Allemagne : le chômage continue sa lente progression et frôle les 6%

En progression depuis le printemps 2022 lorsqu'il se situait au point bas à 5%, le taux de chômage en Allemagne frôle désormais les 6%. Une hausse qui s'explique en partie par l'intégration progressive d'immigrés, notamment de réfugiés ukrainiens arrivant sur le marché du travail, et par une économie ralentie qui pèse sur le marché du travail.
La production industrielle a, de nouveau, chuté en octobre dernier, pour le sixième mois consécutif.
La production industrielle a, de nouveau, chuté en octobre dernier, pour le sixième mois consécutif. (Crédits : Reuters)

Le chômage remonte en Allemagne et se rapproche désormais des 6%. Son taux atteignait, en effet, 5,9% en décembre, soit une hausse de 0,1 point par rapport au mois précédent (qui a été révisé à la baisse à 5,8%). Autrement dit, le nombre de chômeurs a augmenté de 5.000 sur un mois, en données corrigées des variations saisonnières (CVS). En données brutes, le nombre de chômeurs grimpe à 2,64 millions, en hausse d'environ 31.000 sur un mois et de 183.000 par rapport à décembre 2022, a détaillé l'Agence pour l'emploi ce mercredi.

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Cette hausse est notamment liée à l'intégration progressive d'immigrés, avec une proportion élevée de réfugiés ukrainiens arrivant sur le marché du travail. Plus d'un million de personnes supplémentaires en provenance d'Ukraine ont ainsi été enregistrées en Allemagne depuis le début de guerre d'agression de la Russie en février 2022. Leur statut particulier les autorise, contrairement aux réfugiés d'autres pays, à travailler immédiatement en Allemagne.

Mais, au départ, de nombreux Ukrainiens apparaissent dans les statistiques du chômage en phase de recherche d'un emploi, ce qui était le cas pour près de 400.000 d'entre eux à fin décembre. Ils pourraient toutefois répondre au fort manque de main-d'œuvre dans tous les secteurs. L'Agence pour l'emploi comptabilisait en décembre 713.000 postes à pourvoir, soit 68.000 de moins qu'il y a un an.

2023, année de la récession

En outre, la progression du taux de chômage, si elle est régulière depuis le printemps 2022 où il avait atteint un point bas de 5%, demeure néanmoins mesurée, et ce, du fait d'une hausse concomitante de la population active. En moyenne, environ 45,9 millions de personnes travaillaient en Allemagne en 2023, soit le plus haut niveau connu depuis la Réunification allemande en 1990, a indiqué l'Office statistique Destatis.

Cela ne saurait pour autant masquer les difficultés dont souffre le marché du travail pénalisé par la faiblesse cyclique de l'économie allemande. 2023 a, en effet, été l'année de la récession pour cette dernière. Les experts de l'Institut économique IW estiment que la baisse du produit intérieur brut (PIB) sera de 0,5%. Une prévision identique à celle du Fonds monétaire international (FMI), tandis que le gouvernement allemand est quasiment aussi fataliste (-0,4%).

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En témoignent notamment les chiffres de la production industrielle. Celle-ci a, de nouveau, chuté en octobre dernier, pour le sixième mois consécutif. L'indicateur a ainsi reculé de 0,4% sur un mois (en données corrigées des variations saisonnières et de calendrier) après une baisse révisée de 1,3% en septembre, selon les derniers chiffres de l'institut de statistiques Destatis publiés début décembre. Sur un an, la production industrielle a même chuté de 3,5%.

Un modèle mis à mal par les répercussions de la guerre en Ukraine

Ces difficultés trouvent leur origine dans le modèle économique allemand. Basé sur une forte industrie exportatrice encouragée par des prix de l'énergie bas, il s'est retrouvé largement fragilisé par la flambée des tarifs de l'électricité et du gaz, consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine, puis par l'arrêt des livraisons de gaz russe.

Ce à quoi s'est ajoutée la hausse rapide des taux d'intérêt dans la zone euro consécutive au resserrement de la politique monétaire, opéré par la Banque centrale européenne (BCE) depuis juillet 2022, pour tenter de ralentir l'inflation. Or, cela a également eu pour effet de peser sur la croissance jusqu'à faire craindre une récession. Un scénario qui s'est donc réalisé. L'Allemagne sera d'ailleurs le seul grand pays industriel à en connaître une en 2023, selon le FMI.

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Incertitude budgétaire

Quant à 2024, l'Allemagne devrait voir son PIB relever la tête de 0,4%, selon la dernière prévision de la Banque fédérale d'Allemagne. Des incertitudes demeurent toutefois, notamment en raison de la crise budgétaire. Cette dernière a éclaté en Allemagne en fin d'année. Résultat, le budget fédéral pour 2024 n'est toujours pas adopté.

En novembre, la Cour constitutionnelle a, en effet, annulé une enveloppe de 60 milliards d'euros concernant le budget du pays. La plus haute juridiction du pays a estimé que Berlin avait enfreint la règle dite du « frein à l'endettement ». Inscrite dans la Loi fondamentale nationale depuis 2009, cette règle limite les nouveaux emprunts de l'Etat à 0,35% du PIB chaque année - sauf pour les budgets affectés à des organes dits constitutionnels, comme les deux chambres du Parlement, la Chancellerie et la présidence ou la Cour constitutionnelle.

En cause, l'utilisation d'un fonds spécial pour « le climat et la transformation » - non comptabilisé dans le budget -, autorisée pendant la crise sanitaire, mais qui n'a plus lieu d'être, estime la justice allemande. Une décision qui a creusé un énorme trou budgétaire et plongé la coalition du chancelier Olaf Scholz au pouvoir dans la tourmente.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 04/01/2024 à 10:14
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Quand on songe que les taux de chômage respectifs étaient de 3 en Allemagne contre 9 en France et qu'on est à présent à 6 contre 7 pourcents c'est dire la profondeur du malaise en Allemagne. Leurs politiques prorusses pour l'énergie et promigratoire ...

à écrit le 04/01/2024 à 9:59
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Ils sont ou tous ces experts politiques rt autres qui voulaient des millions de migrants..

à écrit le 04/01/2024 à 9:21
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"Plus d'un million de personnes supplémentaires en provenance d'Ukraine ont ainsi été enregistrées en Allemagne depuis le début de guerre" Pendant ce Zelensky a révélé que les principaux commandants militaires ukrainiens avaient "proposé de mobili...

à écrit le 03/01/2024 à 18:37
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Toute l'abstraction est faites par une présence migratoire tant désiré par la coalition bruxelloise !

le 03/01/2024 à 23:14
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@ bref: réflexion brève, en matière d immigration chaque pays fait ce qu il veut en Europe : l’ Allemagne a absorbé un million d’ immigrant en 2015, la France plus de 300000 en 2023 et le Danemark, la Pologne ou la Hongrie n en veulent pas . Bruxelle...

le 03/01/2024 à 23:14
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@ bref: réflexion brève, en matière d immigration chaque pays fait ce qu il veut en Europe : l’ Allemagne a absorbé un million d’ immigrant en 2015, la France plus de 300000 en 2023 et le Danemark, la Pologne ou la Hongrie n en veulent pas . Bruxelle...

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