Macron : 100 jours pour rien ?

Après une semaine d'émeutes, Emmanuel Macron tente de trouver une issue à la crise. Le chef de l'Etat avait promis 100 jours d'apaisement après la réforme contestée des retraites. Mais ces trois mois s'achèvent dans un fracas de violences et de fractures. Les réponses sécuritaire et régalienne seront loin d'être suffisantes pour le gouvernement. A l'heure du bilan de cette période troublée, le chef de l'Etat va devoir trouver des pistes convaincantes pour sortir de ce bourbier, même si l'accalmie se fait déjà ressentir.
Grégoire Normand
Elisabeth Borne, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une réunion de crise à l'Elysée le dimanche 2 juillet.
Elisabeth Borne, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire lors d'une réunion de crise à l'Elysée le dimanche 2 juillet. (Crédits : Reuters)

L'opération des « 100 jours » se finit dans un chaos social. Quatre jours après la validation par le Conseil constitutionnel de la réforme contestée des retraites en avril dernier, Emmanuel Macron avait annoncé une période « d'apaisement » lors d'une intervention au journal télévisé de 20 heures. La France venait de traverser quatre mois de fortes mobilisations dans les rues et de débats houleux au Parlement.

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L'utilisation de l'article 49-3 pour faire adopter le recul de l'âge légal de la retraite de 62 ans à 64 ans avait provoqué une vague de sidération dans tout le pays. Après plusieurs mois en retrait, le chef de l'Etat était reparti sur le terrain, au contact de la population, espérant ainsi relancer son second quinquennat. Et cette période des « 100 jours » devait se conclure le 14 juillet prochain par des annonces de la Première ministre, Elisabeth Borne.

Un agenda ministériel chamboulé

Mais la mort du jeune Nahel tué par un policier à bout portant le 27 juin a fait l'effet d'une bombe. Après une semaine d'embrasement, la France est encore abasourdie par la violence des émeutes et les agressions commises à l'encontre des élus. Emmanuel Macron a organisé plusieurs cellules de gestion de crises pour tenter de trouver une réponse à l'urgence de la flambée des violences.

Et il doit recevoir près de 200 élus au palais de l'Elysée ce mardi, après un week-end marqué encore une fois par des dégradations et des pillages. Ces événements ont complètement chamboulé l'agenda ministériel. Le gouvernement d'Elisabeth Borne se retrouve désormais en première ligne alors que des rumeurs sur un possible remaniement se multipliaient ces dernières semaines.

« Avant la crise des violences urbaines, Emmanuel Macron avait vu s'apaiser la violence des oppositions depuis quelques semaines et pouvait envisager d'entrer dans une phase de réconciliation avec les citoyens, de reconstruction d'un lien détérioré. Cette crise inédite sous sa présidence va élargir le chantier présidentiel de l'apaisement », confie à La Tribune Erwan Lestrohandirecteur d'études à l'institut de sondages Odoxa.

Des réformes économiques et sociales mises sur pause ?

Sur le front des réformes, le gouvernement d'Elisabeth Borne avait lancé plusieurs grands chantiers au cours de ces trois mois. Entre France Travail, le projet de loi industrie verte, et a transformation du RSA, l'exécutif a déroulé un agenda chargé pour tenter de faire oublier la douloureuse réforme des retraites. Emmanuel Macron avait multiplié les grands raouts sur l'industrie à l'Elysée, sur l'attractivité au prestigieux château de Versailles avec les grands patrons ou sur la finance mondiale au Palais Brongniart.

Force est de constater que le gouvernement va devoir modifier sa feuille de route dans les semaines à venir. Il est encore tôt pour savoir si toutes ces réformes économiques et sociales seront mises sur pause. Mais l'ambition d'initier un nouveau souffle au mandat du chef de l'Etat vole en éclats après cette semaine émaillée d'affrontements entre les forces de police et de gendarmerie et les émeutiers.

À Bercy, bras de fer sur la prise en charge du coût des dégâts

Dans les vastes couloirs du ministère des Finances, les équipes du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'apprêtent à passer un été bien rempli. Entre la préparation du projet loi de finances 2024, habituellement présenté au début de l'automne, et les réunions de crise, la pile des dossiers ne cesse de grimper. Samedi dernier, le ministre de l'Economie et la ministre des PME Olivia Grégoire ont reçu des représentants du patronat et des organismes consulaires. A l'issue de cette réunion, Bercy a fait plusieurs annonces sur les assurances, les banques, mais aussi l'Etat.

Le ministère de l'Economie veut mobiliser les conseillers en sortie de crise présents dans tous les départements pour venir au chevet des entreprises les plus en difficulté. Ces sociétés pourront, en outre, bénéficier d'un report des prélèvements obligatoires (charges fiscales et sociales). Le Medef a appelé dans un communiqué à ne pas «  relâcher la vigilance pour maintenir l'ordre dans de très nombreuses communes. La sécurité des biens et des personnes est un impératif ». .

Vers quelle sortie de crise ?

A l'approche du 14 juillet, le gouvernement va tenter de trouver une issue à cette crise. En avril dernier, le président Macron avait promis de faire le bilan de sa méthode au 14 juillet. Lors de la crise des « gilets jaunes » en 2018, le chef de l'Etat avait lancé « le grand débat » partout sur le territoire. Accusé d'avoir une pratique verticale du pouvoir, Emmanuel Macron avait promis « une nouvelle méthode » pour apaiser les colères autour des ronds-points.

Mais la plupart des corps intermédiaires avaient exprimé leur déception à l'issue de ces réunions. Six ans après, la tension est toujours loin d'être retombée. Le locataire de l'Elysée va devoir répondre « à la préoccupation première des Français qui reste le pouvoir d'achat », ajoute le sondeur Erwan Lestrohan.

« La sortie de crise devra passer par des réponses à l'amélioration des conditions de vie. L'exécutif est attendu au tournant sur ces questions », conclut-il.

L'inflation a certes commencé à ralentir depuis quelques mois, mais les prix alimentaires demeurent très élevés. Beaucoup de Français continuent de subir les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine sur leur porte-monnaie. En attendant le jour de la fête du 14 juillet, Emmanuel Macron va devoir tirer les leçons de cet épisode de fracas inédit depuis le début de son second mandat.

Grégoire Normand
Commentaires 30
à écrit le 04/07/2023 à 13:21
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"Macron : 100 jours pour rien ?" Ben oui fallait s'en douter ,c'est un peu comme la réunion avec les 200 maires ce matin ,genre grand débat ,le truc stérile pour amuser la galerie.

le 04/07/2023 à 14:06
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Quand on est de mauvaise foi, on met tout sur le dos de Macron alors que les problèmes liés à l'immigration datent de 50 ans. On sent là un professionnel patenté du il n'y à qu'à.

le 04/07/2023 à 16:44
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@tototiti "alors que les problèmes liés à l'immigration datent de 50 ans. " Oui, je le sais ,cela fait plusieurs fois que je met ici le décret de 1976 ;allez ,je vais le remettre encore une fois pour toi : Le gouvernement Chirac autorise le re...

à écrit le 04/07/2023 à 12:21
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La République est elle une annexe de l'ENA et des IEP qui occupent presque la totalité des pouvoirs dans notre pays. Cette main mise n'est elle pas un des problèmes majeurs de notre pays. Le manque de diversité politique un de nos maux. La République...

le 05/07/2023 à 7:50
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ok le mal est d'avant 2017 mais en 6ans ou sont les mesures de correction aucune malgre les avertissements des crises nous en somme a la 4eme et rien ne bouge il suffit de regarder le cas des hopitaux ou la crise malgre des reunion rien ne bouge...

à écrit le 04/07/2023 à 9:27
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100 jours désastreux de la macronie ... Macron ne peut éviter la dissolution de l'Assemblée Nationale devenue impotente, inutile ... Jupiter peut gouverner seul, pas besoin de nouvelles élections ...

à écrit le 04/07/2023 à 2:39
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Avec ce minus, c'est tout pour rien. Il vous reste 4 longues annees....

le 04/07/2023 à 9:18
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Voir sept de plus avec le septennat.

à écrit le 03/07/2023 à 21:18
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Il a fait si peu en 6 ans alors en 100 jours ... Il devrait dire la vérité à la nation. Nous sommes en faillite et notre État Providence n’est plus tenable. Le gouvernement prie pour que les marchés n’attaquent pas la dette française.

le 03/07/2023 à 21:57
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👍

le 04/07/2023 à 6:49
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"Nous avons mit le pays en en faillite au nom des marchés financiers afin que notre état providence ne soit plus tenable et que les français appartiennent aux financiers aliénés." Être plus précis change tout.

à écrit le 03/07/2023 à 20:32
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C'est un peu monsieur chaos quand même.

le 03/07/2023 à 22:00
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Cafutez le "un peu" puis le "quand même" et ce sera parfait!

le 04/07/2023 à 6:51
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N'étant qu'un serviteur ce n'est pas lui à l'origine de l'accélération de la dette, le commanditaire d'un crime est plus responsable que le criminel.

le 04/07/2023 à 9:18
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@Dossier 51, vu sous cet angle, c'est juste!

à écrit le 03/07/2023 à 18:45
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son obstination nous mène au chaos...il devrait dissoudre, organiser des élections et gouverner avec les partis compatibles sur la base d'un contrat comme en Allemagne. Nous assistons à une agonie lente avec Bruno Maire comme sinistre de l'économie e...

à écrit le 03/07/2023 à 18:18
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La seule sortie honorable est de dire la vérité aux français. Nous avons tout raté, notre état providence est un monstre sans équivalent au monde qui distribue la richesse sans compter. Notre système social trop généreux et nataliste (il incite les ...

le 03/07/2023 à 19:23
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"légaliser tous les stupéfiants" ? Quand vous ou vos proches seront tués ou gravement blessés dans un accident routier ayant pour responsble quelqu'un sous stupéfiant, direz-vous la même chose ?

le 03/07/2023 à 19:37
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La légalisation n'augmente pas la consommation, elle responsabilise le consommateur qui de toute façon peut déjà acheter facilement. Et évidemment la conduite sous stupéfiants sera interdite et on pourra même aggraver les peines et les appliquer parc...

le 03/07/2023 à 20:27
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En effet c'est une solution pour faire rentrer dans les caisses publiques de l'argent frais, par milliards, de créer des emplois, de revaloriser les campagnes, de vider les prisons et de réduire le nombre de dossiers qui s'accumulent sur les bureaux ...

le 03/07/2023 à 22:50
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@Ben non. Les toxicomanes criminels au volant (puisque la voiture peu allègrement s'assimiler à une arme) font la fête dans les bars et avec la bénédiction des autorités => suivez mon regard, et là ça ne fait rire personne. Par ailleurs, la France, e...

le 04/07/2023 à 9:04
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@Raymond 22:50 - Ce n'est pas parce que l'on et déjà au fond du trou qu'il faut creuser encore du côté des infractions et criminels potentiels au volant. La France est devenue un pays du tiers-monde, dans l'acceptation de nos gouvernants et élites, q...

à écrit le 03/07/2023 à 18:15
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Les gens qui manifestent contre toutes les réformes s'inquiètent des émeutes de banlieue : c'est pourtant eux qui ont donné l'exemple. E. Macron ne se dégonflera pas plus devant ça qu'il ne s'est dégonflé devant la rue pour la réforme des retraites....

à écrit le 03/07/2023 à 18:08
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Ce qui se passe actuellement est la suite du "quoi qu'il en coûte". Le gouvernement avait envoyé un très mauvais signal, quand il a distribué de l'argent à droite à gauche, sous le prétexte fallacieux du Covid-19. Les français se sont mis à espérer q...

le 03/07/2023 à 18:23
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Le covid n'existait pas ? Combien de morts à travers le monde ? L'argent distribué a servi à maintenir l’appareil productif et de sauvegarder les revenus faute de quoi beaucoup se seraient trouvés ruinés.

le 03/07/2023 à 23:23
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Ça remonte à encore bien plus loin, @Charlie. Rappelez-vous les promesses des révolutionnaires français de 1789 et souvenez-vous du constat du 07 novembre 1849 "Les révolutionnaires sont de grands prometteurs. Ils annoncent des combinaisons gigantesq...

à écrit le 03/07/2023 à 18:08
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C'est à croire, qu'il veut nous faire croire qu'il n'y est pour rien et que l'on complote à son encontre ! ;-)

à écrit le 03/07/2023 à 17:46
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"L'accalmie se fait sentir": peut-être, et tant mieux, mais attention aux eaux qui dorment. les problèmes de fond ne sont absolument pas résolus et le mal-être des banlieues et de la jeunesse ne s'évanouira pas par miracle

à écrit le 03/07/2023 à 17:45
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Suite - même blog d'initiés de Wall Wall Street, autre papier traduit de l'anglais: [Il est fascinant de constater que les plateformes de médias sociaux et les jeux vidéo sont souvent les cibles les plus faciles lorsque les personnes au pouvoir cherc...

le 03/07/2023 à 18:15
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Mon post précédent, dont l'origine est la même (blog WS), certes plus dérangeant, serait-il passé dans les oubliettes de la censure? Pourtant le contenu respecte la charte et si les médias en arrivent à de telles extrémités, ça devient franchement pr...

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