La première ministre Elisabeth Borne a dû brandir l'article 49-3 et d'autre outils constitutionnels pour passer outre le vote des parlementaires.

Des gages à la droite avant les sénatoriale et les européennes

Lors de son intervention, Emmanuel Macron a fortement insisté sur « l'ordre républicain» et « l'autorité ». Après les émeutes de juin dernier, le gouvernement n'a pas hésité à communiquer sur la hausse des moyens régaliens et la réponse sécuritaire. Derrière cette communication, Emmanuel Macron prépare le terrain pour les nombreuses échéances électorales à venir. De septembre prochain à juin 2024, la macronie va devoir aller chercher des soutiens à droite au cours des élections sénatoriales et européennes. Autant dire que l'année à venir s'annonce chargée.

Grégoire Normand
Commentaires 22
à écrit le 22/07/2023 à 23:18
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Ras le bol de payer la lachete et l’incompetence de ces pseudoselites

à écrit le 22/07/2023 à 20:22
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Continuité - efficacité - exemplarité : cherchez l'intru.

à écrit le 22/07/2023 à 18:09
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dans un rapport révélé par CHALLENGES le 3/02/2021 ( secret dépenses et inquiétante opacité des frais de fonctionnement des cabinets ministériels. un observatoire de l éthique dénonce t il toujours le manque de transparence sur les frais ? pou...

à écrit le 22/07/2023 à 13:05
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La vraie rigueur pour un pays est quand on dépense moins de ce qu'on gagne pour rembourser nos dettes (donc excedent budgetaire). En France elle viendra mais pas par choix: le socialisme finira quand l'argent des autres sera parti ailleurs. L'Allemag...

le 22/07/2023 à 13:25
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c'est a l'etat de reduire son train de vie et dire adieu aux palais et aussi verifier les versement fait hors de france. securite social et retraite et accident de travail et en plus un president elu mais pas de garde robe pour madame et vice ver...

à écrit le 22/07/2023 à 10:25
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Pas la peine de commenter les 25' de MACRON, il suffit de poser la question : avez-)vous été convaincu par le discours de MACRON en conseil des Ministres ? 78% NON, 22% OUI. Et encore ce sont plutôt des chiffres de ...DROITE.

à écrit le 22/07/2023 à 10:23
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Non mais arrêtez vos délires la rigueur on la subi depuis belle lurette maintenant, depuis la fin des trente glorieuses et là je dis une lapalissade.

le 23/07/2023 à 14:04
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En fait, c'est pire que ça, on fait, de la FAUSSE rigueur, des discours culpabilisateurs vis à vis du pékin moyen et dans le même temps du clientélisme à tout va pour la bourgeoisie soutenant les partis se succédant au pouvoir depuis 50 ans et dont M...

le 24/07/2023 à 8:04
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Enfin de la fausse rigueur avec 800 milliards de dettes supplémentaires quand même hein, alors je suis entièrement d'accord avec vous c'est du fric qui part vers les réseaux et autres copains mais on ne peut pas dire qu'ils ne fassent pas d'efforts p...

à écrit le 22/07/2023 à 9:56
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Pourquoi donnez vous autant d’importance et de crédit a ce "remaniement"? Avant Macron imposait ces décision par 49.3 qu'il imposait à Borne de faire et demain il imposera ces décisions a coup de 49.3 que Borne sera imposer de faire... Où est le rem...

à écrit le 22/07/2023 à 9:06
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Le constat est clair: nous dépensons trop, beaucoup trop et mal. La question n’est pas de savoir si certains secteurs doivent être pilotés par le privé ou par le public, l’un ou l’autre est possible si les services rendus sont au rendez-vous, mais qu...

le 22/07/2023 à 13:41
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Et que pensez vous des dépense de notre président? Comment justifier que celui ci a reçu le remboursement de sa campagne présidentielle (on peu même dire ces) comme celles de ces concurrents? Argent qu'ils avaient déjà reçu par des dons de très riche...

à écrit le 22/07/2023 à 3:35
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Les francais vont etre un peu plus pressurises. Inflation, recession et pauperisation sont les mamelles de la micronnie. Beaucoup vont souffrir, mais les marches n'en n' ont cure.

à écrit le 21/07/2023 à 21:39
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Avec du socialo a gogo partout .. pas de rigueur au contraire .. c est du racolage d electeur de gauche .. car il n a plus que ça a draguer pour garder une majorité

à écrit le 21/07/2023 à 19:07
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Évidemment qu'il va entamer le virage de la rigueur (l'austérité, l'orthodoxie budgétaire, bref, appelez cette contracture comme vous le souhaitez). Imaginez un instant un gugusse déjà serré au niveau de son budget (qu'il doit par ailleurs réviser à ...

à écrit le 21/07/2023 à 18:46
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Il faudra bien qu'un jour, que l'on arrive à la rigueur budgétaire. Nous faisons tous les ans 150 milliards de déficit et nous sommes déficitaire depuis 50 ans. Il faudra peut être commencer à être sérieux. Des âmes sensibles ne vont pas tarder à par...

le 21/07/2023 à 20:47
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Si Marine passe au prochaine elections tout les politiques lui demanderont d appliquer la rigueur budgetaire qu eux meme non jamais appliquer .. de la gauche a la droite mole que sont devenu les republicains

le 21/07/2023 à 22:43
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@Titotiti. Vous voulez dire que durant la sape de notre système de santé (au prétexte d'économisité, comme l'éducation nationale et j'en passe) durant l'année 2011, par exemple, se sont en parallèle plus de 170 compagnies ou usines qui ont opté cette...

à écrit le 21/07/2023 à 18:42
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« rigueur » ? Mais la rigueur c´est une notion de gauche, qui pense que dans tous les domaines il faut dépenser plus (donc qui ne comprend pas qu´on baisse les dépenses d´une année sur l´autre), ou Bercy, qui à l´ÉNA n´a appris que le jeu de vases co...

à écrit le 21/07/2023 à 18:37
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Socialo ! socialo ! tu Mauroy pas...

à écrit le 21/07/2023 à 18:10
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Soyons méchant: nous en sommes à la troisième borne avec un président riche de cinq crises; en sommes-nous plus avancés dans ce jeu qui tourne aux 1000 bornes?

le 21/07/2023 à 21:40
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Quand tu arrive a la derniere Borne y a soit un mur soit un peuplier.. ca va faire mal

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