Trafic maritime : malgré les tensions en mer Rouge, les actes de piraterie ont légèrement baissé

Au total, 295 actes de piraterie ont été recensés en 2023, contre 300 l'année précédente. Un niveau historiquement bas, malgré un regain de tension en mer Rouge en mer d'Arabie et dans l'océan Indien, depuis le début de la guerre opposant Israël au Hamas. Si les actes ont fortement baissé dans le golfe de Guinée, considéré parmi les zones les plus dangereuses au monde pour la piraterie, la région reste sous haute surveillance.
En 2023, différentes attaques de navires ont été recensées en mer Rouge, par laquelle transite une part importante du trafic maritime mondial.
En 2023, différentes attaques de navires ont été recensées en mer Rouge, par laquelle transite une part importante du trafic maritime mondial. (Crédits : Reuters)

Le trafic maritime mondial va-t-il pouvoir se reposer sur ses deux oreilles ? Alors que les projecteurs sont braqués sur les actes de piraterie commis en mer Rouge, par les rebelles yéménites Houthis, la piraterie (actes commis dans les eaux internationales) et le brigandage (dans les eaux territoriales) maritimes ont reculé en 2023. Et ce, pour la troisième année consécutive.

Au total, 295 actes ont été dénombrés en 2023, contre 300 en 2022, selon le bilan annuel du Maritime Information Cooperation & Awareness (MICA) Center. Hébergé à Brest, ce pôle d'expertise français dédié à la sûreté maritime veille 24h/24 sur le trafic maritime mondial, grâce à des partenariats noués avec 65 compagnies maritimes.

« Globalement, on est plutôt sur des tendances générales stables », a nuancé Éric Jaslin, commandant du MICA Center, auprès de l'AFP, ce lundi.

Le niveau de 2023 est toutefois le plus bas enregistré depuis le début des statistiques en 2008. À cette époque, 439 actes avaient été recensés. Le pic avait été atteint en 2011 (668 actes).

Événement de piraterie et brigandage, évolution annuelle

L'océan Indien, source d'insécurité

Celui qui est aussi capitaine de frégate a reconnu qu'il existe « de nombreux foyers d'insécurité dans l'océan Indien ». Pour rappel, la fin de l'année 2023 - et le début de l'année 2024 - a été marquée par une vague d'attaques, non loin du détroit de Bab-el-Mandeb.

Pour rappel, celui-ci se situe à un endroit stratégique, puisqu'il relie la mer Rouge à l'océan Indien, où transite environ 12% du commerce mondial. Les attaques ont été menées contre des navires marchands par les rebelles Houthis du Yémen, en représailles à la guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza.

« La menace est violente avec des missiles, des drones chargés d'explosif. Il y a une vraie inquiétude autour de ce détroit », constate le commandant Jaslin.

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L'an dernier, 47 attaques de ce type ont été comptabilisées, essentiellement dans cette zone, mais aussi près du détroit d'Ormuz (à l'embouchure du golfe Persique) et au large des côtes indiennes. Une recommandation a d'ailleurs été transmise aux navires marchands d'arrêter leur signal AIS (Automatic identification system). Celui-ci permet leur localisation en temps réel, à l'approche du détroit de Bab-el-Mandeb. Ou, à défaut, d'émettre le minimum d'informations possible.

« Ce n'est pas un gage de survie, mais ça complique le travail de l'ennemi », pointe le commandant Jaslin.

En conséquence de ce climat d'instabilité, les grandes compagnies maritimes préfèrent réorienter leurs navires vers la pointe sud de l'Afrique, malgré les coûts de carburant plus élevés et des voyages beaucoup plus longs.

La Somalie touchée après six ans de calme

Pour tenter de ramener le calme dans cette zone, l'Inde a indiqué fin décembre déployer trois navires de guerre et un avion de reconnaissance, en mer d'Arabie. Les États-Unis, eux, ont annoncé la formation d'une coalition pour défendre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, à laquelle se sont ralliés depuis une vingtaine de pays dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Italie, la Grèce, la Norvège, les Pays-Bas et Bahreïn.

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Le Maritime Information Cooperation & Awareness (MICA) Center constate également une reprise des actes de piraterie en Somalie. Des cas ont été répertoriés dans ce pays d'Afrique bordé par le golfe d'Aden au nord et l'océan indien à l'est, pour la première fois depuis 2017.

« Est-ce une piraterie d'opportunité, car tous les moyens (militaires, ndlr) sont focalisés sur la mer Rouge ? Ou est-ce un phénomène qui redémarre ? C'est trop tôt pour le dire », tempère le commandant Jaslin.

Apaisement sous surveillance dans le golfe de Guinée

La situation s'est nettement améliorée dans les eaux du Golfe de Guinée, qui occupe l'angle occidental du continent africain. Cette mer bordière de l'océan Atlantique était encore jusqu'à récemment considérée comme parmi les plus dangereuses au monde pour la piraterie. Sept navires ont été victimes d'attaques en 2023, contre 26 en 2019. Le nombre de kidnapping est cependant reparti à la hausse, avec 18 personnes kidnappées en 2023 contre deux en 2022, sans néanmoins retrouver les sommets de 2019 (146 personnes kidnappées).

« On est loin d'être dans une situation complètement sereine » dans cette zone, met toutefois en garde le commandant Jaslin.

Et d'ajouter : « Il y a toujours un potentiel pour que ça redémarre ».

La marine française déploie de façon quasi permanente chaque année un ou deux navires dans cette mer depuis 1990, dans le cadre de la mission Corymbe destinée à assurer la sécurité maritime de cette région. « Nous travaillons aux côtés des marines des pays du golfe de Guinée (...) pour lutter contre la piraterie, les trafics illicites, dont le narcotrafic, mais aussi contre la pêche illégale, qui sont de vrais fléaux », expliquait mi-octobre le capitaine de vaisseau Olivier Roussille, alors que le porte-hélicoptères Mistral, deuxième plus grand navire de guerre français, était en mission de quatre mois dans le golfe de Guinée.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 09/01/2024 à 8:44
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Non c'est normal c'est une relation de cause à effet, plus il y a de de militaires dans la zone et moins les pirates sont libres de piratés, ça parait logique. Par contre une toute petite baisse comparé à ces envois massifs de troupes dans la zone là...

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