Bruno Le Maire : "Sur ADP, ne pas renouveler les erreurs commises lors de la cession des autoroutes" - 3/5

ENTRETIEN. Le ministre de l'Économie et des Finances précise les conditions de la privatisation à venir d'ADP (Aéroports de Paris), récemment rejetée au Sénat, et pourquoi elle sera différente de celle controversée des autoroutes. Extrait de l'entretien avec Bruno Le Maire publié dans La Tribune Hebdo du 15 février 2019.
(Crédits : Charles Platiau)

LA TRIBUNE - Vous avez prévu dans la loi Pacte des cessions de participations de l'État, dont certaines font débat, comme ADP. Elle pourrait être remise en cause ?

BRUNO LE MAIRE - Nous avons prévu de faire trois importantes cessions d'actifs : Aéroports de Paris, Engie et la Française des Jeux. Ces privatisations ont été adoptées par l'Assemblée nationale. Elles correspondent à un vrai choix stratégique de redéfinition de la place de l'État et de l'entreprise dans la société française.

On me dit qu'ADP verse à l'État des dividendes très élevés. C'est le cas actuellement. Mais certaines années les résultats ont été beaucoup moins bons et ont pu baisser. On me dit que cette infrastructure est stratégique. Mais rien ne changera dans ce domaine : la police aux frontières sera la même, les redevances seront toujours fixées sous le contrôle de l'État, les rotations aériennes continueront d'être fixées par la Direction de l'aviation civile. Tout ce qui ressort de la souveraineté de l'État le restera.

On me dit que c'est un monopole. Non : il y a de la concurrence entre les grands hubs internationaux, entre Francfort, Paris et Londres. On me dit que cette activité est un service public. Non, puisque 65 % du chiffre d'affaires d'ADP provient des boutiques et des hôtels. Je répondrai à chacun des arguments qui me sont opposés pour défendre cette cession car je considère que l'argent des Français serait mieux employé dans le financement de l'innovation que dans des hôtels ou des boutiques de luxe.

Quelle part l'État conservera-t-il alors au capital d'ADP ? Allez-vous privilégier un ou des repreneurs français ?

Sur les modalités de l'opération, tout est ouvert. Nous n'excluons aucune option. Nous veillerons à ce que les investisseurs remplissent un certain nombre de critères stricts dans les appels d'offres, permettant de défendre nos intérêts nationaux vis-à-vis de cette infrastructure aéroportuaire. Dans le droit actuel, 49 % des actionnaires privés détiennent un droit d'usage illimité sur les pistes, les infrastructures et le foncier d'ADP. Je trouve cette situation difficilement acceptable.

Que faut-il comprendre quand vous dites : « Pas de privatisation sèche » ?

Une privatisation sèche, ce serait changer une ligne de la loi pour dire que nous acceptions que ces 49 % puissent devenir 51 % demain. Jamais nous ne l'avons envisagé.

Ce que nous envisageons est en fait très proche de la délégation de service public. Nous allons demander à des spécialistes privés de gérer cette infrastructure pour une durée de 70 ans, sous un contrôle strict de l'État, avec un cahier des charges volontairement contraignant : les tarifs seront révisés tous les cinq ans et demanderont l'accord explicite de l'État. Cela permettra de ne pas renouveler les erreurs commises lors de la cession des autoroutes, où l'État n'a pas la main sur les tarifs, ce qui a donné une rente de situation aux sociétés d'autoroutes.

RESERVE AUX ABONNES  : retrouvez ci-dessous la suite de l'entretien avec Bruno Le Maire

2/5 - "Nous mettrons à jour en avril nos prévisions de croissance pour 2019"

3/5 - "Sur ADP, ne pas renouveler les erreurs commises lors de la cession des autoroutes"

4/5 - "Taxe Gafa : on ne pourra pas financer les services publics avec la fiscalité du XXe siècle"

5/5 - "Mon ambition est que la France soit leader dans les Fintech"

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Une version intégrale est disponible dans La Tribune hebdo disponible à partir du vendredi 15 février

Commentaires 4
à écrit le 16/02/2019 à 20:59
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l erreur a été la privatisation en fait

à écrit le 16/02/2019 à 18:15
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Et surtout ne pas renouveler l'erreur commise lors de la vente de l'aéroport de Toulouse-Blagnac à un chinois. Pour en savoir plus sur les dessous de cette pitoyable affaire, lisez "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez CLC Editions. Une fiction p...

à écrit le 16/02/2019 à 10:06
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Pas de problème vous pouvez vous rattraper pour les autoroutes. Convoquez tous les présidents d'autoroutes, délégataires de l'Etat et pour 1 euro prenez 50% et uns action pour compenser la spoliation des Français. Laissez leur faire l'ent...

à écrit le 16/02/2019 à 9:12
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Certes, mais il faudrait en profiter pour revenir sur les erreur commises lors de la cession des autoroutes. A commencer par rendre public l'accord.

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