Remaniement : les grands chantiers du nouveau gouvernement Borne

La Première ministre Elisabeth Borne a enfin dévoilé le casting de son nouveau gouvernement au terme de tractations intenses. Après la pause estivale du mois d'août, le nouvel exécutif va devoir s'attaquer aux chantiers brûlants de la baisse de la dépense publique et du plein emploi. Des priorités affichées par le chef de l'Etat Emmanuel Macron.
Grégoire Normand
La Première ministre Elisabeth Borne dans la cour de l'Elysée ce jeudi 20 juillet.
La Première ministre Elisabeth Borne dans la cour de l'Elysée ce jeudi 20 juillet. (Crédits : Reuters)

Le verdict est enfin tombé. Après plusieurs semaines de suspense et de tergiversations, le gouvernement a enfin dévoilé le casting du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne. Parmi les surprises figure l'arrivée d'Aurélien Rousseau à la tête du ministère de la Santé. L'ex-directeur de cabinet d'Elisabeth Borne va devoir s'atteler à la crise qui mine l'hôpital depuis des années. Ce haut-fonctionnaire et ancien professeur d'histoire pourrait avoir un agenda bien chargé après plusieurs années tourmentées de Covid à la tête de l'agence régionale de la santé (ARS) d'Île-de-France.

De son côté, Gabriel Attal va prendre les manettes du ministère de l'Education nationale. Il retrouve ainsi la rue de Grenelle qu'il avait connue lorsqu'il était secrétaire d'Etat chargé de la jeunesse sous la responsabilité de Jean-Michel Blanquer. Au ministère de l'Economie, Thomas Cazenave va se confronter aux Comptes publics. Ce macroniste de la première heure avait travaillé lors du premier mandat d'Emmanuel Macron au programme CAP 22 visant à transformer l'action publique. Spécialiste des collectivités locales, il aura la lourde charge de négocier avec les élus locaux pour faire baisser la dépense.

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Un budget 2024 sous pression

Le premier grand chantier qui attend le nouveau gouvernement à l'automne est la présentation du budget 2024. L'exécutif a déjà tracé ses grands objectifs lors de l'envoi du programme de stabilité envoyé à Bruxelles au printemps et des assises des finances publiques en juin. L'objectif est de trouver entre 10 et 12 milliards d'euros d'économies par an. A Bercy, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut s'attaquer aux arrêts de travail, à certaines niches fiscales sur le carburant professionnel, la suppression de la loi Pinel ou encore les dépenses de médicament.

S'agissant de la fiscalité des entreprises, l'exécutif pourrait reporter la suppression de la cotisation de la valeur ajoutée (CVAE). Le gouvernement avait jusqu'à présent prévu de faire disparaître la CVAE sur deux ans, en 2023 et 2024, ce qui représentera pour l'an prochain une perte d'environ 8 milliards d'euros de recettes fiscales.

Mais le financement de l'impérieuse transition écologique et de la réindustrialisation va nécessiter des ressources fiscales importantes. Du côté des ménages, la baisse d'impôts sur les classes moyennes de 2 milliards d'euros promise par l'ex-ministre des comptes publics Gabriel Attal pourrait être abandonnée.

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Le difficile pari du « plein emploi »

Lors de la campagne présidentielle de 2022, le chef de l'Etat avait signifié son intention de vouloir atteindre « le plein emploi ». Pour y parvenir, l'exécutif a déroulé un copieux programme de réformes controversées durant la première année du gouvernement Borne. Entre l'assurance-chômage, les retraites, la loi France Travail, Elisabeth Borne a dû faire face à de fortes défiances et de vives critiques chez les syndicats et une vaste partie des Français.

Et la seconde année de son mandat devrait être marquée par des tentatives d'apaisement. Elle a nommé à tête de son cabinet, Jean-Denis Combrexelle, un spécialiste du droit social et fin connaisseur du paritarisme tricolore après une année éprouvante pour son ex-directeur de cabinet Aurélien Rousseau pourtant rompu aux crises.  En face, les principaux syndicats renouvelés en grande partie ces derniers mois vont devoir affronter un cycle de négociations sociales potentiellement explosives à la rentrée. Au menu des discussions, la question épineuse de l'emploi des seniors et les salaires toujours à la traîne de l'inflation.

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Le vaste chantier de la réindustrialisation

Actuellement en débat au Parlement, le texte de loi sur l'industrie verte devrait être voté avant la fin de la session parlementaire cet été. Le gouvernement a porté ce texte après le passage de la réforme des retraites au 49-3. Le projet de loi vise à simplifier les démarches d'implantation de nouvelles usines et raccourcir les délais d'autorisation. Il prévoit également des crédits d'impôt pour doper la production de nouvelles batteries, de panneaux solaires, d'éoliennes et de pompes à chaleur.

En parallèle, l'Etat va devoir accélérer la décarbonation des sites existants. Lors d'un grand raout à l'Elysée, le chef de l'Etat avait à l'automne dernier présenté son plan de décarbonation devant un parterre de grands industriels. Le nouveau gouvernement va devoir prendre à bras le corps ce dossier alors que les conséquences du réchauffement climatique se multiplient partout dans le monde.

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La planification écologique chamboulée

Initialement prévu à la mi-juillet, l'agenda de la présentation des grandes lignes de la planification écologique a été chamboulé par les émeutes. Lors d'un conseil national de la transition écologique le 12 juillet dernier, le secrétaire en charge de ce vaste chantier Antoine Pellion et la Première ministre Elisabeth Borne ont dévoilé les objectifs de décarbonation par secteur. Ce chantier pourrait à nouveau prendre du retard avec la mise en place du nouveau gouvernement alors que le réchauffement climatique frappe actuellement tout le sud du Vieux continent.

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Une rude bataille en vue au Parlement

Ce nouvel exécutif va devoir une nouvelle fois batailler au Parlement pour faire adopter ses réformes. Sans majorité absolue, la cheffe du gouvernement devrait tenter de trouver des coalitions avant de dégainer l'article du 49-3. Au cours de la première année, la cheffe du gouvernement n'a pas hésité à sortir cette arme constitutionnelle pour faire passer des réformes controversées.

Autant d'échéances sur lesquelles Elisabeth Borne pourrait se heurter alors qu'elle a déjà traversé une motion de censure lors des débats parlementaires sur la réforme des retraites au printemps. Après le premier conseil des ministres prévu vendredi à l'Elysée, les dossiers chauds vont rapidement s'empiler sur les bureaux des nouveaux ministres.

Grégoire Normand
Commentaires 17
à écrit le 21/07/2023 à 21:54
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C est bien d attaquer des chantiers mais sans de bon ingénieurs .. ce serait plus judicieux qu ils ne touche a rien jusqu a la fin de leur mandat..

à écrit le 21/07/2023 à 21:49
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Mais qu est ce qu ils font tous avec tout ces dossiers sous le bras ? Dans le privée ont a des "laptop" depuis bien longtemps

à écrit le 21/07/2023 à 18:52
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Zut! Des chantiers! Faut travailler, maintenant, quand on est ministre (ou député)?

à écrit le 21/07/2023 à 9:50
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"Aurélien Rousseau à la tête du ministère de la Santé. L'ex-directeur de cabinet d'Elisabeth Borne va devoir s'atteler à la crise qui mine l'hôpital depuis des années. " Ha,ah,ah ,c'est lui en tant que patron de l’Agence régionale de santé (ARS) d...

à écrit le 21/07/2023 à 9:21
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Ça eut payé : BFM Business avaient révélé que le brillant politicien de 34 ans Gabriel Attal était en effet millionnaire. Son compte courant contiendrait plus précisément 61 000 euros, sans compter 70 000 euros sur un PEL. Avec une fortune estimée...

le 21/07/2023 à 10:50
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Jaloux ? Ce qui montre que lorsque l'on travaille beaucoup c'est payant.

le 21/07/2023 à 14:13
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@marc469. Je fus millionnaire après lui (en âge); certes mes études y ont contribué avant que mes expertises dans la finance aient assis mon patrimoine (sans véritablement me tuer au labeur à l'instar de ceux qui turbinent à 45h/s). Par contre, le mi...

le 21/07/2023 à 15:53
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Moi ce que je suis sûr c'est que je travail plus que eux et surtout je produit de la richesse. Eux nous coutent un pognon de dingue en impôts, servent à rien sauf a détruire nos vies comme reculer l'âge de la retraite et la somme qu'on gagnera quad o...

le 21/07/2023 à 16:54
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@marc469 Adresses toi à BFM Business.

à écrit le 21/07/2023 à 9:06
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Un ancien prof d'histoire à la santé? Donc lui sait qu'à une époque, Jean de Kervasdoué mettra en place un “programme de médicalisation des systèmes d’information”. L’objectif sera de quantifier et de standardiser l’activité et les ressources des éta...

à écrit le 21/07/2023 à 8:53
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Ce sont des chantiers qui resteront chantier sans l'aval des populations concernées et sans le feu vert de Bruxelles... pour l'instant on nous enfume !

le 21/07/2023 à 9:15
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la préoccupation des français. l insécurité ! la délinquance et la criminalité sont vraiment plus élevées en France que dans les autres pays de l U E. un mauvais classement

à écrit le 21/07/2023 à 8:01
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Un chantier ? Des moldaves ! c'est tellement facile l'économie !

à écrit le 20/07/2023 à 23:37
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Les grands chantiers? Désolé, plus personne de sérieux peut croire que l’on aille vers la raison. Nous partons en terrain marécageux avec des personnes qui vont se concentrer sur que d’aucuns nomment la « Politique »: comprenez le baratin..

à écrit le 20/07/2023 à 23:20
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J'ai cru voir un romaniement ! le roy est nu intellectuellement !

à écrit le 20/07/2023 à 19:23
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Après le Muppet Show, on a gagné la troupe Monty Python.

à écrit le 20/07/2023 à 18:59
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Les beaux parleurs et les plus mauvais faiseurs ont été choisi ! Il faut occuper le médiatique et leur service après vente ! ;-)

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